La sirène de victimisation du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) avait enchanté la France et d’autres pays d’Europe, voire l’ONU, lesquels croyaient, à tort, que cette nébuleuse terroriste avait la légitimité de parler au nom du peuple touareg du Mali. Les vrais touaregs maliens viennent de donner une réponse péremptoire à cette grossière erreur à travers une pétition de désaveu à l’endroit de ces irrédentistes. Ce qui devrait, si on est vraiment de bonne foi avec le Mali, changer la donne par rapport au dialogue politique.
Bilal Ag Achérif, chef de la rébellion touarègue du MNLA, (AFP)
Bilal Ag Achérif, chef de la rébellion touarègue du MNLA,
(AFP)
Les touaregs du Mali, c’est comme ça qu’il faut les appeler, sont finalement sortis de leur silence, à travers une pétition de désaveu lancée contre les apatrides du fantomatique Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Mieux vaut tard que jamais, serait-on tenté de dire.
Il y a des lustres, des voix s’étaient élevées pour demander aux touaregs de clarifier leur position par rapport à ces irrédentistes. Ça y est le message est tombé : « Nous, touaregs maliens, vieux et jeunes, nomades et sédentaires, réfugiés et déplacés, souhaitons, par la présente, nous exprimer légalement, pacifiquement et démocratiquement, afin de nous démarquer clairement du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) qui agit et revendique injustement et sans aucun mandat au nom de tous les touaregs du Mali et ce depuis sa création. Nous touaregs maliens, vieux et jeunes, nomades et sédentaires, refugiés et déplacés, estimons que nous n’avons pas à prouver notre patriotisme et notre attachement indéfectible à notre pays, le Mali, à ses institutions et ses valeurs, mais qu’il est de notre devoir de nous dissocier officiellement et publiquement d’un mouvement armé qui a utilisé et utilise encore des moyens violents pour s’exprimer en notre nom, en celui de notre peuple, sans jamais avoir consulté au préalable ses populations, ses leaders traditionnels, ses responsables politiques et religieux, et faisant ainsi fi de toutes les valeurs morales, traditionnelles, coutumières et ancestrales de la société touareg. Un mouvement qui a poussé l’arrogance au point de déclarer contre toute logique et contre toute légalité et pratique internationale, l’indépendance d’un Etat que nous ne reconnaissons pas et qui n’a aucune chance d’être reconnu, qui n’a jamais pu maîtriser même ses propres éléments qui ont commis en son nom des crimes et actes de vandalisme odieux, qui a tissé à un moment donné des relations ambigües et malsaines avec les milieux extrémistes islamistes et terroristes ».
Cette sortie musclée de la communauté touareg du Mali, à laquelle il faut donner une forme plus officielle afin d’être médiatisée, doit, à présent, convaincre les rares soutiens du MNLA à l’occident. C’est le président du Niger, Mahamadou Issoufou, qui l’avait d’abord martelé : le MNLA ne représente pas les touaregs.
La France, notre allié principal dans la croisade anti-terroriste doit maintenant se raviser. Elle qui avait rendu public un communiqué en son temps demandant aux autorités maliennes d’engager des pourparlers avec des groupes armés du Nord qui reconnaissent l’intégrité territoriale du Mali. « La France appelle les autorités maliennes à ouvrir des discussions avec les représentants des populations du Nord du Mali, y compris les groupes armés non terroristes reconnaissant l’intégrité du Mali. Les autorités maliennes doivent (…) engager sans plus attendre des discussions avec les représentants légitimes des populations du Nord (élus locaux, société civile) et les groupes armés non terroristes reconnaissant l’intégrité du Mali, en saluant l’adoption par le Parlement malien mardi d’une feuille de route politique pour l’après-guerre ».
A quel titre le MNLA peut-il être un interlocuteur, comme l’a si bien dit aussi le président de la République par intérim, Pr. Dioncounda Traoré, alors que ces sanguinaires sont des potentiels clients de la justice nationale et internationale ? Les députés l’ont dit au Premier ministre lors du vote de la feuille de route de la transition et les élus du Nord l’ont réitéré à chaque occasion : » Pas de négociations avec le MNLA parce qu’il n’a pas mandat à parler au nom de la communauté touarègue. Les vrais mandataires du peuple touareg sont connus. Il faut juste se référer à la sentence des urnes ».
La France, la Suisse, certains députés européens et le secrétaire général de l’ONU doivent maintenant comprendre que le MNLA est loin d’être fait pour la cause touarègue. Il n’est en réalité qu’une bande de criminels à col blanc qui ont tué, volé, violé et saccagé les symboles de l’Etat malien et de notre riche patrimoine culturel, au même titre que ceux qu’on appelle les terroristes. Ils ont mené l’aventure ensemble avant que ceux-ci ne prennent le dessus. L’allié du terroriste doit être aussi un terroriste et traité comme tel.