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Entre nous : Une démocratie pervertie par « l’argent »
Publié le vendredi 2 decembre 2016  |  Le challenger
Les
© aBamako.com par A S
Les élections communales du 20 Novembre 2016
Les maliens sont allés au urnes le 20 Novembre 2016 dans le cadre des élections communales. Photo: bureau de vote.
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Les élections communales tenues le 20 novembre dernier ont été marquées, selon de nombreux observateurs, par un achat de conscience avec la mise en jeu de billets de banque de 1000, 2000, 3000 et 5000 FCFA ! La foire aux électeurs a bel et bien eu lieu, le 20 novembre dernier, dans le district de Bamako.

Une démocratie a nécessairement besoin de financement pour sa survie. C’est pourquoi le Président Alpha Oumar Konaré a instauré le financement public des partis politiques qui avait été rejeté en 1991 par la conférence nationale. Et chaque année, des milliards sont distribués entre les formations politiques jugées éligibles par la section des comptes de la Cour Suprême. Mais, il faut reconnaître que l’achat des électeurs fausse le jeu démocratique et constitue une menace réelle pour l’exercice du pluralisme démocratique.



« Si le Parena a un seul enseignement à tirer, c’est de travailler avec d’autres à la constitution d’un pôle politique qui va combattre le tripatouillage électoral et l’achat de conscience. Faute de quoi, nous autres, allons purement et simplement disparaître de la scène politique », déclarait le Secrétaire général du Parti pour la Renaissance Nationale, Djiguiba Kéïta dit PPR dans les colonnes de notre confrère L’Aube. Dans un communiqué en date du 25 novembre, l’ADEMA-PASJ, par la voix du Président de son comité exécutif, Pr Tiémoko Sangaré, s’inquiétait devant la grande corruption qui a caractérisé ces élections communales. Les Fare An ka Wili de Modibo Sidibé constatent l’intrusion massive de l’argent dans les élections en violation de toutes dispositions législatives en la matière. « Jamais des élections communales n’ont été aussi perverties par l’argent, l’achat des consciences », ajoutent les Fare An ka Wili.

Les partis politiques sont responsables et victimes de l’intrusion massive de l’argent dans les élections. Leur responsabilité générale se situe dans leur incapacité à former des militants véritablement conscients que leur bulletin de vote est plus puissant qu’une arme. Les partis politiques n’ont pas de militants mais des électeurs. Si les partis politiques ont pour raison d’être la conquête et l’exercice du pouvoir d’Etat, ils ont pour missions entre autres de former leurs militants.

La perversion de la démocratie par l’argent n’a pas commencé avec les dernières élections communales. De même que l’achat des consciences. D’année en année, le phénomène prend de l’ampleur. Ce qui menace dangereusement la démocratie donc le socle même de la République. A ce rythme, il n’est pas à exclure qu’un grand trafiquant de drogue ou un adepte de la « mafia » accède à la magistrature suprême grâce à la puissance de sa fortune. Nous assistons déjà à l’intrusion des opérateurs économiques au parcours sulfureux. Aujourd’hui, seuls les hommes politiques se montrant généreux avec l’argent mal acquis, sont adoubés par les populations y compris les dignitaires religieux.

Il serait facile de réduire l’influence négative de l’argent à la seule scène politique. En fait, l’argent a en train de détruire toutes les valeurs sociétales et culturelles qui faisaient la fierté et l’authenticité de la société malienne. La tendance générale est une course effrénée à l’argent facile. Peu importe la manière ou le chemin ! Ce qui fait qu’il est difficile au Mali de mener certains combats idéologiques et de les gagner, contrairement à certains pays de la sous-région.

Par Chiaka Doumbia



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