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Malgré l’engouement des opérateurs étrangers à investir au Mali : Les carences du secteur agricole accentuent l’insécurité alimentaire
Publié le jeudi 1 decembre 2016  |  Nouveau Réveil
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Des millions d’hectares de terre en jachère, d’autres mal exploités, certaines terres sont détournées de leur vocation, d’autres encore reclassées pour servir au bâtiment, une main-d’œuvre en désertion et des semences locales disparues du marché. Vue sous cet angle, la sécurité alimentaire du Mali semble bien compromise.
Déjà, il y a environ 3.500.000 maliens qui sont touchés par l'insécurité alimentaire. Ainsi, 500.000 d'entre eux dont 10.000 dans la région de Tombouctou sont dans une situation d'urgence. C'est ce qui ressort de la première réunion d'évaluation de la situation alimentaire nutritionnel du Mali. Pourtant on ne peut pas dire que la volonté politique a manqué avec les différents programmes agricoles, l’allégement des dettes des agriculteurs, les crédits bancaires à un taux raisonnable, etc.
Si bien que l’agriculture a été le principal secteur porteur de la croissance économique durant une bonne partie des années 2002. Au cours des cinq dernières années, sa croissance a évolué à un rythme annuel de plus de 5% en moyenne. En 2015, la valeur ajoutée du secteur représentait 10% du PIB.
Pourtant, les résultats semblent insuffisants, car même si le ministère de l’Agriculture avance un taux de couverture de nos besoins agricoles à hauteur de 70% par la production nationale, le pays reste entièrement dépendant des importations pour ce qui est des produits de première nécessité.
«L’État est appelé à venir en permanence à la rescousse pour sauver un marché national exposé aux pénuries dès lors que le secteur agricole national couvre à peine 15 à 20 % du marché en produits de première nécessité», observe Fadama Diarra, expert agronome.
La balance agricole et alimentaire est déficitaire et a quadruplé entre 2000 et 2011. «On couvre 70% de nos besoins en fruits et légumes, entre 80% et 100% pour la viande rouge et blanche, mais on ne couvre localement que 30% de nos besoins en céréales et moins de 50% en matière de lait», argumente Alou Badra, expert en sécurité alimentaire.
Dépendance
Une dépendance aux conséquences économiques directes et pas seulement en termes de sorties en devises. D’après les données de recherche, une hausse de 15% des prix agricoles sur le marché international coûte au Mali 0,8% du PIB en raison d’une facture d’importations agricole représentant 5,5% du PIB à plus de 3 milliards de dollars.
Mais le problème pour le Mali ne s’arrête pas là. Car la dépendance aux produits agricoles commence à la base. Des experts dans le domaine agricole ont en effet tiré la sonnette d’alarme sur le fait que 80% des semences locales ont disparu et que celles qui sont importées ne font que renforcer la dépendance du Mali puisqu’il s’agit majoritairement de semences hybrides utilisables une seule fois.
Déperdition
Le ministre de l’Agriculture reconnaît qu’il existe un problème de semence qui est en train d’être pris en charge, mais il admet aussi que son règlement prendra des années. Quand ce n’est pas la dépendance aux importations qui pose problème, c’est la déperdition des superficies agricoles qui inquiètent.
Les besoins en construction de logements et d’investissements industriels empiètent sérieusement sur le foncier agricole, mettant à l’arrêt des exploitations agricoles entières. En 2015, ce sont près de 3000 hectares de terres agricoles qui ont été reclassées au bénéfice de l’industrie.
À cela s’ajoutent quelque 3 millions de terres qui demeurent en jachère, soit plus d’un tiers de la surface agricole utile (7,5 millions d’hectares). Certaines sont considérées à haut potentiel. Le chiffre est important, mais pour Bakary Togola, président de l’Assemble Permanente des Chambres d’Agriculture du Mali (APCAM), il y a lieu d’abord «de s’inquiéter des terres qui sont censées être en exploitation mais ne le sont pas».
Pourtant le gouvernement a pris ces dernières années des décisions allant dans le sens de l’amélioration de la production agricole et de la couverture des besoins nationaux à travers des mécanismes d’aides directs au profit des agriculteurs.
Ces derniers se sont vu effacer en 2015 une partie de leur dette, mais la décision n’aurait pas profité à qui de droit. Selon une source, «50 à 60% de cet effacement n’a pas bénéficié aux véritables agriculteurs qui en avaient le plus besoin».
Ambitions
En cette période de crise, où l’agriculture se positionne comme une alternative de développement, la question de la sécurité alimentaire pose indéniablement l’impératif de réduire la dépendance aux importations pour les produits de première nécessité. Toutefois, la solution résiderait dans un changement radical des politiques agricoles, dont la contrainte de dépendance vis-à-vis du produit agricole étranger doit constituer l’axe de développement.
Dans ce cadre, le plan d’action agricole 2016-2019 prévoit la réduction de 30% de la facture des importations alimentaires (3 milliards de dollars par substitution (poudre de lait, blé dur, semence pomme de terre, viande bovine et tomate industrielle) et le doublement des exportations.
Pour ce faire, des efforts seront concentrés sur un certain nombre de filières, dont la céréaliculture, les légumes secs, le lait, les cultures fourragères, les viandes bovines et blanches, la pomme de terre, la tomate industrielle.
Youssouf Konaré
Source: Le Nouveau Réveil
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