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Administration malienne : à quoi servent les ordinateurs dans les bureaux ?
Publié le mardi 29 novembre 2016  |  rpmedia
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Les illettrés des années 2000 sont tous ceux qui ne savent pas utiliser l’internet. Qu’en est-il de ceux de l’administration malienne qui n’utilisent aucun outil bureautique de production au quotidien?
Dans l’administration malienne, la part des budgets imputables aux fournitures bureautiques est conséquente. Celle spécifique allouée aux ordinateurs se taille la part du lion. D’ailleurs concernant ce marché, ceux qui se frottent les mains sont les marchands et la famille ayant réussis à promettre une rétro commission aux DAF qui attribuent ces juteux marchés. Nous n’allons pas nous éterniser sur cet aspect de l’administration malienne.
Passons à la loupe l’utilité que ces ordinateurs de bureau ont pour l’administration malienne et analysons le coût d’opportunité par rapport à leur absence.
L’administration malienne n’utilise ni messagerie, ni réseau, ni outils de production (logiciel). Si l’administration malienne échangeait en interne et avec ses usagers par messageries on aurait eu des adresses du type moussadjan@laposte.ml , madoufing@douanesmali.ml , amydjeman@hopitalgabriel.ml , fantablen@impotsmali.ml et vignettes@gouvernoratdistrict.ml On peut se demander ce que font nos salariés de l’administration malienne avec des ordinateurs qui coûtent en moyenne 1500€(1000000fr CFA) si nous écartons la part de la surfacturation. En dehors des mails privés, des jeux tels le solitaire et Zuma Delux ou des séries en Streaming si la connexion le permet, l’ordinateur ne rend aucun service aux usagers. C’est aussi le seul moyen qu’on certains maliens et leurs familles pour communiquer avec le reste du monde via les réseaux sociaux. Orange Mali à fait du Mali un désert 2.0 donc les connexions des administrations sont un oasis dans ce désert. A part ces utilisations relevant du privé, on ne voit pas ce qu’ils peuvent faire d’autres avec ces acquisitions onéreuses pour l’état. A part orner le bureau et donner une image de personnalité importante au locataire du bureau, cet équipement appauvri le Mali. Si l’état cherche des postes pour ses coupes budgétaires, en voici un.
On peut soumettre à l’état malien d’évaluer la perte en production et en productivité de l’administration sans les fameux ordinateurs de bureau et comparer les résultats de cette étude avec les mêmes variables en leur présence.
Si la perte en production n’est pas significative sans ces jouets pour adultes alors il devient évident que ces écrans n’ont rien à faire dans nos bureaux. Si l’état n’est pas capable de prendre cette décision qui pourrait être impopulaire, il lui est possible d’investir le coût des fournitures bureautique de quelques années dans la formation des salariés du public. Le Mali doit se tourner vers une modélisation de son administration et imposer une barrière à l’entrée pour les nouveaux entrants. Ils doivent disposer d’un minimum de savoir-faire avec les logiciels de production en vigueur au Mali. Les usagers doivent avoir la possibilité de transmettre des documents par mail à l’administration et l’administration doit pouvoir archiver ces documents et pouvoir les retrouver en un clic. Les maliens ne doivent pas perdre une journée pour déclarer une naissance à l’AMO, le scan de l’acte de naissance peut être envoyé par mail. En un clic la banque doit pouvoir vérifier l’authenticité d’une information relevant du foncier.
Si aucune de ces mesures n’est envisageable à court et moyen terme, il faut évidemment mettre un frein à l’installation de ces ordinateurs de bureau dans nos administrations y compris dans les bureaux de certains ministres, l’état ferait une économie conséquente qu’il pourra injecter dans les capacités didactiques de nos universités.
Aujourd’hui, c’est par pure mimétisme que les bureaux de l’administrations publique malienne sont équipés d’ordinateurs. Faire comme d’autres pays mais oublier qu’ils servent à ces derniers est notre défaut. L’état fait semblant d’exister et l’administration fait semblant de s’occuper.
Si le pouvoir n’a de charme que l’abus qu’on en fait, il doit aussi arbitrer dans la douleur pour économiser les deniers publics. L’administration malienne en a besoin.
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