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Moussa Ag Acharatoumane (MSA) : “L’affaiblissement du MNLA est une réalité”
Publié le lundi 21 novembre 2016  |  L’Indicateur Renouveau
Mahamadou
© RFI par DR
Mahamadou Djeri Maiga, vice-président du MNLA et sa délégation sont à Alger pour discuter des accords de paix, le 16 juillet 2014.
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La division dans la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) est consommée. Et le principal groupe, le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) en est fragilisé. “L’affaiblissement du MNLA est une réalité”, nous a confié samedi l’un de ses fondateurs, actuel coordonnateur politique du Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA), Moussa Ag Acharatoumane, en séjour à Bamako.

Est-ce que de sa création à nos jours, les objectifs de départ du MSA ont été atteints en partie ?

Je pense que ce sont des objectifs en cours d’exécution. Une bonne partie d’entre eux ont commencé à être mis en œuvre d’abord sur le plan sécuritaire parce qu’on peut tout d’abord saluer la naissance du MSA, par le fait que toute la région de Ménaka et une bonne partie de la région de Gao ont été épargnées par les conflits inter et intra-communautaires ou entre des mouvements depuis la naissance du MSA.



Deuxièmement, la naissance du MSA a contribué à ramener une certaine quiétude et une cohésion entre les communautés du Nord, Ménaka et de Gao. Troisièmement, la naissance du MSA a contribué à ramener la sécurité. On peut dire qu’il est en train de faire régner une certaine forme de sécurité dans la région de Ménaka.

C’est ce qui suscite l’engouement et tout l’enthousiasme de la population de Ménaka pour le MSA. Le congrès organisé récemment à Ménaka est très expressif de sa popularité. Les promesses faites par le MSA ont commencé à se mettre en œuvre dès le lendemain du congrès parce qu’une patrouille mixte a été organisée avec la Plateforme et le MSA, qui ont délégué chacun six voitures sur l’axe Ménaka-Ansongo.

Dans un premier temps, c’est une force de dissuasion contre des bandits et des voleurs de tout genre. Dans un deuxième temps, l’objectif est de répondre à une demande forte qui était là dans toute la région de Ménaka. Nous avons ramené même un camion qui appartient au gouvernorat qui avait été détourné par les voleurs. Nous avons poursuivi les bandits et finalement le camion a été récupéré et remis à ses propriétaires.

C’est quelque chose qui a vraiment suscité de l’espoir à Ménaka à tous les niveaux : les autorités, la Minusma et les populations. Ensuite, il y a des bandits de grand chemin qui ont été appréhendés, remis aux autorités. Ils sont actuellement en prison. Je crois que cela a déjà contribué à faire vraiment comprendre à l’ensemble des populations que le MSA est là pour elle.



Est-ce qu’au sortir de ce congrès, il y a une cohésion quand on sait que certaines informations font état d’une crise ? Est-ce que vous confirmez aujourd’hui que la cohésion existe au sein du MSA ?

Moi je pense que la cohésion au sein de nos populations, en tout cas à Ménaka et dans une bonne partie de Gao, est une réalité aujourd’hui. Il y a des communautés qui, forcément hier ne se parlaient pas, mais aujourd’hui elles se parlent. Il y en a qui ne se croisaient pas hier mais qui se croisent aujourd’hui ; hier elles ne s’asseyaient pas autour d’une même table pour discuter des mêmes objectifs, des mêmes préoccupations, aujourd’hui, ce n’est plus le cas en tout cas à Ménaka.

C’est vrai, il y a un problème de leadership entre les responsables politiques du MSA. Essentiellement, ceux de Gao ont préféré se retirer et repartir chez eux pour se réorganiser. Ce qui est quelque chose de pas négatif pour nous si les gens peuvent repartir chez eux pour se réorganiser. L’essentiel est que l’objectif soit sauvegardé au-delà des divergences qui peuvent exister politiquement. Et l’objectif est vraiment de faire en sorte que la cohésion et l’entente puissent régner entre nos communautés. Je pense que la naissance du MSA a suscité de l’espoir et cela se remarque souvent aujourd’hui à Ménaka.



Est-ce que vous confirmé que le MSA c’est juste votre communauté dont vous êtes le coordonnateur ?

Non, non ! Le MSA, ce n’est pas seulement les Haoussa. Mais, c’est l’ensemble des populations qui vivent dans cet espace géographique-là, puisque le bureau que nous avons mis en place n’est pas composé que des Haoussa, il y a des Sonrhaï, des Tamasheq, des Djermas, des Immouchack, des Ishormnades, il y a d’autres communautés qui ne sont pas forcément Haoussa. Le MSA est là pour l’ensemble de ces populations au-delà de la considération de leur ethnie, de leur couleur et de leur appartenance à un sectarisme ou régionalisme. Vraiment, c’est un mouvement qui est créé pour répondre aux besoins et aux aspirations des populations.



Dans une interview précédente, vous disiez que vous restez toujours à la CMA. Mais, on voit que la CMA tente de vous ôter la légitimité de son appartenance. Quels sont vos rapports avec la CMA ?

