L’élection du climato-sceptique Donald Trump à la tête des Etats-Unis semble avoir cimenté l’unité de la communauté internationale réunie à Marrakech pour concrétiser l’accord de Paris de lutte contre le réchauffement climatique.
Le vendredi 18 novembre 2016, la Cop-22 s’est terminée par une “proclamation d’action” de tous les Etats impliqués dans la négociation sur le climat. L’objectif de contenir la hausse des températures mondiales bien en dessous de 2°C est désormais décrit comme une urgence mondiale.
“Nous appelons à un engagement politique au plus haut niveau pour combattre le changement climatique comme une priorité” ont proclamé les Etats. Cette déclaration solennelle ressemble à un avertissement adressé à la future administration américaine de Donald Trump au cas où elle serait tentée d’abandonner la lutte contre le réchauffement climatique.
“La conférence de Marrakech marque un point d’inflexion important dans notre engagement à rassembler l’ensemble de la communauté internationale pour résoudre l’un des plus grands défis de notre temps”, a conclu le forum.
La Cop-23 aura lieu en décembre 2017 sous la présidence des îles Fidji, mais se déroulera à Bonn (Allemagne), les Fidji n’ayant pas les capacités financières d’organiser une telle rencontre. La Cop-24 devrait se dérouler en Pologne.
L’accord avancé à 2018
A Paris, les pays devaient commencer à agir à partir de 2020. Ce sera 2018. “Les négociateurs se sont entendus pour finaliser les règles de l’accord de Paris dès 2018 et ont développé une feuille de route claire pour respecter ce délai, note Paula Caballero, directrice du Programme climat du World Ressources Institute dans son blog. Avec un mode d’emploi finalisé en main, la Cop de 2018 sera pour les Etats une étape de mise en place de leurs plans climat nationaux dès 2020”.
Les négociateurs ont donc deux ans pour construire le cadre de mesure, de vérification et de transparence des objectifs nationaux de réduction des gaz à effet de serre. Il va falloir en effet que chaque pays se dote d’un système de mesure des émissions de chacun de ses secteurs (industrie, habitat, transports, énergie, agriculture), de vérification de la mise en place des politiques de réduction des émissions, et de transmission de ces données à la communauté internationale pour qu’elle vérifie la réalité des efforts entrepris. Ces vérifications auront lieu tous les cinq ans.
Des objectifs nationaux confortés
Les contributions nationales de réduction des émissions ont été confirmées. Mais les efforts des Etats ne sont pas encore suffisants pour atteindre l’objectif des 2°C. Cependant, l’Allemagne, le Royaume-Uni, les Etats-Unis, le Canada et le Mexique ont annoncé des plans ambitieux de réduction de 80 à 95 % de leurs émissions à l’horizon 2050. 165 pays adhèrent à un nouveau club, Under2 coalition, où les membres s’engagent à aller vers le zéro-émission en 2050.
Les deux “championnes du climat”, Laurence Tubiana et Hakima El Haité, ont, elles, lancé la “Platform 2050”. C’est un lieu de rencontre entre gouvernants, entreprises et collectivités pour échanger sur les stratégies de décarbonations des activités humaines. 22 pays, 16 villes, 17 régions et 196 entreprises ont rejoint cette initiative. 48 pays les plus fragiles (Etats îliens notamment) se sont réunis dans un Forum des pays les plus vulnérables qui s’engagent à atteindre les 100 % d’énergies renouvelables aussi vite que possible.
Les 100 milliards confirmés
La déclaration finale de la Cop-22 réaffirme l’engagement des pays développés à verser 100 milliards de dollars par an pour aider les pays en développement à accéder aux technologies bas carbone et à adapter leur économie au changement climatique. Mais les financements manquent encore.
Les pays développés ont deux ans pour trouver des lignes budgétaires pérennes. La France a confirmé vouloir augmenter ses financements annuels pour le climat de 3 à 5 milliards d’euros en 2020 et tripler ses engagements en faveur de l’adaptation des pays du Sud pour atteindre un milliard d’euros par an en 2020.
Le renforcement des capacités en marche
Les critères d’aide des pays en voie de développement pour acquérir les matériels techniques, former les chercheurs et ingénieurs nécessaires pour mesurer et vérifier les émissions nationales de gaz à effet de serre, et construire les aménagements pour l’adaptation du tissu économique au changement climatique est un sujet qui a bien avancé à Marrakech.
Ces actions de formation, de transferts de technologies, d’investissements dans des réalisations bas carbones semblent faire consensus. La France a ainsi rejoint le partenariat pour la mise en œuvre des contributions nationales destinées à fédérer les relations de coopération entre Etats. L’adaptation reste cependant un sujet difficile. Les outils manquent pour juger si les projets envisagés (nouvelles semences pour l’agriculture, nouvelles infrastructures urbaines, transports décarbonnés par exemple) permettent bien au pays de mieux résister aux changements climatiques.
Source : Sciences et Avenir