Dans son rapport, dénommé «Dirty Diesel », publié en septembre dernier, l’ONG Public Eye dénonçait la qualité des carburants commercialisés en Afrique, notamment par les multinationales comme Shell et Oryx.
Par Inf@sept - 2 Déc 201600
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Shell
Dans son rapport, dénommé «Dirty Diesel », publié en septembre dernier, l’ONG Public Eye dénonçait la qualité des carburants commercialisés en Afrique, notamment par les multinationales comme Shell et Oryx. Quelle est la situation au Mali ? Quel contrôle pour nos produits pétroliers ? Que font les associations de consommateurs suite à la publication de ce rapport ? Pour en savoir davantage, nous avons contacté les structures et entreprises concernées comme l’ONAP, l’entreprise Vivo Energy Mali, détentrice de la marque commerciale Shell, Oryx -Mali et quelques responsables d’associations de défense des consommateurs au Mali qui nous donnent quelques éclaircissements.
Faut-il le rappeler, le rapport de l’ONG suisse Public Eye « Dirty Diesel » publié le 15 septembre 2016 a fait découvrir au grand public que beaucoup d’entreprises, notamment Shell et Oryx commercialisaient de carburants de qualité inférieure, voire toxiques dans plusieurs pays africains dont le Mali. L’ONG affirme avoir procédé à l’analyse d’échantillons de carburants prélevés dans certains pays dont le Mali en août 2014. Selon les résultats, les produits disponibles à la pompe dans ces pays ne seraient pas vendus ailleurs qu’en Afrique. Les analyses auraient révélé des teneurs en soufre très élevées comparativement à l’Europe et aux Etats Unis. En fait, selon le rapport, dans les carburants vendus en Afrique, la quantité du souffre serait très élevé. A l’Office national des produits pétroliers, (ONAP) on tente de rassurer en indiquant que «les produits pétroliers consommés au Mali sont conformes aux spécifications nationales fixées par un arrêté interministériel». Approché, les responsables de l’ONAP nous demandent de nous référer à leur communiqué publié en date du 19 septembre 2016. On peut lire dans ce communiqué que «le Mali s’approvisionne auprès des raffineries et des dépôts de la sous-région où les produits sont inspectés et contrôlés par un bureau de vérification international. Les camions citernes sont ensuite scellés jusqu’à leur destination. A la réception, les mêmes produits sont contrôlés par les dépôts de stockage au Mali. Le même contrôle est effectué avant leur mise à la consommation».
Il importe de retenir ici qu’au niveau des raffineries de la sous-région qui fournissent les produits pétroliers au Mali, la teneur en soufre du gazole est de 0,5% c’est-à-dire 5 000 ppm, parties par million. On voit que comparativement aux pays européens et les Etats Unis, où la teneur en soufre est de 0,005% (50 ppm), celle admise en Afrique reste très élevée.
Du coté de Shell Mali, approché par nos soins, son chargé à la communication, M. Mahamane Maïga indique que le carburant commercialisé au Mali par sa société répond aux normes fixées par les autorités maliennes qui est de 5000 PPM, soit 0,5% de taux de souffre. Nos différentes tentatives de rapprocher les responsables d’Oryx Mali pour avoir leur réaction sur le sujet ont été vaines.
A l’Association des consommateurs du Mali (ASCOMA), on dénonçait le fait que nos textes présentent de nombreuses insuffisances parce qu’aucune loi nationale n’interdit ou ne précise de conditions à l’entrée de carburant dans notre pays. Toutefois, les Associations de défense des consommateurs avouent être limitées en termes de moyens financiers pour faire de vérifications sur la qualité des carburants commercialisé au Mali.
Le scandale ainsi dévoilé a posé sur la table la question des législations maliennes, voire sous-régionale en ce qui concerne la qualité du carburant commercialisé sous nos tropiques.
Nécessité de revoir les textes en la matière
Affirmant être limitées par les technologies très coûteuses pour diminuer la teneur en soufre du gazole, les raffineries de la sous-région laissent passer des carburants toxiques pour la santé publique.
Comme quoi, il y a une nécessité à revoir les législations en la matière. Ainsi, à l’ONAP, on indique la relecture des arrêtés fixant les caractéristiques du gazole et que le Distillat Diesel Oil est en cours afin de réviser la teneur en soufre. Même son de cloche au niveau de l’Association des Raffineurs Africains (ARA), où également, la nécessité de réduire la teneur en soufre des carburants commercialisés en Afrique est reconnue. Elle a donc fixé des taux dégressifs à atteindre. C’est ce qui a amené les raffineries à investir pour réduire cette teneur.
Pour rappel, selon l’ONAP, la commercialisation d’hydrocarbures au Mali est conditionnée au contrôle de la douane, de la Direction nationale de la géologie et des mines et de la Direction nationale du commerce et de la concurrence, qui délivrent des autorisations à l’importateur. Il convient cependant de souligner qu’il n’existe pas de réglementation uniforme au niveau de la sous-région, chaque pays déterminant le seuil maximal de soufre dans les hydrocarbures qu’il importe.
Alors, vivement l’adoption de textes réglementant vigoureusement l’importation de produits pétroliers au Mali pour le bonheur des consommateurs.