Sikasso (Mali) - Le procès du chef de l’ex-junte malienne
Amadou Sanogo, poursuivi pour implication dans l’assassinat d’une vingtaine de
soldats en 2012, a été une nouvelle fois ajourné vendredi après un boycott des
avocats de la défense et des parties civiles, a constaté un journaliste de
l’AFP.
Le procès, qui se tient à Sikasso (sud, environ 380 km de Bamako), s’était ouvert mercredi puis avait été renvoyé une première fois à vendredi. Il a été reporté à lundi, a annoncé vendredi le président de la Cour d’assises, expliquant que ce nouveau renvoi doit permettre de "trouver" une solution à l’absence des avocats de la défense et des parties civiles.
Le procureur de la Cour a également fait part de "problèmes de sécurité" allégués par ces avocats pour justifier leur absence du prétoire.
"Des forces de l’ordre nous interdisent d’entrer dans le tribunal avec nos téléphones portables. Pour nous, c’est une question de sécurité. C’est une violation de nos droits. Nous ne pouvons pas plaider", a déclaré à l’AFP Cheick Oumar Konaré, un des avocats de la défense, sans plus de détails. Des avocats des parties civiles ont fait part à l’AFP des mêmes problèmes de sécurité.
Amadou Sanogo a affirmé à l’AFP vendredi avoir "hâte de livrer sa part de vérité", estimant cependant préférable un report de l’audience.
Il fait partie de 17 prévenus, tous militaires. Tous sont poursuivis pour "enlèvement et assassinat, complicité d’enlèvement et d’assassinat" de parachutistes, dont les corps ont été retrouvés dans un charnier en décembre 2013 près de Kati, où se trouvait le quartier général de Sanogo.
Ces parachutistes, membre d’une unité d’élite dite des "Bérets rouges", étaient opposés au putsch de mars 2012 mené par Amadou Sanogo qui a renversé le président Amadou Toumani. Ils avaient vainement tenté un contre-coup d’Etat un mois plus tard avant d’être pourchassés par les putschistes.
Les corps d’une vingtaine "Bérets rouges" avaient été retrouvés en décembre 2013 dans un charnier près de Kati, où se trouvait le quartier général de Sanogo.
Le putsch de mars 2012 a précipité la déroute de l’armée face à la rébellion touareg et aux groupes jihadistes qui ont contrôlé le nord du Mali de mars-avril 2012 jusqu’à mi janvier 2013.
Les jihadistes ont été dispersés et en grande partie chassés de ces régions à la suite du lancement en janvier 2013 d’une intervention militaire internationale qui se poursuit actuellement.