A l’instar des autres pays du monde, le Mali a célébré du samedi 19 au dimanche 20 novembre dernier, la Journée de l’Industrialisation de l’Afrique (JIA) au Parc des expositions de Bamako sous la présidence du Premier ministre, Modibo Keïta. Le président de l’Organisation Patronale des Industriels (OPI) Cyrill Achcar, a remis au chef du gouvernement, une copie du ‘’Livre Blanc’’ contenant les 24 mesures devant permettre au secteur industriel malien, d’atteindre sa vitesse de croisière.
Représentant le président de la République, le chef du gouvernement, Modibo Keïta, a présidé le samedi 19 novembre dernier au Parc des Expositions de Bamako, la cérémonie d’ouverture des travaux de la Journée de l’Industrialisation de l’Afrique (JIA). Une journée organisée par l’OPI, en partenariat avec le Ministère du Développement Industriel et l’ONUDI avec pour but d’inciter les pays africains à s'engager dans le processus industriel et à susciter une prise de conscience au niveau national et international en faveur du développement industriel de l'Afrique.
D’où l’occasion pour le président de l’OPI, Cyrill Achcar, de déclarer que la Journée de l’Industrialisation de l’Afrique offre aux acteurs du secteur et aux gouvernants de s'interroger sur les solutions possibles pour lancer ou relancer la politique industrielle de nos pays très en retard par rapport aux pays développés.
Pour le président de l’OPI, Cyrill Achcar, le secteur industriel malien souffre, entre autres, de la mauvaise application des textes communautaires et nationaux, de la banalisation de l’industrie dans le fonctionnement quotidien de l’administration, du déficit de la culture industrielle, du manque d’audace dans les réformes antérieures et d’un arbitrage budgétaire défavorable à l’Industrie qui est de 0,03% contre 15% pour l’Agriculture. Conséquences : le PIB de la manufacture est de 5% pour le Mali contre 11% pour la moyenne UEMOA, 15% pour le Sénégal, 19% pour la Côte-D’ivoire et 24% pour le Maroc. Et le Mali ne compte qu’une centaine d’unités industrielles dans le secteur formel contrairement à ses voisins Ivoiriens et Sénégalais qui comptent, chacun, plusieurs milliers d’unités.
Ajouté à cela, le Mali qui est classé 1er importateur de produits industriels dans l’espace UEMOA avec un déficit de la balance commerciale de près de 400 milliards FCFA par an, supérieur au montant de l’aide publique au développement.
Selon le président de l’OPI, en reformant le secteur industriel, le gouvernement pourra facilement relever le défi de la réduction significative du taux du chômage. Pour preuve soutient-il, les industries maliennes sont largement en dessous de leur capacité optimale de production. Car concurrencées par les produits importés, les usines maliennes travaillent avec une équipe de 8 Heures au lieu de travailler en 3 équipes en 24 Heures.
« La commande publique est orientée vers l’extérieur. Il y’a des politiques industrielles théoriques mais pas encore de réformes concrètes capables de propulser l’industrialisation.
L’industrie malienne demeure marginale de nos jours. Les entreprises industrielles attendent les premières reformes audacieuses du quinquennat. On ne peut pas prétendre à l’émergence sur la base de l’agriculture simplement ou des services du commerce uniquement », a-t-il martelé. Selon Cyrill Achcar le gouvernement doit impérativement entreprendre une vaste reforme pour faire décoller l’industrie malienne.
Pour lui, le gouvernement doit inciter les opérateurs économiques à investir dans l’industrie, créer les conditions incitatives vers ce secteur et rétablir sa rentabilité par rapport au commerce ou à l’immobilier.
Et pour aider le gouvernement, l’OPI a formulé dans un document intitulé ‘’Le Livre Blanc Tome II’’ 24 mesures de reforme nécessaires pour revigorer le secteur industriel malien et créer davantage d’emplois. Un document dont une copie a été remise au Premier ministre, Modibo Keïta.
Selon Cyrill Achcar, une TVA à 5% pour le « made in Mali » sera le signal le plus fort de cette nouvelle politique audacieuse qui réformera le Mali consommateur de biens importés en un pays puissant orienté vers ses propres productions.
Dans son livre Blanc, l’OPI réclame, entre autres, la suppression des exonérations des produits finis industriels importés, l’orientation de la commande publique vers les productions nationales compétitives et l’application correcte des clauses de sauvegarde de l’UEMOA et de la CEDEAO.
Pour sa part, le Premier ministre, Modibo Keïta a rassuré les industriels maliens que le secteur industriel figure en bonne place parmi les priorités du président IBK.
« Le gouvernement n’a pas vocation à créer des usines mais son devoir est de créer les conditions institutionnelles pour inciter les opérateurs privés à investir. A cet effet, nous y travaillons » a-t-il indiqué.