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Younous Hameye Dicko, président du RDS, à propos des communales : « Une énorme victoire de la démocratie sur le terrorisme »
Publié le lundi 28 novembre 2016  |  Le Pouce
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© aBamako.com par A.S
Dans le cadre des concertations avec les forces vives de la Nation, le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, a rencontré hier à Koulouba les responsables des partis de la majorité présidentielle.
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Après la tenue des élections municipales du dimanche 20 novembre 2016, l’heure est au bilan. Les commentaires vont bon train. Les avis sont divers et partagés. L’analyse/critique de ce grand rendez-vous électoral pour les populations nous a conduits à l’école du Professeur Younous Hamèye Dicko, ancien DG de l’ORTM, ancien ministre, et président du Rassemblement pour le Développement et la Solidarité(RDS).
Le Pouce : Quelle lecture faites-vous des communales du 20 novembre dernier et parlez nous des enseignements à tirer ?

Younous Hamèye Dicko : « Les élections ont fini par se tenir. Elles ont eu lieu. On est tenté de dire comme les anciens Egyptiens au temps du pharaon, enfin le Nil est arrivé au Caire. Je pense que ces élections qui se sont tenues constituent aujourd’hui un évènement considérable en république du Mali. D’ailleurs beaucoup d’acteurs n’ont mêmes pas compris ça. Beaucoup sont en train de pleurer sur les conseillers qu’ils n’ont pas eu ou sur la façon paisible qui n’est plus là. La réalité est que le Mali est en guerre. Le Mali est désorganisée et on tente de rassembler les morceaux. Je crois que la tenue des élections communales constitue une énorme victoire de la démocratie sur le terrorisme. Je suis tenté féliciter les autorités pour la tenue de ces élections. Ce qu’il faut remarquer, c’est cette autorité renaissante de l’Etat. Je pense aussi que parmi les enseignements qu’on doit tirer, c’est qu’en vérité, les élections se sont passées beaucoup plus facilement qu’on ne pensait. Il y a deux ou trois mois de cela personne ne pouvait croire à la faisabilité des élections. Mais la décision de le tenir était une excellente décision politique. Nous étions pratiquement pris en otages avec des organisations armées qui ne désarment pas, qui ne veulent pas être cantonnées, tant que les autorités intérimaires ne sont pas mises en place. Ils ont pris cette position tant que les revendications originelles ne sont pas réalisées. Aujourd’hui, il serait enfantin pour qui que ce soit de vouloir aller mettre des autorités intérimaires là où la population a élu son maire, ses conseillers. C’est cette victoire que nous devons considérer en tant que patriote malien.

Ce n’est pas le fait que mon conseiller n’est pas réélu, que je remets tout en cause. Mais, on doit plutôt accepter que ce soit un autre conseiller équivalent qui est élu. C’est la démocratie qui est rétablie. C’est ce qu’on doit considérer dans cet épisode des élections communales. Surtout, il ne faut pas désespérer des mouvements armés. Je crois même qu’il faut les féliciter dans ce qui s’est passé, parce que ceux qui ont perturbé les élections ne sont pas forcément les signataires de l’Accord d’Alger. Et même s’il y a des signataires qui ont fait ça, en vérité c’est de la rac caille. Ce n’est pas les véritables organisations. C’est des gens qui sont à la recherche des postes, parce que des communes ont été terrorisées pour voter certaines listes. Donc, c’est la preuve que ce n’est même pas ces organisations qui sont responsables de ça, mais des individus qui sont entre deux eaux et qui se sont inscrites sur des listes supposés gagnantes et qui ne gagnaient pas devant les populations. Ceci dit, ces élections ont connu de grandes violences. Nous avons perdu une dizaine de militaires et de nombreux blessés pendant ces élections. Pratiquement tout cela s’est passé dans le cercle de Gourma Rharous. Et là, la violence n’émane pas directement d’organisation armée, mais d’individus. A ce niveau, je pense qu’il faut faire la différence entre l’assassinat des militaires et ce qui s’est passé dans les bureaux de vote. Ceux qui ont assassiné nos militaires sont d’un autre type que les mouvements armés que nous connaissons. A l’adresse de tous les Maliens, je dis que si nos militaires meurent, c’est parce qu’ils se défendent, c’est parce qu’ils se battent, c’est parce qu’ils existent. Ils meurent parce qu’ils cherchent à sécuriser le pays. Un hommage particulier leur doit être rendu. Ce n’est pas parce qu’on tombe dans une embuscade, qu’il faut penser qu’on n’a pas de combattants. Tout combattant peut être tué. Ce qui est intéressant, c’est que ce sont des braves qui ont montré leur courage. C’est à la fin de leur mission qu’ils ont été lâchement tués. Il revient à l’Etat d’identifier les auteurs de ces crimes et les poursuivre.

