« Le Commandant en chef de la Révolution cubaine est décédé à 22 h 29 ce soir. » C’est par cette laconique phrase prononcée par Raul Castro, président de la république de Cuba et frère du « Lider maximo » que le monde entier a appris la nouvelle dans la nuit du 25 au 26 novembre 2016. Il avait eu 90 ans le 13 août dernier. La sobriété de cette déclaration indique que cette mort était attendue par son entourage et par lui-même.
En effet, à la clôture du VIIe Congrès du parti communiste cubain, le 19 avril 2016, il avait déclaré d’une voix flageolante : « C’est peut-être la dernière fois que je parle dans cette salle.» Mais, même attendue, la mort est toujours une surprise. Paul Valéry (1871-1945) poète et écrivain français ne dit pas autrement quand il écrit : « « La mort est une surprise que fait l’inconcevable au concevable.»
Officiellement en retrait de la vie publique depuis près de 10 ans, Fidel Castro restait une ombre envahissante pour le pouvoir de Raul Castro. Aucun dirigeant en visite à Cuba n’estimait sa visite accomplie s’il n’avait pas une audience auprès de l’icône de la révolution. C’est dire que sa mort ne pouvait laisser les dirigeants du monde indifférents. Tous les témoignages sont unanimes sur au moins certains traits de caractère de Fidel Castro : honnêteté, courage, désintéressement. Ils rejoignent en cela, celui de son fidèle ami et compagnon de lutte Ernesto Che Guevara, « Le Che » qui a dit à son propos : « Un des hommes les plus nobles, les plus extraordinaires, les plus désintéressés que j’aie connus. » Ou encore Jessie Jackson, qui l’a qualifié de politicien le plus honnête et le plus courageux qu’il ait jamais rencontré.
Dans ce concert de louanges, de respect ou d’admiration une voix dissonante ; celle de Donald Trump, président élu des E.U. Il n’en pouvait être autrement si l’on tient compte que l’Etat de Floride qui a largement contribué à sa victoire concentre la plupart des américains d’origine cubaine, invétérés anticastristes sur des générations. Mais, est-ce à dire qu’il remettra en cause les nouvelles relations E.U / CUBA ?
Et nous autres africains ? Fidel a été un modèle, une icône pour beaucoup de générations d’africains nés après la deuxième guerre mondiale. Pour la plupart d’entre eux, le courage, la ténacité, la résistance contre l’état le plus puissant du monde et pendant plus de 50 ans ; le développement de son pays malgré l’embargo ; la solidarité avec les peuples africains sont des motifs d’admiration de l’homme de conviction et le combattant intrépide des causes justes que restera « Le Lider maximo ».
Selon Abraham Lincoln, « Ce qui compte, ce ne sont pas les années qu’il y a eu dans la vie. C’est la vie qu’il y a eu dans les années. » On peut dire que pour Castro, la vie qu’il y a eu dans ses 90 années, a été une vie sublime et bien remplie.