DAKAR - L'organisation Human Rights Watch (HRW) a appelé jeudi le gouvernement malien à "poursuivre" les soldats maliens responsables d'"exécutions extra-judiciaires et de disparitions forcées" de civils touareg, arabes et peul soupçonnés de liens avec les islamistes dans le nord du Mali.
Les autorités maliennes "doivent rapidement mener des enquêtes et traduire en justice les soldats responsables de tortures, exécutions sommaires et disparitions forcées de rebelles islamistes présumés et de leurs supposés collaborateurs", affirme l'organisation de défense des droits de l'homme dans un communiqué reçu jeudi à Dakar.
"Les partenaires internationaux du Mali doivent soutenir les efforts visant
à faire rendre des comptes aux auteurs (de ces exactions) et à protéger les
civils pour, à l'avenir éviter, des abus pareils", indique-t-elle.
HRW dit avoir mené des enquêtes montrant que depuis la mi-janvier, début de
l'intervention internationale armée contre les jihadistes qui occupaient le
nord du Mali, "des soldats (maliens) pourchassent des membres des communautés
peul, touareg et arabes dans les zones de Tombouctou, Gao, Sévaré, Boni et
Konna", des localités du centre et du nord du Mali.
"La restauration de la sécurité dans le nord du Mali signifie la protection
de tout le monde, quelle que soit l'appartenance ethnique", déclare Corinne
Dufka, responsable pour l'Afrique de l'Ouest de HRW, citée dans le communiqué.
Elle cite l'exemple de "deux jeunes peul accusés d'être des combattants du
Mujao", le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'ouest, un des
groupes islamistes qui occupaient le nord du Mali.
"Les soldats les ont forcés le 9 février vers 11 heures (locales et GMT) à
entrer dans un véhicule de l'armée et les ont emmenés à la périphérie du
village de Boni (nord). Quelques minutes après, les villageois ont entendu des
tirs d'armes à feu. Les deux hommes n'ont pas été revus depuis", ajoute HRW.
Des soldats maliens sont également accusés d'avoir, début février, "arrêté un Touareg de 43 ans. Il a été sévèrement bastonné, brûlé avec des cigarettes à l'abdomen et aux parties génitales, partiellement étranglé et forcé d'ingurgiter par le nez une substance toxique qui a brûlé son oesophage", rapporte encore HRW.
La guerre dans le nord du Mali a provoqué "l'exil (vers les pays voisins) de 22.000 civils maliens" dont une majorité de Touareg et d'Arabes qui disent avoir peur des représailles de l'armée malienne, selon l'organisation.
mrb/stb/aub