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Agence Nationale de la Sécurité Sanitaire des Aliments (ANSSA) : Une pièce maîtresse de la prévention de plus de 70% des maladies
Publié le vendredi 25 novembre 2016  |  Le challenger
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L’Agence Nationale de la Sécurité Sanitaire des Aliments (ANSSA) a été créée en 2003 par la loi n°03-043 du 30 décembre. Unique dans l’espace UEMOA, cette agence est le cadre institutionnel adéquat pour garantir aux populations une alimentation saine, sans danger pour leur santé et permettre l’accès facile des produits nationaux au marché international, par le biais de l’amélioration de leur qualité sanitaire et phytosanitaire. Une dynamique équipe, conduite aujourd’hui par Dr Oumou S. Maïga, assure tant bien que mal, cette lourde tâche au point d’être citée en référence dans l’espace UEMOA en matière de sécurité sanitaire des aliments. Dans un entretien à bâton rompu, Dr Maïga revient largement sur les missions, les acquis et réalisations et les défis à relever.

Etablissement à caractère scientifique et technologique, l’ANSSA a pour missions d’assurer la coordination de toutes les actions liées à la sécurité sanitaire des denrées alimentaires et des aliments pour animaux ; apporter un appui technique et scientifique aux structures nationales de contrôle des aliments ; assurer l’appui scientifique et technique nécessaire à la réglementation relative à la sécurité sanitaire des aliments ; évaluer les risques sanitaires que peuvent constituer les aliments destinés à la consommation humaine ou animale ainsi que les procédés et condition de production, de transformation, de conservation, de transport, de stockage et de distribution des denrées alimentaires, les additifs alimentaires, les résidus de produits vétérinaires, phytosanitaires et autres contaminants, les résidus de matières fertilisantes et supports de cultures, les conditionnements et matériaux destinés à se trouver en contact avec les matériaux ci-dessus cités ; appuyer les activités des réseaux épidémiologiques et des systèmes de surveillance des toxi-infections alimentaires collectives (TIAC) ; assurer la communication sur les risques liés aux aliments.



Selon la Directrice Générale de l’ANSSA, Dr Oumou S. Maïga, une décennie après sa création, le service qui veille sur la qualité des aliments, au fil des années, s’est attelé à mettre en place plusieurs mesures d’une importance capitale dans la maîtrise de la sécurité sanitaire des aliments.

Aux dires du Dr Maïga, compte tenu de la pluridisciplinarité de la sécurité sanitaire des aliments, l’ANSSA a évolué en bonne intelligence et en synergie d’actions avec les autres institutions nationales et internationales de recherche en matière de sécurité sanitaire des aliments, les structures d’inspection et de contrôle, les organisations socioprofessionnelles et les organisations / associations de consommateurs.

Au Mali, les maladies d’origine alimentaire sévissent de façon quasi-endémique, eu égard à un environnement malsain, à la pollution de plus en plus aggravée dans les grandes agglomérations urbaines, à l’utilisation incontrôlée des intrants agricoles, des produits vétérinaires, des additifs à l’implantation des unités de production dans des endroits insalubres. Nonobstant les efforts énormes consentis par l’Etat, les résultats, reconnait-elle, ne sont pas encore à hauteur de souhait et notre système de production se caractérise encore par la non application des principes généraux de l’hygiène alimentaire et l’absence d’une démarche de prévention de risques alimentaires. Le tout sur fond de paupérisation grandissante de la population pour qui le critère déterminant du choix d’un aliment reste le bas prix, bien que cela puisse être fatal. L’alimentation de rue, rendue nécessaire par les horaires de travail de la journée continue et la forte urbanisation des villes, contribue négativement à aggraver les problèmes de santé liés à la qualité sanitaire des aliments.

Ainsi, pour réduire les risques liés aux aliments, l’ANSSA a bénéficié du professionnalisme et de l’engagement de son personnel, mais aussi de l’accompagnement et de la parfaite collaboration de ses partenaires techniques et financiers, notamment la FAO et l’OMS, Au-IBAR, UE, OMC, la société civile, des industries agroalimentaires et des institutions de recherche (LNS, LNE, LCV, LTA, IER, ICRISAT), le tout appuyé par un soutien multiforme de l’Etat malien.

88 unités industrielles, 29 huileries et 13 magasins et entrepôts audités entre 2005 et 2015

Dans le domaine de l’évaluation des risques sanitaires des aliments, près de 25 travaux de recherche ont été réalisés portant sur la plupart des aliments de grande consommation comme la viande rouge, le poulet, le poisson, le pain, les céréales (riz, sorgho, fonio, sésame), les cultures maraichères, les cubes alimentaires, l’alimentation de rue, entre autres. Ils ont concerné les principales régions du pays, à défaut d’être nationaux. Ces travaux ont fait l’objet de 11 publications dans 4 revues scientifiques, internationales, sous- régionales et nationales. Le programme des études et recherches est aussi mis à profit pour le renforcement des capacités des cadres de l’ANSSA dans une option de formation doctorale. C’est ainsi que trois cadres ont accédé au PhD et six autres sont en cours de formation dont deux soutenances prévues pour 2016.

Un audit a concerné 88 unités industrielles, 29 huileries et 13 magasins et entrepôts entre 2005 et 2015. Parmi les unités industrielles auditées, on peut retenir entre autres l’usine de Thé de Farako, la société des eaux minérales Diago, les Grands Moulins du Mali (GMM), la nouvelle Brasserie Bamakoise (NBB), l’Industrie des Boissons et Glace (IBG), l’usine Sada Diallo SA, Bramali, Aïcha lait, Kossam lait, Misola, Diaby lait, Sicoma, Yoplait, Mama coktail. Les 29 huileries sont des unités de transformation des graines de coton avec un système de raffinage de l’huile. Un grand programme d’accompagnement des unités de production d’huile alimentaire est en gestation de concert avec la Direction Nationale des Industries (DNI) pour assurer la qualité sanitaire de ces huiles.

