Les contestations à l’endroit du parti présidentiel pour tripatouillage des résultats des urnes sont nombreuses dans plusieurs localités du Mali, après la tenue des élections communales du 20 novembre. Dans la commune urbaine de Tombouctou, la liste Adéma-Urd monte au créneau pour accuser le Rpm de tripatouillage des résultats des urnes.
«Les élections communales du 20 novembre ont été émaillées à Tombouctou par une fraude massive savamment orchestrée par le Rpm en complicité active avec l'administration locale», nous indique des sources bien informées. En effet, après le dépouillement des 60 bureaux de vote de la commune urbaine de Tombouctou, des bulletins de vote ont été décomptés en faveur du Rpm en alliance avec l’Um-Rda au détriment de la liste Adéma-Pasj/Urd, qui est logiquement victorieuse au regard du poids politique de l’Adéma dans la cité des 333 saints, où le parti tient lui seul la mairie depuis 1992.
Pour ces élections communales du 20 novembre, l’Adéma a fait alliance avec l’Urd, 2ème force politique, dans la commune urbaine de Tombouctou, au nom de l'apaisement du climat politique. Mais la surprise fut grande après la proclamation des résultats provisoires par l’administration locale, lorsque des bulletins non estampillés par l'encre, des bulletins déjà votés par des marques en lieu et place des empruntes et des bulletins non extraits des souches ont permis au Rpm et à son allié Um-Rda de bourrer les urnes dans 7 centres sur les 8 que comptent la commune.
Il s'agit du centre Alpha Moya de Bellafarandi, quartier du maire sortant, candidat à sa propre succession, Halle Ousmane ; du centre Cheick Sidi Mahmoud de Sankore ; du centre Yehia Alkaya de Badjinde, bastion du candidat Abdoulaye Kalil Ascofare de l'Urd ; du centre Bahadou Aboubacar de Sareikaina ; du centre Allimam Assayouti de Djingareiber ; du Centre AB Santao de Hammabangou et du centre Cheick Nouh de Kabara.
Dans tous ces centres, comme un jeu de Poker, la première et la deuxième force politique de Tombouctou (Adéma et Urd) se sont vu submergées par le vote massif de bulletins non estampillés par l'encre, de bulletins déjà votés et de bulletins non extraits des souches, soit un total de 47 bureaux où ces partis ne l'ont emporté dans aucun bureau.
À en croire toujours nos sources, toutes les urnes constatées par un huissier en présence du préfet de Tombouctou sont bourrées par ces faux bulletins. Dès lors, les vagues de contestations de la majorité écrasante de la citée des 333 saints ne faiblissent pas à travers des marches, des conférences, des meetings et autres rassemblements de populations sidérées par un complot. Les responsables de la liste Adéma-Urd ont saisi la justice pour l'annulation pure et simple des suffrages qui auraient pu être évités par les présidents des bureaux, n’eut été leur grande complicité à tous les niveaux, en violation flagrante des dispositions de l'article 89 de la loi électorale.
Par ailleurs, d'autres violations flagrantes de la loi électorale sont dénoncées par les populations dans leur écrasante majorité, notamment l’auto-proclamation de certains militants du Rpm comme présidents des bureaux de vote à Bellafarandi et la désignation des assesseurs dont les noms ne figurent pas sur la décision du préfet portant nomination des présidents et des assesseurs du cercle.
À ce niveau, des poursuites sont engagées contre ces personnes auprès du procureur de Tombouctou. Des détenteurs de faux bulletins sont aussi poursuivis au tribunal. En tous les cas, pour la paix civile et la stabilité de la cité de 333 saints, l'Etat et la justice se doivent de rétablir la vérité des urnes avant qu'il ne soit trop tard dans une situation déjà explosive au regard de la détermination des populations qui réclament justice.