Il pensait que son intelligence s’élevait au-dessus de la moyenne à travers sa méthode d’action révolutionnaire. Au bout du compte son chemin croisa plus malin que lui.
Il pensait que son intelligence s’élevait au-dessus de la moyenne à travers sa méthode d’action révolutionnaire. Au bout du compte son chemin croisa plus malin que lui. Et pourtant, le proverbe Bambara est sans équivoque : «tous les jours appartiennent aux voleurs, le seul instant où ce dernier arrive à commettre le moindre faux pas, la vérité triomphera au grand jour». Il se croyait plus rusé pour son aptitude à se métamorphoser en débile mentale aux yeux de tous. Jamais de la vie il n’aurait pu penser que tôt ou tard il serait démasqué, mis hors d’état de nuire encore moins écroué. C’était sans compter sur la vigilance accrue de la police malienne qui ne dort plus que d’un œil tout comme un crocodile qui guette permanemment sa proie. Encore une fois, l’efficacité des policiers du premier arrondissement de Bamako dirigé par le commissaire principal Abdoulaye Coulibaly vient de se révéler.
Depuis cinq ans, KH avait pris l’habitude de se promener à travers la ville de Bamako pour écouler le cannabis l’esprit tranquille. Pour s’adonner à cette activité illégale il s’habillait en haillons à la manière d’un fou. N’importe qui le considérait dans son accoutrement vestimentaire, en jurant sur le saint coran, que c’est un débile mentale. Ce manège bien rodé demeurait sa façon de brouiller savamment les pistes. Le jeune dealer âgé entre 22 et 23 ans est natif du quartier de Bozola. Il maîtrise les coins et recoins de la ville de Bamako de ses dix doigts en passant inaperçu.
Généralement, il gravitait autour de l’ambassade de la Russie à Niaréla. Les parages du quartier de l’hippodrome et de Missira n’avaient point de secret pour lui. Ses balades maquillées, dans la peau d’un fou par le biais de l’accoutrement lui permettait d’écouler discrètement le cannabis à ses clients. La semaine dernière il fut cueilli dans les environs de la Mairie du District de Bamako cet autre point de vente. Dans un sang-froid hors du commun, le voyou repéra un caniveau situé non loin pour se vêtir de haillons au-dessus de ses vêtements. Mais hélas, le terrain était miné, par les agents de la police du premier arrondissement qui, sur la base de renseignements, le filait. Le piège se referma dans la foulée autour de lui. Lorsqu’il fut interpellé il détenait une quantité importante d’herbes de cannabis soigneusement camouflé dans sa tenue vestimentaire et une somme d’argent.
Après quarante-huit heures de garde à vue, suite aux investigations laborieusement menées, le voyou reconnut les faits et avoua qu’il consommait la drogue et excellait dans la chanson «Zikr». Par ailleurs, il n’était pas à son coup d’essai car ayant séjourné dans le passé à la maison d’arrêt de Banamba en région de Koulikoro.
Ce lundi 21 novembre, la justice a rendu son verdict. KH a été déféré devant le parquet de la Commune III du District de Bamako et placé sous mandat de dépôt au motif de détention illégale de stupéfiants et vagabondage. Inchallah, il passera sa toute première nuit dans de bonnes mains à la maison d’arrêt de Bamako-coura. Pour encore combien de temps ! On n’en sait absolument rien. Le jugement saurait nous édifier davantage sur son sort. Espérons qu’au terme de son emprisonnement en voyant un homme habillé en haillons dansé le Moriba-Yassa, il aura une pensée pour les agents du premier arrondissement de police en souvenir de son forfait.