Maintenant, ce qui s’est passé dans les bureaux de vote, ça c’est des candidats qui sont armés, qui ont pris leur unité et qui terrorisent la population. Ils ont obligé les gens à voter. Des bureaux de vote ont été envahis par des individus armés qui obligeaient les gens à voter .On a vu également dans le cercle de Rharous, des bureaux qui ont voté le samedi soir dans la nuit avant dimanche. Et dimanche matin, quand les électeurs sont partis dans les bureaux, on leur a dit que les gens ont déjà voté hier soir. Désemparés, les gens, en délégation se sont dirigés vers la préfecture pour se plaindre. C’est des coups de fusil en l’air dans les bureaux de vote. Dans la commune de Bamba dans le cercle de Bourem, par exemple, des gens se sont promenés de villages en villages pour intimider les électeurs à voter leur liste. C’est des violences qu’on a constatées. Je suppose que la justice malienne rétablira les gens dans leur droit. Ces élections sont une chance pour le Mali. A cet effet, il ne faut pas les salir par ces genres de comportements. Je pense que c’est ça aussi l’espoir, le renouveau et la renaissance de notre justice et de notre Etat au vu des résultats des plaintes. Je pense que, ceci constitue l’essentiel de la leçon ou des enseignements qu’il faudrait tirer, parce que les élections ont eu lieu. Cela signifie que l’Etat malien existe, que la nation malienne existe. Et tout le monde est en train de revenir dans la norme ».

Le Pouce : Les élections n’ont pas été tenues dans toutes les communes du Mali et beaucoup de choses restent encore à faire. Selon vous, quelles sont les dispositions à prendre pour la poursuite du processus électoral en cours ?

Younous Hamèye Dicko : « Oui, je crois que vous avez bien raison de dire que les élections n’ont pas été tenues dans toutes les communes. Mais il faut relativiser. Les élections ont eu lieu dans 92% des 703 communes en république du Mali. Donc, objectivement, il faut accepter les chiffres. Les chiffres sont élogieux dans la situation que nous avons vécue. Les violences qu’on a connues sont d’un autre type. Donc pour la cinquantaine de communes dans lesquelles les élections n’ont pas eu lieu, le processus électoral doit continuer. Le gouvernement doit immédiatement programmer ces élections. Dès que celles-là sont programmées, il faut faire de manière que la force publique puisse assurer la sécurité des votes. Les élections du dimanche 20 novembre nous ont montré que le chemin doit être suivi et poursuivi. Vu ce que nous avons vécu, on doit pouvoir régler ce problème et sécuriser le maximum d’élections. Je pense aussi que les mouvements armés doivent participer à la sécurisation des élections. Ils doivent comprendre qu’une nation ne peut pas vivre comme ça. Un jour, ça risque d’être un énorme chaos, voire une énorme violence si on ne comprend pas que la nation doit fonctionner normalement et que les normes doivent être rétablies. L’appel que je lancerai aux mouvements armés, c’est de participer loyalement à la renaissance de notre nation. En cela, ils seront grandis. Parce que, ce serait grâce à eux que la nation retrouverait la paix et la construction de son avenir ».

Le Pouce : Et le rôle de la communauté internationale dans tout ça ?

Younous Hamèye Dicko :« Dans ce processus électoral, le rôle de la communauté est ambigu. Théoriquement, la communauté internationale est là pour sécuriser le Mali et sa population. En d’autres termes, elle est là pour sécuriser les élections. Nous avons vu lors des élections présidentielles, ce sont eux qui étaient dans les bureaux de vote. Ce ne sont pas des Maliens. S’il y avait des Maliens, on ne le savait pas. Parce qu’il n’y a pas beaucoup de Maliens qui sont blancs. Ce sont les Européens qui étaient dans les cours et dans les centres de vote pour sécuriser les élections. Ça devrait être la même chose aujourd’hui pour les élections municipales. Ils sont là, et on se demande pourquoi encore ces violences. Face à des attitudes dans des bureaux de vote, ils ne réagissent pas. Ils savent bien la capacité intérieure et interne du Mali. Il faut que les Maliens et la communauté internationale comprennent que le Mali a à faire à un terrorisme aveugle et injuste. Je crois que Dieu sait que c’est injustice. C’est pour cela, je crois qu’il trouvera la solution à son niveau pour nous. Il n’y a pas de raison qu’on vive un tel terrorisme pour que des gens viennent faire de nous des musulmans. Avant la naissance des pays dont ils proviennent, l’islam existait déjà au Mali. Le soudan a été islamisé depuis le huitième siècle. Chacun sait que c’est au septième siècle que l’islam a pris corps. Donc il n’y a aucune raison de venir nous tuer pour être des musulmans. On ne peut pas nous tuer parce que nous ne croyons pas. La plupart des gens qui vivent au Mali sont croyants. Qu’ils soient musulmans ou d’autres religions, c’est une religion monothéiste. Moi aujourd’hui, je suis en train finir avec la Thora. J’ai étudié la Bible et le Coran il ya longtemps. Je pense que personne ne doit venir tuer quelqu’un dans ce pays pour une religion monothéiste. Apparemment, les gens ne se rendent pas comptent que le terrorisme est une injustice qui est faite à notre pays. A ce titre ça doit être combattu. Vu le désordre que nous avons vécu pendant ces élections, l’Etat et la justice doivent établir les normes. Le vote a été falsifié dans beaucoup d’endroits. Si cela continue, c’est un autre problème qui va surgir. On ne sait pas comment les gens qui ont fait ça vont gérer leurs municipalités après. On ignore si c’est à coups de fusils ou de cravaches. La violence a existé bien que les élections aient été tenues. C’est la première fois dans ce pays que le sang a été versé pour une simple élection. Nous avons gérer la démocratie avec humanité ».

Entretien réalisé par Jean Goïta
Source: Le Pouce
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