Je pense que la CMA vit actuellement une période assez difficile. Il y a une crise très profonde à l’intérieur de la CMA. C’est au vu et au su de tout le monde, ça se voit, il y a des fragmentations et des divisions des mouvements, notamment au sein du mouvement principal qui est le MNLA. Puisque le MSA et d’autres mouvements dérivent en réalité de ce grand mouvement. Donc, il y a un problème à l’intérieur de la CMA.

Pour le moment, malheureusement les responsables politiques et militaires de cet ensemble de coordination ne se sont pas retrouvés autour d’une table pour discuter de leurs divergences. Je pense que l’appartenance à la CMA aujourd’hui ne peut pas appartenir à un groupe ou à un groupe d’individus, je pense que la CMA, c’est d’abord des communautés, des bases militaires, des aspirations, des visions politiques qui, en réalité, sont partagés par nous tous au-delà de nos religions, de nos appartenances ethniques et au-delà des sigles qu’on met en avant.

On espère vraiment que l’ensemble des mouvements qui sont à l’intérieur de la CMA puissent un jour se retrouver pour discuter et mettre quelque chose de concret et de juste en place qui puisse nous rassembler, nous tous.



Que répondez-vous à l’appel de Mahamadou Djéri Maïga, qui pense que vous faites le même combat que MNLA, que vous devez revenir et le faire à l’interne ?

Moi, je pense que la question de revenir ou de ne pas revenir n’est pas importante. Ce qui est important aujourd’hui c’est les retrouvailles de ces mouvements. Il faut qu’ils discutent entre eux et essaient d’adopter une stratégie qui pourrait leur permettre, tous, d’avancer. Parce qu’aujourd’hui, la naissance du MSA se justifie, l’affaiblissement du MNLA est une réalité. Mais tout ça fait partie de l’ensemble de la Coordination des mouvements de l’Azawad qui connait des problèmes internes, qui doit se hisser au-delà de ses contradictions pour sauvegarder l’essentiel. L’essentiel, pour moi aujourd’hui, est que ces acteurs se retrouvent, discutent entre eux et essaient d’avancer dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord pour la paix.



Vous êtes pour les élections communales ou pour vous ce n’est pas à l’ordre du jour ?

Pour moi, ce n’est pas à l’ordre du jour parce que l’accord dit clairement que ce sont les autorités intérimaires qui doivent être mises en place. Et pour faire les élections, il faut un minimum de sécurité, qui n’existe malheureusement pas dans la plupart de nos régions. Deuxièmement, quand on veut faire des élections, il faut des listes électorales fiables, il faut que les réfugiés reviennent, il faut que les gens se recensent. Tout ça, en réalité, handicape la tenue de ces élections. Et aussi, ce n’était pas prévu dans le calendrier de départ.

Je pense que ce soit le gouvernement que ce soit la communauté internationale, la CMA ou la Plateforme, tout le monde doit se concentrer sur la mise en place des autorités intérimaires qui vont non seulement nous permettre de faire revenir les réfugiés, permettre aux gens de se faire recenser, de faire des listes électorales fiables et permettre à tout citoyen de participer légalement et légitimement à ces élections-là.



La mise en place des autorités intérimaires a été reportée. Le constat est que les acteurs ne sont pas prêts et que des gens sont toujours armés…

C’est vrai que la mise en place de ces autorités intérimaires est en train de tarder, pour ne pas dire que cela est en train même de semer le pessimisme dans l’esprit du public ou du citoyen lambda. La responsabilité est partagée entre la CMA, la Plateforme et le gouvernement et même avec la communauté internationale. Et je pense que chacun de nous ne donne pas le meilleur de lui-même pour que ça réussisse.

Si c’était le cas aujourd’hui, je pense qu’on devrait pouvoir avancer dans le cadre de la mise en œuvre de ces autorités intérimaires. Ce qui est une réalité aujourd’hui est que l’exclusivité de l’accord prenne en compte tout le monde. On ne peut pas prétendre confier la destinée de l’ensemble de ces régions, de ces populations à des gens qui sont à Bamako, ni à des gens qui sont à Ménaka, ni à Kidal.

Aujourd’hui, on doit pouvoir donner la liberté à toute population, à toute région, à tout cercle ou à toute commune de pouvoir décider de lui-même. Prendre des gens qui sont aptes pour pouvoir nous conduire dans la sortie de cette crise-là, parce que nous vivons une période transitoire qui demande vraiment des gens qui ont un certain poids et une certaine assise dans certaines régions pour pouvoir conduire les choses à bon port.

Malheureusement, la manière dont nos listes ont été faites n’est pas quelque chose qui va nous conduire à la sortie de crise. C’est quelque chose qui est en train plutôt de nous ramener en crise et on est en train de la vivre. C’est des choses qu’il faut rapidement corriger, la responsabilité, je dis bien qu’elle est partagée.

Propos recueillis par

Alpha Mahamane Cissé
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