Dakar- Le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian a de nouveau exprimé mardi son impatience envers le gouvernement malien pour les retards accumulés dans l’application de l’accord de paix signé en
mai-juin 2015, affirmant qu’il n’y avait "pas d’autre sortie".
"On ne peut pas uniquement dire : +Il faut respecter les accords d’Alger+ de manière incantatoire", a lancé M. Le Drian lors d’une réunion finale des chefs d’Etat et de gouvernement au Forum de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique, en référence aux accords conclus sous médiation conduite par l’Algérie et signés à Bamako.
Le ministre français a insisté sur les volets de l’accord concernant la sécurité. "C’est la condition à mon sens préalable pour empêcher les groupes terroristes de se reconstituer. Sinon, on ira à l’échec", a-t-il affirmé.
Il réagissait à des propos du Premier ministre malien Modibo Keïta, également présent au Forum, qui recommandait d’"accentuer la lutte contre le terrorisme en nous attaquant aux causes".
Au Mali, "nous avons des cantatrices mais nous ne faisons pas des incantations", a-t-il répliqué à l’intention de M. Le Drian, assurant que son pays était pleinement conscient de l’importance de la sécurité.
"L’accord est une chance pour le Mali car tous les signataires ont accepté l’unité, l’intégrité et la laïcité du territoire", a ajouté M. Keïta.
L’accord a été signé par le gouvernement malien, les groupes armés qui le soutiennent et l’ex-rébellion à dominante touareg du nord du pays.
Dans la matinée, le ministre français avait qualifié l’application de l’accord de "seule possibilité de lutter sérieusement et définitivement contre les groupes armés terroristes".
"Il n’y a pas d’autre sortie. Ces accords sont là, il faut les faire respecter", a martelé M. Le Drian.
"Je sens bien que le processus de DDR (désarmement, démobilisation, réintégration des combattants) qui est consubstantiel des accords d’Alger traîne encore des réserves", a noté le ministre français.
"Mais il est nécessaire que l’ensemble des acteurs fassent pression, mettent les moyens, y compris politiques, pour que ces accords soient respectés", a-t-il insisté.
Le 6 novembre, M. Le Drian avait déjà appelé le président malien Ibrahim Boubacar Keïta à prendre les "initiatives nécessaires" pour faire avancer la paix .
"L’unité doit aller de pair avec la lutte contre le terrorisme", avait alors répliqué un ministre malien, dénonçant la situation à Kidal (nord-est), bastion de l’ex-rébellion, où l’Etat est pratiquement absent.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda à la faveur de la déroute de l’armée face à la rébellion, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée.
Ces groupes en ont été en grande partie chassés à la suite du lancement en 2013, à l’initiative de la France, d’une intervention militaire internationale, qui se poursuit actuellement.
Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères, régulièrement visées par des attaques meurtrières, malgré la signature de l’accord de paix, censé isoler définitivement les jihadistes. Depuis 2015, ces attaques se sont en outre étendues du Nord à d’autres régions du pays.