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Polémique autour de plus de 80 milliards de dette intérieure : Le dilemme du Ministre Boubou Cissé
Publié le dimanche 27 novembre 2016  |  Aujourd`hui
Industrie
© aBamako.com par A.S
Industrie textile : La seconde vie de FITINA
Bamako, le 18 décembre 2013 (Banankoro). L’unité industrielle Fils et tissus naturels d’Afrique (Fitina.sa) a reçu mercredi après-midi la visite du ministre de l’Industrie et des Mines, le Dr Boubou Cissé. La délégation ministérielle a été reçue par les responsables de l’usine qui lui ont expliqué les différentes péripéties qu’a traversées l’entreprise depuis son arrêt en 2006 et son redémarrage en mai 2011.
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Le Ministre de l’Economie et des Finances pourrait-il continuer à résister aux pressions de l’énorme lobby qui s’active pour que soient payées, rubis sur ongles, toutes les créances réclamées à l’Etat au titre de la dette intérieure ? En effet, Dr Boubou Cissé, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a dénoncé le caractère factice voire fallacieux de la plupart des dossiers présentés pour faire monter la dette intérieure à plus de 80 milliards de francs Cfa et refuse ainsi de s’exécuter, malgré l’ultimatum lancé par les prétendus créanciers et qui prend fin le 15 décembre prochain.

Le samedi 29 octobre dernier, à l’occasion d’une conférence de presse tenue à la Chambre de commerce et d’industrie du Mali (Ccim), les créanciers de l’Etat, réunis au sein de l’Association des fournisseurs et opérateurs économiques du Mali, avaient lancé un ultimatum de 45 jours au ministre de l’Economie et des Finances, Dr Boubou Cissé, qui s’obstine à refuser de payer plus de 80 milliards de nos francs, sans vérifier au préalable la véracité des dettes réclamées dans les différents dossiers présentés au recouvrement par des fournisseurs.

Cet ultimatum expirera le 15 décembre prochain et si à cette date Dr Boubou Cissé ne s’exécute toujours pas, les prétendus créanciers promettent de procéder à une grande mobilisation pour battre le macadam afin de réclamer le départ du Ministre Boubou Cissé.

Il nous revient que, depuis lors, un intense lobbying est en train de se déployer pour tordre le bras au ministre de l’Economie et des Finances dont le refus semble être motivé par un doute très sérieux sur la plupart de ces créances. Pourtant, cette attitude très courageuse du ministre de l’Economie et des Finances, qui protège ainsi les finances publiques des prédateurs, n’est pas soutenue jusqu’au sommet de l’Etat où les avis restent partagés sur la question. En d’autres termes, le Ministre Boubou Cissé se retrouve de plus en plus seul dans sa position qui est pour lui un principe intangible d’honnêteté et d’orthodoxie.

En effet, en épluchant la montagne de dossiers de la supposée dette intérieure, il a été découvert, comme le Ministre lui-même a eu à le déclarer à un de nos confrères, qu’en complicité avec des agents de l’Etat, notamment des coordinateurs de projets (Pacd, Opib, Padepa) et des directeurs d’établissements publics à caractère administratif, on a usé de faux pour monter des dossiers afin de pomper les finances publiques. En effet, pour ces structures de l’Etat, il est question de 34 milliards Fcfa sans procès-verbal de réception, sans informer le Ministère de tutelle de ces engagements car les dossiers ne répondent pas aux normes de la gestion des finances publiques. Mais ces gestionnaires publics se baladent tranquillement pendant qu’on fait haro sur le ministère de l’Economie et des Finances. En plus, pour des budgets équilibrés en recettes et en dépenses, comment peut-on laisser des impayés de cette importance-là !

C’est ainsi que sur plus de 80,1 milliards de Fcfa réclamés par des fournisseurs, seuls 533 millions sont validés. Le reste relevant donc du faux et usage de faux. Mais comment en est-on arrivé à ce chiffre de qui donne le tournis ?

