Une importante délégation du port autonome d’Abidjan (PAA), conduite par le secrétaire général de ladite communauté portuaire, M. Diarrassouba Tahirou, a séjourné, au Mali, du 20 au 22 novembre dernier. La mission d’affaires ivoirienne a rencontré des opérateurs économiques et responsables d’institutions consulaires de notre pays. Outre, les opportunités commerciales prospectées avec la partie malienne, la délégation ivoirienne n’a pas manqué à sa tradition de générosité, en faveur de la pouponnière de Bamako qui a bénéficié d’un véritable élan de solidarité de la part de l’entreprise sociale et citoyenne.
À la fin de cette mission, composée de plusieurs responsables de la communauté portuaire, un dîner a regroupé, mardi soir, autour de l’Ambassadeur de Côte d’Ivoire au Mali, SE Samuel Ouattara, des opérateurs économiques maliens et ivoiriens, à l’hôte Salam de Bamako. C’était dans un véritable esprit de partenaire commercial, où les potentialités économiques et commerciales des deux pays étaient au menu des échanges. On y notait la présence du consul de Côte d’Ivoire au Mali et délégué permanent du port autonome d’Abidjan notre compatriote Malamine Tounkara ; Mala pour les intimes, non moins ancien président de la CCIM, ainsi que différentes personnalités du monde des transporteurs et des capitaines d’entreprises.
Les échanges, entamés en fin de week-end entre les deux parties, se sont poursuivis dans les couloirs du diner qui a très vite pris les allures d’un véritable conclave commercial. Au beau milieu de ces échanges, les travaux d’innovation en cours au port d’Abidjan. Mr. Mouni, directeur adjoint à gestion de l’entreprise, s’est fait fort de scruter le riche potentiel commercial de ce joyau à l’endroit des opérateurs maliens.
Le port naturel du Mali
Évoquant les liens séculaires, entre nos deux pays, le diplomate ivoirien a mis l’accent sur l’intérêt que les opérateurs économiques maliens peuvent tirer du port d’Abidjan. Quatrième du genre, en direction du Mali, depuis sa prise de fonction au Mali, le diplomate a soutenu que la mission vise à la redynamisation des activités du port avec les pays de l’Hinterland. L’occasion était alors bonne pour lui de remercier les chargeurs maliens de la reprise de leurs activités au port, après la grave crise qu’a connue le pays. Au cours de différentes rencontres, les opérateurs économiques maliens expriment, de façon franche, les difficultés rencontrées dans leurs opérations et chaque fois, les autorités ivoiriennes prennent d’importantes résolutions pour y remédier, a expliqué l’ambassadeur.
Les nouvelles évolutions de la communauté portuaire, notamment les infrastructures modernes, adaptées aux exigences du moment, et qui rendent le port encore plus attractif, plus compétitif, ont focalisé les attentions des opérateurs privés. Il ne pouvait en être autrement d’autant que le joyau commercial ne songe qu’à continuer de jouer son rôle de leader au service de l’économie nationale et sous régionale.
« Grâce à ces atouts et à la qualité de ses prestations, le port autonome d’Abidjan se présente comme la principale porte océane des pays sans littorale et plus particulièrement pour le Mali, pays frère avec lequel, la Côte d’Ivoire entretient des relations séculaires de coopération économique », a-t-il soutenu.
Le PAA a su se créer, selon l’ambassadeur, en quelque temps, en dépit des destructions massives des infrastructures, suite à la crise socio-politique en Côte d’Ivoire, une réputation de compétence, de port sûr tant dans l’opinion nationale que sous régionale et même au-delà, dans d’autres grands pays, a expliqué M. Ouattara.
Réduire les entraves
Selon lui, les autorités ivoiriennes, pour leur part, ont pris l’engagement de créer les conditions d’un environnement propice au développement des affaires, en réduisant les entraves à la compétitivité des corridors de transit.
« Nous avons pour se faire, la charge d’avoir à la tête du pays, un homme de rigueur, compétent et travailleur infatigable qui a su redonner, en peu de temps, avec son équipe, confiance à nos partenaires étrangers, espoir à nos compatriotes après la grave crise qu’a connue notre pays », s’est-il réjoui.
