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Le Républicain N° 4569 du 21/2/2013

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Edito / De Modibo Kéita à Dioncounda Traoré
Publié le jeudi 21 fevrier 2013  |  Le Républicain




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Entre Modibo Keita et Dioncounda Traoré, il y a aura eu un demi-siècle de gouvernance. Et les deux natifs de Nara -pur hasard de la géographie ?- représentent chacun un symbole important dans la construction de la nation. L’instituteur est le père de l’indépendance du Mali. Le Professeur est en train de devenir le père de la libération de ce pays. Modibo Kéita, du haut de la fierté soudanaise, a chassé l’armée française de Tessalit.

Dioncounda Traoré, au creux d’une crise nationale sans précédent, a dû ravaler cette fierté pour obtenir de la France qu’elle nous libère. Parce qu’héritier plus de Eluard, Aragon et Malraux que de Macarthur, François Hollande n’a pas hésité une seconde là où d’autres puissances se contentaient juste de boucler le plan d’évacuation de leurs ressortissants au cas où la poussée vers le Sud des troupes narcoterroristes atteignait Bamako. Ce faisant, la France ne soldait pas seulement une dette. Elle donnait à la solidarité entre les peuples un nouveau contenu à l’heure des égoïsmes. La liberté et l’intégrité recouvrées du Mali s’écriront désormais avec le sang de soldats français dont le second est tombé mardi et peut-être hélas avec aussi le sang de ressortissants de l’Hexagone que le terrorisme cherchera de plus en plus à prendre comme otages. Et le Mali dans tout ça ? Ce qu’il est devenu, entre le jour où Modibo Keita obtenait le départ des troupes françaises et le jour où Dioncounda Traoré obtenait leur retour salutaire, est très simple à comprendre mais dur à accepter. C’est toute l’histoire de l’évolution subie plutôt que maîtrisée. C’est toute l’histoire d’un grand pays ramené à de petits desseins. C’est toute l’histoire d’un pays qui préfère l’orgueil à la fierté. C’est toute l’histoire d’un pays qui a déglingué exprès l’ascenseur républicain au profit des passe-droits et des sauf-conduits. Qui négocie tout : l’ordure contre l’or pur, le bien-être général contre l’intérêt privé,. Et qui accepte tout : téléphoner à la hiérarchie pour que le fiston bidasse ne monte pas au front ; aller voir le marabout pour anéantir le voisin, sacrifier l’avenir pour le présent. Mais un pays qui a toujours cette espèce de baraka qui l’empêche de toucher le fond et pour lequel, nous avons aujourd’hui, l’opportunité historique de nous remobiliser

Adam Thiam

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