Quatre bataillons de 650 à 700 éléments seront préparés pendant deux mois par les instructeurs européens
Le général François Lecointre, commandant en chef de la mission de formateurs européens dépêchés dans notre pays, et le chef d’Etat major général des Armées, le général Dahirou Dembélé, ont signé mercredi une convention appelée « arrangement technique » au Grand hôtel de Bamako. Ce document engage les deux parties à travailler ensemble pour donner à l'armée l'organisation, l'aptitude et les moyens nécessaires à l'accomplissement de sa mission régalienne de défense.
Pour le général français qui a officiellement lancé le programme de formation lundi, la circonstance est historique. Car, "il s'agit d'avoir à reconstruire l’armée malienne qui n’est plus dans le virtuel mais confrontée depuis quelques mois à la dure réalité du terrain, à l'épreuve du feu".
Le général Lecointre qui a fait une brève présentation de sa difficile mission dans notre pays a confirmé que le programme avait été officiellement lancé lundi. Concrètement, il s'agit de la mise en place des équipes techniques, de l'identification des besoins logistiques et de la construction d'infrastructures notamment à Koulikoro où la formation doit avoir lieu. Le chef de la mission de formation a expliqué qu'il venait dans notre pays pour "rencontrer concrètement les premières équipes de liaison et discuter avec le général Dembélé pour faire le diagnostic complet des besoins de l’armée malienne".
L’équipe d’éclaireurs qui était déjà en place à Bamako et à Koulikoro devient immédiatement une équipe technique qui travaillera avec l’armée malienne. Entre les deux entités, des contrats sont déjà signés et des promesses de collaboration sincères sont prises. Dans les jours à venir, le reste du corps professoral militaire débarquera à Bamako.
La formation, elle, commencera en avril si tout va bien, selon les deux hauts gradés. « Les délais sont extrêmement serrés » reconnaît le général Lecointre qui a expliqué que sa mission est « d’aider l’armée malienne à se rebâtir et remplir toute ses missions ».
Cette mission, qui aura son quartier général à Bamako, est actuellement installée sur la base militaire de Koulikoro. Elle regroupe quelque 170 formateurs assistés par une force de protection.
Au total, selon les conférenciers, quatre bataillons de 650 à 700 soldats seront formés par les instructeurs européens à tour de rôle. La formation devrait durer deux mois avec une forte dimension opérationnelle et des cours de droit international humanitaire et sur la protection des civils. Dotée d'un budget de 12,3 millions d'euros (un peu plus de 8 milliards de Fcfa) pour les frais généraux, la mission de formation de l'UE se verra financer par tous les pays contributeurs, chacun dans un domaine précis, souligne le général Lecointre.
La France, militairement engagée sur le terrain, doit envoyer entre 150 et 200 personnels d'encadrement. Elle devrait assurer 22 des 60 postes de commandement et environ 50 postes de formateur. L'Allemagne, elle, a annoncé l'envoi de 40 formateurs et de 40 secouristes et la République tchèque une cinquantaine d’instructeurs. L’Espagne, la Grande-Bretagne, la Pologne, la Roumanie, la Hongrie, le Portugal, les Pays baltes, la Suède et le Danemark sont également contributeurs.
L’armée malienne a besoin d’une refondation, avoue le CEMG Dembélé. De sa conception à sa doctrine en passant par la reconstitution des unités d’autrefois, tout est à revoir pour être complet. « Nous nous emploierons à ce que cela soit fait », a promis l’officier français qui met un point d’honneur à travailler en parfaite collaboration avec la hiérarchie militaire malienne.
Il s’agit d’unités pilotes qui seront immédiatement opérationnelles sur le terrain. Ils apprendront à se battre et à former à leur tour le reste de l’effectif militaire. Le général Dahirou Dembélé a assuré de sa collaboration ainsi que de la disponibilité totale de tous ses services techniques à collaborer avec la mission en cours.
La formation de 5 bataillons par les USA présentait l’inconvénient de disperser les éléments entre plusieurs corps. Cette fois, le général Dembélé a assuré que le bataillon sera soudé pendant plusieurs années pour être plus efficace. « Ce qui fait la force d’une armée, c’est la force morale… et cela se tisse dans un entrainement collectif commun », appuiera le général Lecointre qui confirme que les bataillons auront une longueur d’avance en restant soudés et « ensemble ». Toutes les composantes de l’armée seront concernées par cette formation qui sera dispensée à Koulikoro par des formateurs européens de très haut niveau. Une partie des 3000 nouvelles recrues de l'armée est concernée par la formation.
Les droits de l’homme seront également enseignés aux soldats maliens quelques fois accusés d’exactions sur le terrain par des associations de droits de l’homme qui n’ont pas encore fourni les preuves formelles de leurs allégations. La formation devrait leur éviter de commettre des exactions sur le terrain. Ce serait l’idéal même s’il s’avère très difficile pour un soldat de garantir les droits de l’homme sur les champs de bataille, a admis le général Lecointre.
Après la formation, il y a l’équipement des troupes qui a toujours constitué le talon d’Achille de l’armée malienne. Cette question sera traitée de deux manières, selon le général Lecointre : d’abord la responsabilité du Mali à équiper son armée et l’aide qui peut venir d’ailleurs. Avec l’Etat major des armées maliennes, les besoins seront identifiés et étudiés en vue d’un équipement à hauteur de souhait, a assuré le haut gradé de l’armée française.
A ce propos, les équipements nécessaires à la formation même aux opérations futures ne sont pas encore disponibles. Mais l’officier français reste « optimiste » souhaitant que « l’effet d’entrainement jouera ».