PARIS - L'ex-ministre de la Défense Hervé Morin (UDI) et le patron des députés UMP Christian Jacob ont vivement critiqué jeudi le ministre délégué aux Anciens combattants Kader Arif pour avoir évoqué une libération des Français enlevés au Cameroun, avant de revenir sur ses propos.
Trouvant "ahurissant qu'un ministre interrompe la séance" à l'Assemblée nationale "pour annoncer la libération des otages", le député de l'Eure et président du Nouveau centre (NC) a déclaré à la presse dans les couloirs du Palais Bourbon qu'"il n'est absolument pas dans le rôle d'un ministre délégué aux Anciens combattants de faire une annonce comme celle-ci".
"C'est au moins au ministre des Affaires étrangères, probablement même au
Premier ministre" de la faire, d'autant qu'elle "concerne tous les Français,
parce qu'on est tous derrière nos compatriotes en danger et dont les familles
sont dans un désarroi considérable", a souligné M. Morin.
Face à "un ministre délégué aux Anciens combattants qui veut se la jouer et
annoncer une nouvelle, il faut que le Premier ministre mette de l'ordre dans
son gouvernement", s'est exclamé l'ancien ministre, dénonçant "une nouvelle
fois l'expression du bordel ambiant dans ce gouvernement".
Le chef de file des députés UMP Christian Jacob a parlé pour sa part de
"cafouillage" et d'"erreur grave", "que tout le monde vit avec beaucoup
d'émotion car on parle d'otages, de familles".
"Sur des sujets extrêmement sensibles, il faut toujours prendre le temps
d'avoir toutes les confirmations nécessaires du Quai d'Orsay", a recommandé le
député-maire de Provins (Seine-et-Marne).
"L'objectif n'est pas de charger tel ou tel ministre", mais "le rôle du
Premier ministre est de rappeler à ses ministres que sur des sujets si
sensibles et émotionnels, on ne parle que quand on a toutes les assurances et
que la règle est que ce soit le ministre des Affaires étrangères ou le Premier
ministre qui communique", a-t-il insisté.
De son côté, le député socialiste Eduardo Rihan-Cypel a déclaré dans les
couloirs que "M. Morin n'est plus ministre de la Défense". "Kader Arif n'a
fait qu'évoquer une possibilité, garde toute la prudence dans cette affaire et
il est le premier à dire qu'il faut laisser le gouvernement travailler en
toute sérénité", a-t-il ajouté.
Après avoir interrompu, jeudi dans l'hémicycle, le débat sur une
proposition de loi UMP, pour annoncer la libération des Français enlevés au
Cameroun, suscitant des applaudissements sur tous les bancs, M. Arif avait
repris la parole peu après pour déclarer qu'il n'y avait "pas de confirmation
officielle à ce stade".
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