Au Mali, la vie étudiante est faite de grèves, de bourses en retard, de notes que l’on peut acheter. C’est du moins ce que dénonce un étudiant qui a décrit les frasques de la vie estudiantine malienne au gré de nombreuses chroniques humoristiques dans les journaux locaux. Ces chroniques sont désormais compilées dans un vivre intitulé Etre étudiant au Mali.
Les chroniques de Boubacar Sangaré sont souvent drôles. Parfois, elles sont plus acerbes, comme lorsqu’il découvre qu’à la fin de l’année, professeurs, dirigeants et même associations d’étudiants se regroupent dans un juteux business d’achat de diplômes, l'un des nombreux problèmes de la vie d’étudiant au Mali.
« Dans ce livre, je parle des problèmes auxquels les étudiants sont confrontés ; les bourses qui n’arrivent pas à temps, les grèves interminables - celles des étudiants et celles des profs -, les années académiques tronquées, le népotisme, la corruption, le favoritisme... C’est de ces choses-là dont je parle », explique l'auteur.
Boubacar Sangaré est parti près d’un an aux Etats-Unis pour enseigner le français, avant de revenir à Bamako. Il est revenu avec une certitude : le matériel ou l’argent ne suffiront pas à faire changer les choses : « Je n’accuse pas que les professeurs et l’Etat. Nous, les étudiants, avons aussi une grande part de responsabilité dans la situation qui prévaut au niveau de l’université. »
« La prise de conscience, plaide Boubacar Sangaré, elle doit se faire à tous les niveaux. Aujourd’hui, cela ne sert à rien de faire des réformes, d’amener des bibliothèques, de construire des infrastructures, tant que les mentalités ne changent pas. Sinon, on ne bougera pas d’un iota. »
L’auteur ne se fait pas d’illusions. Peu de chance que son livre devienne un best-seller. L’étudiant malien a d’autres priorités, dit-il. Mais le livre sera au moins présent dans certaines bibliothèques universitaires.