Sélingué (Mali), 27 nov 2016 (AFP) - Le chef de l'ex-junte malienne Amadou
Sanogo, qui doit être jugé à partir de mercredi pour "assassinat et
complicité" d'assassinat de militaires dans une ville du sud du Mali, est
"prêt" pour son procès, ont affirmé dimanche à l'AFP ses avocats.
"Le général Sanogo est prêt pour son procès. Il veut dire sa part sa
vérité", a affirmé à l'AFP Me Ismael Touré à Sélingué, localité située à 120
km au sud de Bamako où est détenu le chef de l'ex-junte malienne (2012-2013).
"Face aux multiples violations de la loi pour convoquer mercredi le général
Sanogo, la défense plaidera dans un premier temps pour le report du procès", a
indiqué Me Touré sans donner davantage de détails. "Nous allons à Sikasso pour
défendre notre client et dans l'esprit que le procès va se tenir", a-t-il
poursuivi.
"Nous sommes prêts pour défendre notre client et il est prêt", a déclaré de
son côté Me Cheick Oumar Konaré, un autre avocat de M. Sanogo.
De son côté, un responsable de l'association des familles de militaires
disparus a par affirmé dimanche à l'AFP avoir reçu des "menaces de mort" par
téléphone notamment.
"Nous avons des craintes (pour) notre sécurité. Un militaire malien
pro-Sanogo menace de nous attaquer. Nous avons des informations" indiquant
aussi que "nous pouvons être attaqués entre Bamako et Sikasso en nous rendant
au procès de mercredi", a ajouté Moussa Diakité dont l'association est partie
civile dans cette affaire.
M. Sanogo doit être jugé en assises à partir de mercredi à Sikasso (sud du
Mali) pour "assassinat et complicité" d'assassinat de soldats dont les corps
ont été retrouvés dans un charnier en 2013. Il encourt la peine de mort.
La Chambre d'accusation de la Cour d'appel de Bamako a annoncé en décembre
2015 le renvoi aux assises de 18 militaires, dont le général Sanogo, ainsi que
les généraux Yamoussa Camara, ancien ministre de la Défense, et Dahirou
Dembélé, ex-chef d'état-major des armées, dans l'affaire dite des "Bérets
rouges".
Opposés au putsch de mars 2012 conduit par Amadou Sanogo, alors obscur
capitaine de l'armée, qui a renversé le président Amadou Toumani Touré, les
"Bérets rouges" avaient vainement tenté un contre-coup d'Etat un mois plus
tard avant d'être pourchassés par les putschistes.
Les corps d'une vingtaine de militaires appartenant à cette unité
parachutiste avaient été retrouvés en décembre 2013 dans un charnier à Diago,
près de Kati, où était basé le quartier général de Sanogo.
Dans les mois qui ont suivi le coup d'Etat, Sanogo et ses hommes ont été
accusés de nombreuses violences à l'encontre de "Bérets rouges" ainsi que
d'hommes politiques, de journalistes et de membres de la société civile.
Promu général, l'officier est ensuite tombé en disgrâce au terme d'une
transition qui s'est achevée en août 2013 par l'élection du président Ibrahim
Boubacar Keïta.
A Sélingué, le général Sanogo est en résidence surveillée dans un domaine
placé sous haute surveillance surplombé par des miradors où sont postés des
militaires armés. L'entrée du domaine, gardée par des militaires, est jonchée
de sacs de sable et des fils barbelés sont visibles tout autour de la demeure.
Le putsch de mars 2012 a précipité la déroute de l'armée face à la
rébellion touareg et aux groupes jihadistes dans le nord du Mali. Cette partie
du pays était alors tombée sous la coupe de groupes liés à Al-Qaïda, d'abord
alliés de la rébellion, qu'ils avaient ensuite évincée.
Les jihadistes ont été dispersés et en grande partie chassés à la suite du
lancement en janvier 2013, à l'initiative de la France, d'une intervention
militaire internationale, qui se poursuit actuellement.
Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes
et étrangères, malgré la signature en mai-juin 2015 d'un accord de paix censé
isoler définitivement les jihadistes.
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