Ils étaient des enfants du Mali. Désormais, ce sont des héros du monde libre, nos héros. Des hommes à qui il va nous falloir réserver des places au panthéon des grands hommes de l’Afrique.
Deux jeunes hommes dont l’histoire doit être enseignée à nos enfants et leur oeuvre perpétuée à jamais. Ibrahima Nama Dembélé et Moussa Siaka Koné. Deux gamins, deux officiers amis pour l’éternité que seule la mort a cru pouvoir séparer, en les emportant en trois mois d’intervalle.
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Ils ont tout partagé: l’entrée sous les couleurs, le commandement, les moments marquant de leur vie de famille. Et maintenant, ils ont gouté ensemble à la mort. Celle d’être tué pour un idéal. Ils avaient tout pour réussir individuellement. Mais leur amour pour le Mali était plus fort que tout; au point qu’ils aient accepté de porter l’uniforme. L’un était intrépide lieutenant et promis à un avenir et le second était un preux capitaine adulé par ses hommes. A eux deux, leurs destins résument la tragédie du Mali.
Chef d’unité intrépide, c’est ce chef émérite qui avait tenu en échec les djihadistes qui avaient pris en otage des dizaines de personnes dans un hôtel de Sévaré qui est tombé, un an plus tard, dans une embuscade tendue par les terroristes entre Sévaré et Diafarabé alors qu’il était à la tête d’un convoi qui allait ravitailler le camp de Tenenkou. Le lieutenant Ibrahima Nana Dembélé, commandant de (l’ETIA 42) avait 31 ans et était père d’un enfant de 2 ans.
Son corps et ceux de quatre autres soldats qui l’accompagnaient ont été retrouvés dans le fleuve, le mardi 9 août 2016. Inhumés dans la précipitation, la famille du lieutenant comme celle ses subalternes n’avaient jamais eu le temps de leur rendre ni les hommages militaires encore moins la reconnaissance de la nation. Comme si leur sacrifice n’avait rien servi, l’autre valet français du palais de Koulouba a continué à fumer ses cigares et à porter ses lunettes de soleil même dans un salon feutré.
Désormais seul, le capitaine Moussa Siaka Koné, le fils d’un autre célèbre officier supérieur de l’armée malienne, le général Moussa Siaka Koné, a prié pour son frère. Sans le savoir ou le confier, sa séparation d’avec son ami de toujours ne serait que de courte durée.
Comme le lieutenant Dembélé, ces même fous d’Allah ont remis ça. A des centaines de kilomètres de Sévaré, les barbus sont venus éliminer l’autre élément du binôme. Ce dimanche 20 novembre, revenu d’une opération de sécurisation de bureaux de votes, le capitaine est tombé avec 9 de ses hommes prés d’Inadiatafane, au nord de Bony, dans cette partie du Mali que les Français ambitionnent de remettre à des « terroristes modérés. »
Comme pour le lieutenant dont « la famille n’a reçu que la somme de 100.000F CFA et un sac de riz remis par une délégation de l’armée« , le Maliba est resté ingrat envers ses braves jeunes qui ont versé leur sang pour sa grandeur.
Pendant ce temps, son pantin de président est resté cloitré dans son palais, sans le moindre mot, sans le moindre hommage alors qu’il n’avait pas hésité à faire plus de 6000km pour venir se déclarer Charlie à Paris. C’est aussi ce même obligé de la France qui s’est empressé de saluer partout la mémoire de Ghislaine Dupont et de Claude Verlon de RFI. Pendant ce temps, les nôtres, eux, ils sont anonymes. Le temps qu’on se les approprie.