Toujours dans le cadre de sa mission, 13 magasins et entrepôts (les magasins Achkar, les grands moulins, la grande confiserie, les poissonneries de Médine et de Tombouctou, les magasins de la DCSSA) ont été audités.

Dans le domaine de l’appui à la réglementation, la commission nationale des autorisations de mise sur le marché (CNAMM) a examiné près de 252 produits alimentaires soumis par près de 91 industries ou entreprises agro-alimentaires nationales et internationales. Des produits autorisés ont concerné : 30 eaux de boissons, 13 boissons alcoolisés, 38 laits et produits laitiers ; 2 confitures et gelées ; 16 aliments transformés à base de céréales ou additifs et compléments alimentaires ; 16 huiles et matières grasses et 3 aliments du bétail.

Autres points acquis sur le plan législatif, on peut retenir l’inscription des Toxi-infections alimentaires collectives (TIACs) sur la liste des maladies à déclaration obligatoire au Mali ; l’institution de l’autorisation de mise sur le Marché des denrées alimentaires, des aliments pour animaux et des additifs alimentaires (AMM) : 51 délivrées sur 118 demandes ; l’interdiction d’importation de produits alimentaires dont le délai de péremption n’excède pas trois mois et enfin l’élaboration de 19 normes alimentaires (fruits et légumes).

En termes de communication sur les risques, un plan de communication de l’ANSSA est en cours d’exécution.

Il retient un grand volet de communication de masse en vue de faire comprendre au public que la sécurité sanitaire des aliments a des implications collectives et individuelles. Plusieurs supports de communication sont élaborés parmi lesquels des dépliants, des brochures, des microprogrammes, pour une large information du public. Les éditions de la semaine nationale de la sécurité sanitaire des aliments et du prix national de la sécurité sanitaire des aliments, sont les évènements les plus déterminants de communication sur les risques et l’exhortation des entreprises à l’application des bonnes pratiques d’hygiène et des bonne pratiques de fabrication (BPH/BPF) et des populations au choix éclairé des aliments sains.

Une notoriété sous-régionale et internationale

Dans le domaine de l’appui-conseil, des efforts importants ont été accomplis en si peu de temps grâce au soutien de l’Etat et de tous les partenaires du secteur agroalimentaire. Des programmes d’accompagnement et de formation ont été réalisés avec l’appui du programme de compétitivité et de diversification agricole (PCDA), le fonds d’application des normes pour le développement du commerce (FANDC/OMC), BTSF/DG San.co et la FAO dans la mise en place des BPH/BPF. Plusieurs entreprises accompagnées ont vu leurs produits autorisés par la commission nationale des autorisations de mise sur le marché des produits alimentaires (CNAMM). Toutefois, selon Dr Maïga, le chemin reste long et sinueux.

Ce n’est pas tout. Sur le plan de la recherche, l’ANSSA n’est pas en reste. L’ANSSA a, à son actif, une vingtaine d’études avec une moisson d’informations et de données scientifiques pouvant permettre aux décideurs de faire les meilleurs choix en matière de gestion des risques sanitaires.

L’ANSSA dispose d’un comité national du Codex (CNC) pour assurer une participation de qualité aux sessions de la commission du Codex Alimentarius, au niveau sous-régional et international. En plus du comité national du Codex, l’ANSSA dispose depuis 2005 de 17 sous-comités Codex pour les produits et questions prioritaires pour le pays. Ces sous-comités qui regroupent toutes les parties prenantes, élaborent les positions nationales et appuient les comités techniques de normalisation (CTN) du système national de normalisation et de contrôle de la qualité (SNNCQ).

Au plan international, le Mali à travers l’ANSSA a été le représentant géographique de l’Afrique au comité exécutif du Codex de 2007 à 2011 à travers son premier Directeur, le Dr Ousmane Touré. Le Mali a été élu en la personne de Dr Mahamadou Sako, Directeur général par intérim, au poste de vice-présidence du comité exécutif et de la commission du Codex pour la période 2014-2017.

Au plan régional et national, l’ANSSA est une référence les pays de la sous- région qui viennent s’enquérir de l’expérience du Mali. Aussi le Mali à travers l’ANSSA accompagne des pays africains dans la mise en place des infrastructures de sécurité sanitaire des aliments. En 2013, l’ANSSA a reçu un diplôme de reconnaissance pour ses efforts à travers le prix « Pain d’or ».

Le travail de terrain salutaire de Dr Maïga

Contrôler la qualité des aliments proposés aux Maliens est une tâche qui exige une présence sur terrain. Consciente de cela, Dr Oumou S. Maïga, depuis sa nomination en juillet 2016, passe plus de temps (de jour comme de nuit) sur le terrain que dans son bureau.

Deux missions ont récemment été conduites par la Directrice générale dans le district de Bamako du 26 août au 2 septembre 2016 et dans la région de Koulikoro du 14 au 21 septembre dernier. Objectif, s’assurer de la bonne exécution du programme de sensibilisation des producteurs agropastoraux sur la SSA.

Engagée et déterminée, la première responsable de l’ANSSA affirme qu’elle ne dispose pas suffisamment de moyens financiers et humains adéquats pour mener à bien sa mission. C’est pourquoi, des mesures sont prises pour optimiser l’utilisation non seulement des maigres ressources financières, mais aussi et surtout des ressources humaines à travers la formation et l’amélioration du cadre de travail des agents.

Autre grand chantier au programme de la Directrice générale, c’est la création de représentations dans les régions pour être beaucoup plus près des populations.

Daouda T. Konaté

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