Dans le souci de réactiver ses relations de coopération avec ses partenaires et de faciliter l’intégration économique sous régionale pour une émergence à l’horizon 2020, la Côte d’Ivoire a créé avec ses voisins, le Mali et le Burkina Faso, un cadre de coopération en faveur du développement des régions frontalières du triangle, a martelé le diplomate ivoirien.
Dans le sillage de vastes projets communs qui sont envisagés, ou en cours de réalisation, le renforcement de la coopération entre les services de sécurité dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, Diarrassouba Tahirou, le chef de la délégation, lui, a rassuré la partie malienne pour un traitement diligent de l’ensemble des doléances. Pour cette raison, les responsables portuaires sont disposés à trouver des solutions aux préoccupations de la partie malienne. Et au directeur adjoint à gestion de l’entreprise, Mr. Mouni, d’expliquer la portée et les enjeux des travaux de modernisation du port afin de répondre aux aspirations des clients d’où qu’ils viennent.
Travaux de modernisation
Selon le responsable portuaire, le projet de modernisation est classé en trois programmes : le programme de modernisation du port en eau profonde ; le programme de modernisation des quais et enfin le programme de décongestion.
Selon lui, les travaux sont en cours, depuis 2015, et coûteront la bagatelle de 560 milliards de F CFA. Les travaux consistent en l’élargissement et en l’approfondissement du canal de Vridi, point d’entrée de tous les navires qui accostent sur la plateforme portuaire de la capitale économique ivoirienne. L’entreprise CHEC, en charge d’effectuer ces travaux, réalisera également de gros ouvrages au niveau du deuxième terminal à conteneurs (TC2) qu’exploitera un consortium mené par Bolloré Logistics Africa & APM Terminals, a-t-il souligné.
Les capacités du port d’Abidjan devraient, au final, plus que doubler pour atteindre 3 millions de conteneurs par an, nous a-t-il expliqué. Le projet global de modernisation du port d’Abidjan inclut également la construction d’un pont entre le quartier de Vridi et celui de Biétry, la modernisation du port de pêche, la construction d’un terminal minéralier… Son coût total est estimé à près de 800 milliards de F CFA, a-t-il soutenu.
Solidarité agissante
Au cours de son agenda, à Bamako, la délégation ivoirienne n’a pas fait le tout commercial. En fait, en tant qu’entreprise sociale et citoyenne, coutumière des donations, le port d’Abidjan a fait à l’endroit de la pouponnière de Bamako un geste de solidarité qui a véritablement marqué les esprits. C’était au cœur même du centre de placement social, au cours d’une cérémonie symbolique, qui a tenu toutes ses promesses. Responsables du PAA, personnel et enfants de la pouponnière, autorités départementales ; tous, dans cet élan de solidarité, ont été émerveillés par une importante donation, composée de produits alimentaires et d’entretien, d’une valeur d’un million de francs CFA, et d’une somme d’un million de francs CFA, effectuée par le port d’Abidjan au profit de la pouponnière. Présidée par le secrétaire général du ministère de la promotion de la femme, de l’enfant et de la Famille, Mohamed Attaher, la cérémonie de remise de dons a enregistré la présence de la directrice du centre, Mme Diarra Aminata Diabaté, et les responsables du port.
Le geste consiste à donner du sourire aux pensionnaires de ce centre, composé d’enfants généralement abandonnés à la naissance. Raison pour laquelle la directrice du centre a salué le geste de l’entreprise avant d’indiquer que la pouponnière avait bien besoin de cette assistance. Un centre, dit-elle accueillant, à ce jour, 243 enfants, dont 121 garçons et 122 filles. Parmi ce lot, a-t-elle ajouté, 60 enfants sont en situation de handicap. La directrice du centre, qui a apprécié le geste de solidarité du port d’Abidjan dans sa réelle dimension morale et humaine, a appelé plus d’un à emboîter le pas aux responsables portuaires pour donner la joie de vivre aux enfants en détresse.
Le secrétaire général du ministère de Promotion de la femme, lui, au nom de la ministre empêchée, a réitéré toute la reconnaissance des autorités du Mali à l’esprit d’entreprise sociale du port qui n’est pas ainsi à son premier geste de solidarité à l’endroit de la pouponnière de Bamako. Le représentant du ministre, visiblement ému de cette marque de secours d’une entreprise commerciale à l’endroit des enfants en difficulté, a trouvé là la parfaite illustration de la générosité légendaire entre les deux pays, au-delà des contingences.