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Mali : Gao sous la menace des snipers et des islamistes infiltrés
Publié le vendredi 22 fevrier 2013  |  AFP


© AFP par DR
Crise au nord du mali : un véhicule explose près d’un camp français à Kidal
Jeudi 21 février 2013. A Kidal, à 1.500 km au nord-est de Bamako. Un "véhicule est arrivé en filant vers le sud-ouest" de la ville et "a explosé à environ 500 mètres du camp occupé par les Français et les Tchadiens


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GAO (Mali) - Il est 09H30 (locales et GMT) vendredi à Gao. Un homme en guenilles, bavant, s’avance en riant vers le poste militaire de la place de l’Indépendance, où de violents combats ont opposé jeudi des islamistes infiltrés à l’armée malienne, appuyée par les forces françaises.

"Faut laisser, c’est un fou!". L’homme rit toujours, refuse de s’arrêter malgré les sommations, avant de se laisser tomber à terre. Un officier l’attrape par le col et le hisse dans un pick-up. Direction la gendarmerie.

"C’est quoi ça ? Ca va pas ?", lance le colonel Mamadou Samaké, furieux.

"Vous dites +c’est un fou+ mais vous savez que ces gens se déguisent. Et si c’avait été un kamikaze déguisé en fou ?".

La tension restait extrêmement vive vendredi dans le centre de Gao où, régulièrement, des tirs d’armes automatiques retentissent. "Il y a des snipers partout", dit le colonel Samaké.

A 50 m du poste de commandement, la mairie et le palais de justice témoignent de la violence des affrontements de la veille. Le tribunal a été éventré par les roquettes maliennes. Les bâtiments de la mairie ont été détruits par un missile tiré par des hélicoptères français arrivés en renfort.

"Hier mes hommes ont sauté sur une mine devant la mairie, il y en a une deuxième, grosse, qu’on a marquée en posant une table dessus", explique le colonel Samaké. A l’intérieur des deux édifices, les cadavres des insurgés n’ont toujours pas été évacués.

"Il y en a beaucoup, certains portaient des ceintures explosives, les corps sont déchiquetés. Mais d’autres sont tombés et tiennent encore des grenades dégoupillées à la main", raconte-t-il.

Des journalistes de l’AFP ont pu voir à l’intérieur du palais de justice, maculé de projections de sang jusqu’au plafond, deux cadavres recroquevillés contre des murs criblés d’impacts de balles, ainsi qu’une tête et une jambe arrachés, appartenant sans doute à un kamikaze, selon l’armée malienne. De nombreuses grenades, certaines dégoupillées, jonchent le sol.

Dans la mairie, les corps de quatre hommes ont été découverts, parmi lesquels deux entièrement déchiquetés.

Les soldats maliens sont déployés tout autour de la place et dans les rues adjacentes, juchés sur des pick-ups armés de mitrailleuses lourdes.

"La population pose problème"

Des tireurs d’élite sont allongés au milieu de la rue de la mairie, qui donne accès au fleuve Niger, où des snipers ont été signalés. Des dizaines de douilles de 12 et de 14,5 mm jonchent le sol, témoignant d’un déluge de feu.

Les combats ont fait 15 à 20 morts côté islamistes, quatre blessés côté malien et deux chez les Français, selon un bilan officiel de l’état-major à Paris.

Des éléments de la Force d’intervention rapide (FR) malienne sont positionnés sur une terrasse de l’Assemblée régionale de Gao, qui jouxte le palais de justice.

Là, le sergent "Ben" explique à l’AFP que ses hommes et lui sont sur place depuis plus de 24 heures, "sans dormir". Ils ne savent pas quand ils seront relevés.

Soudain, des tirs éclatent, des cris fusent. Des tireurs du Mouvement pour l’Unicité et Jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), embusqués sur le toit du marché central, ont pris pour cible une section malienne qui surveille le quai qui longe le fleuve Niger.

Un groupe de militaires investit le marché et en évacue plusieurs dizaines d’hommes, des jeunes pour la plupart. Rapidement, ils sont alignés sur la place, déshabillés et fouillés. Certains portent de grosses sommes d’argent dans les poches, trois ont été reconnus et sont "suspectés d’être des Mujao".

"La population nous pose problème", témoigne le sergent "Ben". "Il y a des jeunes qui vont piller, et les +moujihadistes+ (sic) sont infiltrés parmi eux".

Le calme revient, mais temporairement, savent les militaires maliens.

En début d’après-midi, des éléments maliens se sont positionnés devant la mairie et le palais de justice qu’ils ont arrosés au lance-roquette et à la mitrailleuse. Après plus d’une heure de tirs et explosions incessants, le colonel Samaké revient à son poste satisfait: "Il y a eu une riposte à la mairie. Il y en avait encore au moins un de vivant, mais là, ils sont tous
morts".

Les démineurs français, arrivés sur place, peuvent intervenir. Selon une source militaire, la plupart des engins explosifs retrouvés n’étaient pas activés.

alc/stb/aub

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