En Algérie, une expulsion collective de 1400 migrants ouest-africains est en cours. Une première depuis 2012. Arrêtées dans la capitale, des centaines de personnes sont enfermées dans un camp de Tamanrasset. D'autres sont toujours bloquées dans un camp à Alger. Toutes seront renvoyées du pays. Le Snapap, un syndicat autonome, a dénoncé dimanche 4 décembre «la plus grande chasse à l'homme noir depuis l'indépendance». Un collectif de militants, le RAJ, a demandé l'arrêt des expulsions. Dans la capitale, où ils sont plusieurs milliers, les migrants vivent désormais cachés.
Ce jeune Camerounais a tenté de joindre ses collègues de chantier toute la matinée. En rentrant du travail, jeudi soir, certains ont été arrêtés.
« C’est un ami qui m’a appelé. Il m’a dit qu’on avait raflé de son côté et qu’il était dans la voiture de la police, donc que si j’étais à la maison, je devais quitter la maison rapidement car ils sont en train de faire une rafle générale. Je lui ai demandé si ce n’était que chez nous, il m’a dit que non, que c’était partout, qu'ils avaient beaucoup de bus. Je suis allé me cacher derrière la mosquée comme c’était dans la nuit et on est resté là longtemps, longtemps, raconte-t-il. D’autres ils rentraient du travail, d’autres c’était au chantier, d’autres à la maison. Beaucoup de ceux qu’on a arrêtés sont encore là-bas dans le camp. Ils attendent seulement qu’on les expulse. On ne peut plus aller au travail, on a peur de sortir parce qu’on va nous arrêter. On ne peut plus aller au travail, on ne peut plus aller dans les magasins. »
Inquiète, cette Ivoirienne a passé la journée à surveiller son téléphone pour avoir des nouvelles de son mari. « Mon mari a son patron qui est venu le chercher ce matin avec une voiture... », explique-t-elle.
Les autorités algériennes n'ont toujours fait aucune annonce. Les ambassades ouest-africaines affirment attendre des informations du ministère des Affaires étrangères. Les chefs des communautés migrantes ont eux décidé de se réunir en urgence.