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Marabout : Un métier d’avenir
Publié le lundi 5 decembre 2016  |  Le 26 Mars
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Etre marabout est de nos jours une profession rentable, très éloignée des pratiques traditionnelles. Pourtant, les clients sont toujours plus nombreux à les consulter, au risque de se faire abuser.

A.D. a passé vingt-cinq ans en France. Il rentre au pays pour se bâtir une maison et profiter de sa retraite. Il rencontre un marabout qui lui dit : « Donne-moi 10 000 Fcfa, je t’en ferais 30 000 ». L’opération se répète trois fois et, à chaque fois, A.D. touche son argent. Puis un jour, le marabout insiste : “Vends ta maison, je t’en ferais aussi trois fois le montant”. Séduit par l’argent facile, A.D. se laisse convaincre. Il ne touchera jamais la somme promise.



Le marabout s’est servi des petites sommes pour gagner sa confiance. Il est parti avec l’argent de la maison. « Ma pension ne me permettra pas d’avoir une autre maison et d’entretenir ma famille comme je le faisais avant, se lamente A.D… Comme lui, des comptables, des caissiers, des trésoriers d’associations, des commerçants ont perdu des fortunes aux mains de faux marabouts.

Marabout à tout faire

Le “maraboutage” d’hier, qui se transmettait de génération en génération, est devenu une véritable profession, qui attire de plus en plus d’escrocs. Le métier est rentable et il n’est pas fatigant.

Au Mali, ces nouveaux marabouts sont souvent maliens, gambiens, guinéens, sénégalais et parfois mauritaniens.

Véritables hommes à tout faire, ils ignorent les pratiques traditionnelles et abusent de la crédulité de leurs victimes.

Plus les temps sont durs, plus ils sont nombreux et plus ils sont sollicités. Certains payent même des intermédiaires (des sortes d’agents commerciaux) qui vantent leurs capacités et leur trouvent des clients.

Les Maliens sont de gros “consommateurs” de marabouts et ils sont souvent des proies faciles. Quand ils n’ont plus assez d’argent pour payer le marabout, ils donnent leurs vêtements, leurs parures ou bien un autre produit de valeur.

Au village, ils offrent un mouton, un bœuf ou cultivent le champ du marabout…

Quand ils ne lisent rien dans les cauris, les vrais marabouts le disent à leurs clients et leur indiquent dans quel village se trouve le marabout qui pourra les aider. Les nouveaux marabouts ont moins de scrupules. “Le marabout d’aujourd’hui veut tout faire et ne recule jamais devant l’argent”, explique depuis sa minuscule chambre-cabinet, le marabout d’un quartier populaire de Bamako.

Dans cette pièce, tout est fait pour impressionner le visiteur… le sol est recouvert de peaux de bêtes sur lesquelles s’étalent des cauris qui serviront à entrer en contact avec les esprits. Il y a aussi des sacs de poudres multicolores, des cornes recouvertes d’étoffe rouge, des feuilles, des racines et des pages remplies d’écritures…

Au centre de la chambre, trône une bouteille emballée dans de la peau de serpent et parsemée d’amulettes. Deux bâtons couverts de fil pivotent sur son goulot, en direction des quatre points cardinaux. Ils dicteront la réponse du marabout aux questions qui lui seront posées sur la recherche d’un emploi, une peine de cœur ou encore une maladie.

Les recettes du faux marabout vont de l’obligation de porter des gris-gris (ce qui se fait moins car c’est voyant), aux sacrifices, en passant par la prescription de bains et les recommandations les plus inattendues : “Enterre cette corne de génisse la nuit sur une tombe, juste là où se situe la tête du mort”. Ou encore : “Casse cet œuf à la croisée de deux chemins avant de te débarrasser de cette cola où sont plantées trois aiguilles”. Selon un sociologue, “de nombreux marabouts et guérisseurs dissimulent leur manque de savoir derrière des incantations que n’ont jamais utilisé ceux qui ont transmis le savoir”.

Les marabouts qui réussissent le mieux sont ceux qui prétendent avoir des dons de voyance et les guérisseurs.

Cette femme souffrait d’une maladie que les médecins n’arrivaient pas à soigner. Elle se décide à aller voir un marabout qui lui dit : “Cherche un trou à droite de ta porte. Creuse avec la main jusqu’au coude. Tu trouveras un gri-gri emballé dans une étoffe blanche. Sors-le et garde-le. En moins de sept jours, une femme va faire une chute dans la maison et se casser la jambe. Ce sera la preuve que c’est elle qui a enterré cette chose qui te rend malade”. La femme obéit. La même semaine, la mère de sa co-épouse se casse la jambe. “Depuis ce jour je suis guérie de ma maladie”, assure-t-elle.

“Tu as une co-épouse d’une noirceur rare aujourd’hui (à cause des pommades éclaircissantes), dit un autre. Regarde bien sa main gauche. Le petit doigt est toujours collé à l’annulaire qui porte une bague faite de deux métaux différents (argent et bronze). Elle a trois enfants. Le second, qui est une fille, est mort en bas âge…” Comment ne pas croire celui qui vous connaît si bien ?

Pas facile de distinguer le faux du vrai.

Pour se protéger contre le maraboutage des autres, certains Maliens ont recours au “contre-maraboutage” : ils demandent à un marabout de repousser les manœuvres dirigées contre eux : “Tout ce que fait la main peut être défait par une autre main”, dit ce maître maçon.

Mais, comment être sûr que le deuxième marabout n’est pas un faux ?

Face à cette invasion de charlatans, les clients se disent le plus souvent déçus. Pour les adversaires du maraboutage, c’est plus simple : “ce qui doit arriver, arrive au moment précis…”

M. Camara.

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