Dès son l’élection, Président IBK a cherché à relancer très rapidement la machine économique et il fallait donc nécessairement traiter en priorité la question de la dette intérieure. C’est ainsi qu’il est revenu au Gouvernement Oumar Tatam Ly cette tâche afin de prendre ainsi en charge une préoccupation essentielle des milieux d’affaires du pays. Dans cette foulée fut commandité, en octobre 2013, un audit par le ministre de l’Economie et des Finances d’alors, Mme Bouaré Fily Sissoko, pour faire le point sur la situation de la dette intérieure afin de mettre en place une stratégie efficace de son apurement. Cela portait sur la période 1995-2013 parce qu’il était constaté que des impayés par l’Etat dataient de 1995.

Mais l’audit confié après consultation restreinte au Cabinet C2G/Conseil EGCC International représenté par Monsieur Serge Lepoultier, fut un véritable flop. Et au lieu d’être une solution, ce fut pour en rajouter à la situation déjà confuse.

Pourtant l’Etat a cherché à tenir ses promesses et il y eut même un début d’exécution lorsque Mamadou Igor Diarra était ministre de l’Economie et des Finances. Ce dernier a eu à payer une partie de la dette intérieure qui concerne des factures de 2013 à 2015. Mais curieusement, plus on payait, plus le montant de la dette intérieure s’élevait car des fournisseurs allaient directement déposer des factures chez le consultant qui les validait sans prendre l’attache du ministère de l’Economie et des Finances et sans procéder aux vérifications nécessaires.

Et la machine de la fraude est entrée en marche, notamment avec les factures déjà payées que l’on réintroduisait dans le circuit pour un double paiement et les dossiers présentés au paiement sans la preuve de la prestation de service ou de la livraison du produit, en plus ne découlant d’aucun marché régulier pour bénéficier du visa du contrôle financier et de la caution de la Direction générale des marchés publics.

C’est comme une véritable opération de saccage des finances publiques avec la complicité de fonctionnaires véreux qui ont pris en avance l’argent des opérateurs économiques en lieu et place de produits et services. Au niveau du Gouvernement, on a donc intérêt à se solidariser avec le ministre de l’Economie et des finances qui a eu le courage de créer une commission pour passer au peigne fion ses créances et a pu s’apercevoir que c’est quasiment du toc.

Mais au contraire, nous apprenons que le Ministre Boubou Cissé est de plus en plus lâché par des collègues et autres responsables de l’Etat qui lui mettent la pression car dans ce pays chacun a ses “amis” fournisseurs. Puisque le ministre de l’Economie et des Finances est convaincu que c’est du faux qu’on lui demande de valider, il a campé sur ses positions et il ne serait donc pas surprenant que le lobbying en place, jusqu’à des niveaux insoupçonnés puissent avoir raison de ses principes en le changeant de ministère. Et dans ce cas, mieux vaudra partir que de rester. C’est donc une bonne façon de le pousser vers la porte de sortie.

La question qui se pose maintenant : est-ce qu’il faudrait payer aveuglément pareilles sommes en laissant impunis les fonctionnaires fautifs ? C’est pourquoi, de plus en plus, des voix s’élèvent pour demander que cette affaire soit confiée au Bureau du vérificateur général qui est créé pour de pareils cas. Ce qui permettra de distinguer la bonne graine de l’ivraie et de sévir au besoin pour donner un bon exemple de lutte contre la délinquance financière. En même temps éviter de pénaliser les bons et vrais fournisseurs de l’Etat.

Il nous revient que le Ministre Boubou Cissé est dans cette logique d’implication de la justice dans le traitement des dossiers relatifs à ce gros scandale. Mais son élan est justement freiné. Par qui? Nous donnons notre langue au chat…même s’il y a des chuchotements de plus en plus bruyants !

A.B.N
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