Sadou Harouna Diallo a été brillamment élu par les populations de Gao pour rempiler à la tête de la commune urbaine de la cité des Askia, à en juger par les chiffres détenus par le maire sortant lui-même entre la clôture du scrutin du 20 novembre et 2 heures du matin : 12 conseillers contre 10 pour son poursuivant immédiat, le Rpm, avec plus de 300 voix d’écart. Mais, au petit matin, ils étaient à égalité (11-11) avec un goal différentiel favorable au parti présidentiel. Sadou conteste. Comment cela est-il arrivé ? Quelle action a-t-il entrepris ? Va-t-il appeler la jeunesse de Gao à prendre la rue ? Qu’en est-il de son avenir politique ? Le maire sortant de Gao a entretenu les journalistes samedi à son domicile des réponses à toutes ces questions ?
« Ma victoire a été volée par le Rpm. En temps normal, le Rpm ne peut même pas avoir deux conseillers à Gao où ce parti n’a pas de militants. Pas du tout ». Telle est la première confidence de Sadou Harouna Diallo qui soutient avoir décroché la timbale sans forcer dans la commune urbaine de Gao où il boucle sept ans de maire. Selon lui, au décompte final du vote, le Pdes est arrivé en tête dans la quasi-totalité des bureaux de vote. Sadou confirme avoir battu dans leurs quartiers respectifs deux députés de Gao ainsi que la tête de liste Rpm et la deuxième personne sur la liste. Il a ainsi raflé la mise aux 5è et 6è Quartiers, au Château et au Camp militaire, entre autres. Jusqu’à 2 heures du matin, il était encore largement en tête sur la base des chiffres à sa disposition, avec un écart de plus de 300 voix sur le Rpm, soit 12 conseillers contre 10. Et cela malgré une campagne bâtie sur du trafic d’influence, de la corruption et d’achat de voix à ciel ouvert. « Tant qu’il y aura un maire de l’opposition à Gao, IBK dit qu’il ne viendra jamais ici, et la ville n’aura ni eau, ni électricité », tel serait le message de campagne du Rpm qui aurait injecté 300 millions pour avoir la mairie. Le parti au pouvoir a fait déplacer à Gao deux ministres, plusieurs directeurs centraux et chef de service.
C’est pourquoi, dira Sadou, le lendemain de l’élection, l’administration n’avait pas les mêmes chiffres que lui. Elle mettait le Pdes et le Rpm à égalité, avec 11 conseillers chacun. Cependant au nombre de voix, le parti au pouvoir damait son rival d’une centaine de voix. Résultat : le Rpm gagne la mairie, conformément au Code des collectivités modifié.
Pour Sadou Diallo, il y a eu sans aucun doute, bourrage d’urnes et tripatouillages aux 2è et 8è Quartiers et dans le bureau n°16 du quartier Château.
Après la diffusion de ces résultats, les jeunes de Gao ont décidé de prendre la rue en soutien au maire sortant. « J’ai calmé le jeu parce que je suis pacifiste. J’emprunte les voies légales qui s’offrent à moi. J’ai été parmi les premiers responsables politiques à prendre mon bâton de pèlerin pour sillonner le monde entier à la recherche de la paix au plus fort de la crise malienne. Ce n’est pas moi qui vais mettre maintenant le feu aux poudres », explique le maire sortant. Qui dit avoir saisi la justice avec des preuves palpables dont il pense qu’elles vont faire mouche. « Je fais confiance en la justice de mon pays et je souhaiterais qu’elle me remette dans mon droit, celui d’avoir gagné sans coup férir à Gao », plaide Sadou.
Cependant, au cas où la justice ne dirait pas le droit (sous-entendu s’il perd), Sadou Harouna Diallo affirme qu’elle aura contribué à détruire le pays, à détruire Gao et à détruite la jeunesse malienne. Par conséquent, lui, ne résidera plus à Gao. Et pour cause : il demeure convaincu que celui qui sera « désigné » maire de la ville ne pourra jamais travailler et c’est lui, Sadou, qui sera accusé de tirer les ficelles.
Malgré tout ce qui précède, Sadou Harouna Diallo promet de ne pas appeler la jeunesse de Gao à la révolte, voire à la révolution.