En prélude à la célébration de la Journée Mondiale de Lutte contre le SIDA, prévue le 1er décembre prochain, la Directrice générale de l’ARCAD SIDA, Dr Dembélé Bintou Keïta nous a accordé une interview. Elle dévoile les activités du mois de décembre, les questions de discrimination et le respect des droits humains.
Le Challenger : Quelles sont les activités qu’ARCAD SIDA va organiser au mois de décembre, mois de lutte contre le SIDA ?
Dr Dembélé Bintou Keïta : Vous savez, le thème retenu cette année pour la campagne de lutte contre le SIDA, est ‘’Le dépistage’’. Nous comptons entreprendre des activités de dépistage mobile par des pistes localisées qui vont surveiller quelques endroits de Bamako. Nous sommes en partenariat avec la Cellule sectorielle pour faire des campagnes parce que nous sommes persuadés que lorsque nous arrivons à dépister le maximum de personnes, nous allons les mettre sous traitement. Ce n’est que par ce moyen que nous allons pouvoir diminuer la transmission du VIH d’une personne à une autre. Une personne qui est bien soignée a un taux très faible de transmission de la maladie.
La discrimination des personnes infectées est-elle un frein dans la lutte contre le SIDA ?
La discrimination est vraiment un frein dans la prise en charge du VIH SIDA, pour la simple raison que, lorsque qu’une personne infectée est discriminée, elle a honte de parler de son statut sérologique, n’a aucun soutien de sa famille et de ses proches. Donc une personne qui est dans cet état, n’est pas bien dans sa tête, ni dans son corps, elle va cacher sa maladie et continuera à la transmettre à d’autres. Aujourd’hui, il faut que tous les maliens sachent qu’une personne infectée est normale et qu’on doit l’aider car elle a besoin de nous. On ne doit pas la discriminer car le SIDA peut taper à toutes les portes. C’est important de souligner que la discrimination est vraiment un obstacle à la prévention et à l’accès aux soins.
Quel appel avez-vous à lancer à l’endroit des medias dans le cadre de la lutte contre le SIDA et du respect des droits humains ?
Les journalistes sont les partenaires stratégiques des acteurs dans la lutte conte le SIDA. Ce sont eux qui peuvent compléter le travail que nous faisons. Nous, nous sommes des médecins, nous faisons un gros travail avec les patients, nous les invitons à se faire dépister. Nous les soignons quand ils sont malades. Je crois que les journalistes peuvent relayer le même message, c’est-à-dire inviter les gens au dépistage et à se soigner parce que le traitement est efficace, gratuit et accessible dans tout le Mali.
Ils peuvent faire aussi une grande mobilisation communautaire pour faciliter la prévention et l’accès au traitement et faire passer les messages de sensibilisation.
Pour ce qui est des questions de droits humains, toute la stigmatisation surtout au niveau des populations-clés (les travailleuses du sexe, les homosexuels et les utilisateurs de drogue) vient du fait que les journalistes publient des articles homophobes. Ce qui ralentit tout le travail de construction que nous faisons car les gens vont vouloir exclure les personnes vivant avec le VIH SIDA, les stigmatiser. Et Cela ne fait que reculer tous les efforts que nous sommes en train de fournir.
Sinon aujourd’hui, le SIDA est une maladie qui doit être maitrisée parce que les données scientifiques ont prouvé qu’une personne dépistée et soignée ne pourra pas transmettre la maladie. Celui qui n’a pas accès à cela est une personne à risque. En ce qui concerne les populations clés, ce sont elles qui sont les plus infectées aujourd’hui. Nous sommes dans un contexte social, culturel et religieux qui n’est pas tolérant. Ces personnes qui n’ont pas accès à l’information restent souvent dans la clandestinité qui est un obstacle dans la prévention et la lutte contre le SIDA.