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Procès d’Amadou Haya Sanogo et coaccusés à Sikasso : Démarrage laborieux avant les vrais débats…
Publié le mercredi 7 decembre 2016  |  Le Reporter
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© Autre presse par DR
Procès de Amadou Haya Sanogo et ses co-accusés à Sikasso
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Le mercredi 30 novembre 2016 a débuté à Sikasso le procès de la disparition de 21 bérets rouges. Les 17 accusés étaient à la barre avec leurs avocats et ceux de la partie civile. Après la cérémonie d’ouverture classique, il y a eu l’ouverture du procès pendant une trentaine de minutes, notamment la présentation des accusés, la lecture de l’arrêt de renvoi par le greffier en chef. C’est à la suite de cette lecture que les avocats de la défense ont demandé et obtenu une suspension de 24 heures.




Sikasso, située à 364 Km au sud de Bamako, après 4 heures de route, la cour d’assises est en transport dans la capitale du Kénédougou, pour une session supplémentaire. Le motif : le jugement de l’ex-homme fort de la junte et de ses coaccusés. On leur reproche une complicité d’enlèvement et d’assassinat. À Sikasso, c’est la salle de spectacle portant le nom du célèbre balafoniste Lamissa Bengaly, non loin du Stade Babemba Traoré, qui abrite ces assises.

Le parquet avait dit avoir pris plusieurs dispositions pour la bonne tenue de ce procès. Devant une cour composée de 3 magistrats professionnels et 4 assesseurs, il y a 17 accusés, dont 6 pour enlèvement et assistanat, deux pour complicité d’assassinat, les généraux Yamoussa Camara et Dahirou Dembélé, respectivement ministre de la Défense et chef d’état-major général au moment des faits.

Les 9 autres sont accusés de complicité d’enlèvement et d’assassinat. Parmi eux, Amadou Haya Sanogo, Bloncoro Samaké, Simeon Keïta, Oumarou Sanofo dit Kif Kif, Soïba Diarra, Christophe Dembélé, Amadou Konaré, Mohamed Issa Ouedrago, et Ibrahim Boua Koné. L’accès à la salle est conditionné à une accréditation pour tous les participants au procès. Aucun appareil photo, aucune caméra, aucun dictaphone, ou autre moyen de communication n’est admis en salle. La télévision nationale est là pour la cérémonie d’ouverture, pour immortaliser ces moments historiques.

Dès l’entame de cette session supplémentaire de la cour d’assises de Bamako, en transport à Sikasso, les avocats de la défense émettent des réserves. Ça commence de façon désordonnée avant qu’ils s’organisent par la suite pour demander une suspension de 48 heures. Le président de la cour leur concède 24 heures.

Pour Me Cheick Oumar Konaré, avocat d’Amadou Haya Sanogo, ce temps va leur permettre de coordonner la défense des accusés, d’échanger avec les accusés eux-mêmes, parce qu’ils étaient tous dispersés à travers le pays. Autant dire que les conseils des accusés n’ont pu travailler pour coordonner leur défense. Les avocats des victimes ne s’opposent pas au droit de communiquer de leurs collègues avec leurs clients, mais ils expriment des inquiétudes.

Me Clémence Berto du collectif des avocats des victimes dit espérer qu’il ne faudrait pas, à la reprise du vendredi 02 décembre 2016, que les avocats de la défense reviennent avec d’autres intentions pour ajourner le procès. Selon elle, ils ont eu le temps d’échanger avec leurs clients et n’ont jamais été empêchés de rentrer en contact avec ceux-ci.

Saloum Traoré, directeur général d’Amnesty Mali, président du Réseau des défenseurs des droits humains du Mali, il n’est pas contre la demande formulée par les avocats de la défense. Ça permet d’après lui d’asseoir une certaine confiance afin de faciliter le travail de la défense, car il s’agit pour eux de veiller au respect des droits de la défense, mais aussi de la partie civile.

