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Application de l’Accord: l’heure de vérité !
Publié le samedi 3 decembre 2016  |  Info Matin
Cérémonie
© aBamako.com par A S
Cérémonie de signature de l`accord de paix par la CMA
La CMA a signé l`accord de paix et réconciliation le 20 Juin 2015 à Bamako
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Ils ont été câlinés, cajolés, bercés ; rien n’y a fait. Les Mouvements armés, en particulier la Coordination des mouvements armés (CMA) a persisté dans leur fuite en avant dans la mise en œuvre de l’Accord.

Ils ont été câlinés, cajolés, bercés ; rien n’y a fait. Les Mouvements armés, en particulier la Coordination des mouvements armés (CMA) a persisté dans leur fuite en avant dans la mise en œuvre de l’Accord. Ils viennent d’être rattrapés par le Comité de Suivi de l’Accord (CSA) qui a lancé un ultimatum pour l’établissement des Autorités intérimaires et l’opérationnalisation des patrouilles du Mécanisme Opérationnel de Coordination (MOC).

Fin de course pour les preneurs d’otages de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger. Parce que les entraves au processus de paix et de réconciliation, ce ne sont pas seulement les activités des groupes terroristes qui multiplient indistinctement les attaques asymétriques contre les paisibles populations civiles, nos Forces de défense et de sécurité, les Contingents de la MINUSMA et la Force française BARKHANE. Ce sont aussi et surtout certains acteurs clés du processus, à savoir principalement ceux de la CMA. Cela, quand bien même la Plateforme s’attendait à des dividendes de son imposture.

L’insolite
La Communauté internationale qui, jusqu’alors, avait fait preuve de complaisance, si ce n’est de complicité vis-à-vis de la Coordination des Mouvements armés (MNLA, HCUA, MAA dissident) hausse désormais le ton. Il faut que les lignes bougent par rapport à l’opérationnalisation du Mécanisme opérationnel de Coordination (MOC) et des patrouilles mixtes ainsi que l’installation des Autorités intérimaires. Cela a été explicitement signifié aux ex-rebelles et djihadistes qui usent et abusent du dilatoire. D’où, l’exhortation du Comité aux Parties de faire preuve de bonne foi et de confiance mutuelle. Mais il ne s’agit évidemment que d’une figure de style, puisqu’il a décidé de prendre les choses en main.

Les décisions fortes attestent de ce passage à la vitesse supérieure. En effet, le Comité a décidé de la mise en place d’un groupe de travail, sous la Présidence du Haut Représentant du Président de la République, afin de permettre le lancement effectif de la période intérimaire notamment l’installation des Autorités intérimaires et l’opérationnalisation des unités du MOC immédiatement à Gao et à Kidal, le 10 décembre 2016 au plus tard.

Dans un souci d’efficacité et afin de garantir aux travaux de ce groupe les meilleures chances de succès, la participation de la CMA et de la Plateforme doit être assurée au plus haut niveau de leur hiérarchie, tout comme le Haut Représentant est habilité à inviter à ces travaux toute personnalité qu’il considère en mesure d’apporter une contribution positive. Le délai imparti à ce groupe de travail pour l’accomplissement de sa mission ne doit pas excéder 5 jours.
Cela s’appelle un ultimatum. Ce qui a manqué jusque-là et qui a permis aux Mouvements armés, en l’occurrence l’ex-rébellion, de jouer les prolongations à n’en pas finir. D’où, les accusations qui fusaient de toutes parts relativement au laxisme, sinon la partisanerie de la Communauté internationale qui est garante de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger.

Cette position du Comité de suivi de l’Accord est d’autant plus insolite que son Président, l’Ambassadeur Ahmed Boutache d’Algérie, dans sa déclaration liminaire à l’ouverture de la 8e session du CSA, disait : « il a été, je dirais, globalement constaté que deux questions continuent en quelque sorte d’empêcher tout progrès substantiel dans le processus de mise en œuvre de l’Accord. Il s’agit d’une part de la question de l’administration intérimaire. Et d’autre part, de mécanismes sécuritaires.

À ce sujet, il convient de préciser que les représentants des mouvements font des avancées et des progrès au niveau des mécanismes sécuritaires ou plutôt ils conditionnent les progrès au niveau des mécanismes sécuritaires par des progrès au sujet de l’administration intérimaire et nous croyons comprendre que du côté du Gouvernement, c’est la position inverse qui prévaut ».
Ainsi, c’était les Mouvements armés qui, contrairement au Gouvernement, étaient partisans de l’accélération du processus d’établissement des Autorités intérimaires et l’opérationnalisation du MOC.

Le piège à rats
Mais la vérité finit toujours par rattraper le mensonge. Tout a été mis en œuvre pour que ces deux questions soient résolues : infrastructures, logistiques (armes, munitions, véhicules, tenues, carburant pour les éléments des Patrouilles mixtes ; mobilier de bureau pour le MOC). Pourtant, après avoir donné son accord pour l’installation des Autorités intérimaires, le 7 novembre dernier, la CMA s’est rebiffée, estimant qu’il fallait préalablement opérationnaliser le MOC. La Plateforme non plus n’a pas ramé à contre-courant. C’est cela le modèle parfait de la fuite en avant.

À présent, au regard de la mansuétude dont bénéficie la CMA auprès de ceux que l’on sait, l’on est en droit de s’interroger sur la portée de l’élévation de ton du Comité : mythe ou réalité ? Est-ce un bluff visant à remonter la pente du discrédit qui frappe le CSA qui offre la piteuse image de s’aplatir devant d’anciens rebelles partisans impénitents de l’État de non-droit ?
L’on ne peut être mieux lié que par ses propres propos. À l’expiration de l’ultimatum, les Maliens seront définitivement situés sur les intentions de la Communauté internationale au visage difforme. Va-t-elle sévir ou continuer à laisser faire ? That is the question.

Par Bertin DAKOUO
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