Le chef de l’Etat présentera l’expérience malienne de restauration des biens culturels saccagés lors de l’occupation du Nord en 2012. Il mettra aussi à profit son séjour pour raffermir nos relations de coopération avec ce riche émirat
Le président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, est arrivé hier à Abu Dhabi, capitale des Emirats arabes unis (EAU) où il prendra part à la Conférence internationale pour la protection du patrimoine culturel dans les zones de conflit qui s’ouvre ce matin. Il est accompagné de son épouse, Mme Keita Aminata Maïga, du ministre de la Culture, Mme N’Diaye Ramatoulaye Diallo. La délégation présidentielle comprend aussi le directeur de cabinet du président, Ibrahim Traoré, et le grand imam de Tombouctou, Abderhamane Ben Essaouti.
Le chef de l’Etat a été accueilli à l’aéroport par le ministre émirien de l’Environnement et du Changement climatique, Thani Al Zaiodi. Les deux personnalités ont ensuite eu un bref entretien dans le salon présidentiel avant que le président ne regagne le ST-Regis (l’hôtel où il a pris ses quartiers). Il a franchi les portes de cet établissement hospitalier sur les notes d’une pianiste qui répétait inlassablement ses gammes en live.
A son arrivée à l’hôtel, Ibrahim Boubacar Keita a eu des échanges de poignées de main avec le reste de la délégation malienne avant d’avoir un petit mot taquin pour les journalistes qui l’accompagnent. « Vous les journaleux, vous êtes là », dira-t-il affichant un sourire rassurant pour ses interlocuteurs.
Il y avait aussi le nouvel ambassadeur de notre pays à Abu Dhabi, Boukary Sidibé dit Kolon qui s’attachera désormais au raffermissement de nos liens avec cette cité futuriste qui offre de nombreuses possibilités de coopération et des opportunités d’affaires.
Le président Keita assistera donc à la conférence internationale pour la protection du patrimoine culturel dans les zones de conflits qui se tient à l’initiative de la France et de Abu Dhabi. Le fonds qui sera créé et pour lequel la France s’est engagée à mettre dans la cagnotte 30 millions de dollars, sera une véritable bouffée d’oxygène pour les pays qui souffrent du phénomène. Il ressort des informations recueillies auprès des autorités en charge de la culture que ce fonds devrait être plutôt orienté vers des pays qui vivent une situation plus grave que le nôtre en termes de conséquences désastreuses des conflits sur le patrimoine culturel. Sans les citer, certains pays du Moyen-Orient seraient plutôt sur la liste des bénéficiaires de ces ressources.
Pourtant, notre pays est concerné aussi par cette situation dramatique du patrimoine en péril. Le Mali a été victime du pillage de son patrimoine lors de l’occupation des régions septentrionales en 2012. Des monuments historiques, notamment les mausolées et autres manuscrits anciens ont été saccagés par une horde de terroristes se réclamant de l’islam. Le combat des autorités maliennes va être d’amener la communauté internationale à faire un clin d’œil à notre pays qui n’a pas attendu l’aide des autres pour commencer à restaurer ou réhabiliter une partie de son patrimoine culturel.
La rencontre sur le patrimoine culturel en péril va montrer toute l’importance de la protection de ces biens. Le monde doit s’exprimer de la même façon sur les destructions du patrimoine culturel et condamner les actes de ceux qui saccagent ces biens culturels, dans les localités embrasées par des conflits internes ou autres guerres fratricides. Ces drames humains peuvent avoir de graves conséquences sur l’histoire de l’humanité.
Selon nos informations, la Conférence internationale s’attachera aussi, au-delà de la création du fonds de lutte contre le pillage des biens culturels, à la mise en place d’un conseil de membres avec des voies délibératives et d’autres avec des voies consultatives. Ce conseil comprendra naturellement la France et Abu Dhabi, deux partenaires financiers. Il est prévu que quatre autres pays représenteront le monde. Il faudra bien que l’on prenne en compte notre continent et qui peut mieux représenter l’Afrique plus que le Mali, dans ce contexte ?
Le ministre de la Culture, Mme N’Diaye Ramatoulaye Diallo, a expliqué la nécessité de positionner le Mali car nous sommes le premier pays à avoir commencé à réhabiliter son patrimoine culturel après le conflit, voire pendant le conflit. Elle a également rappelé qu’il existe une convention de la Haye à laquelle nous avons adhéré et qui protège le patrimoine en cas de conflit.
« Nous sommes un exemple dans le monde entier et l’UNESCO ne cesse de brandir le cas malien en exemple. Ce leadership malien va être partagé et défendu au cours de cette rencontre internationale à Abu Dhabi », a souligné Mme N’Diaye Ramatoulaye Diallo.
En marge des travaux de la Conférence internationale pour la protection du patrimoine culturel dans les zones de conflits, le président de la République participera aussi à la fête de l’indépendance des Emirats arabes unis (EAU) et doit inaugurer les locaux qui abriteront désormais la représentation diplomatique malienne à Abu Dhabi.