Auparavant, à l’ouverture des travaux, certains événements vont marquer l’assistance. Comme par exemple la lecture de la liste des témoins de la défense, sur laquelle figurent Ousmane Chérif Madani Haïdara, le général de brigade Didier Dakouo, le colonel Diamou Keïta, plus une dizaine d’officiers qui n’étaient pas dans la salle. Le cas de Didier Dakouo a surpris plus d’un.

L’autre fait marquant a été la présentation des accusés. À 11 heures 59, Amdou Haya Sanogo se présente à la salle : «Je suis le Général de corps d'armée Amadou Aya Sanogo, originaire de Ségou et ancien Chef d'Etat». Des acclamations nourries retentissent dans la salle Lamissa Bengaly. Le Procureur général rappelle que Sanogo n'est ni plus ni moins qu'un simple citoyen dans la salle d'audience. La défense réplique : «Sanogo, jusqu'à ce qu'il soit condamné, est et demeure un Général de corps d'armée et un ancien Chef d'Etat». L'accusation revient sur le déroulement des faits. Elle fait l’arborescence de la situation depuis mars 2012 et le coup d'Etat qui a précipité le départ d'ATT aux violents affrontements entre bérets rouges et bérets verts.

Premier jour du procès : retour sur le déroulé

Ça commence à 09 heures. L’enregistrement est en cours depuis 06 heures. 06h 20 : déjà, une longue file d'attente devant la salle Lamissa Bengaly pour l’identification et la délivrance des badges. Les soutiens et les adversaires de Sanogo ne se font aucun cadeau à l'entrée de la salle Lamissa Bengaly. Ce sont des centaines de personnes qui se mobilisent autour du procès de Sanogo et de ses compagnons d'armes accusés de complicité d’enlèvement et d’assassinat.

Deux stands se dressent à l'entrée de la salle Lamissa Bengaly pour la délivrance des badges aux personnes accréditées pour suivre l’événement. 09h 12 : le Général Amadou Aya Sanogo et ses 17 co-accusés signent leur entrée dans la salle d'audience. 09h 20 : ouverture du procès par le Président de la cour d'assises de Bamako, Monsieur Mahamadou Berthé. 09h 45 : le président de la cour tire au sort les 4 assesseurs et les 3 juges devant prendre part au procès. 10h 00 : les avocats de la défense prennent la parole et plaident non-coupable. 10h 15 : suspension de l'audience et retrait des officiels. 11h 11: reprise de l'audience dans la salle Lamissa Bengaly de Sikasso. 10h 15 : le Président de la cour d'assises suspend l'audience pour permettre aux officiels de se retirer. Reprise dans 30 minutes.

Les victimes demandent que justice soit faite et que leurs droits soient respectés. 11h 11 mn : reprise de l'audience dans la salle Lamissa Bengaly de Sikasso. Constitution du pool d'une quinzaine d'avocats devant défendre le Général Sanogo et les 17 autres co-accusés dans l'affaire de disparition des bérets rouges. 11h 59 : Sanogo se présente à la salle : «Je suis le Général de corps d'armée Amadou Aya Sanogo, originaire de Ségou et ancien Chef d'Etat». Des acclamations nourries retentissent dans la salle Lamissa Bengaly.

Le Procureur rappelle que Sanogo n'est ni plus ni moins qu'un simple citoyen dans la salle d'audience. La défense réplique : «Sanogo, jusqu'à ce qu'il soit condamné, est et demeure un Général de corps d'armée et un ancien Chef d'Etat». L'accusation revient sur le déroulement des faits. Elle fait l’arborescence de la situation depuis mars 2012 et le coup d'Etat qui a précipité le départ d'ATT aux violents affrontements entre bérets rouges et bérets verts. 13h 29 mn : après le rappel des faits de l'accusation, la défense demande un report de 48 heures.

13h 43 mn : la Cour réfléchit à la proposition de la défense qui demande un report de 48 heures ou pour le reste de cette journée de mercredi. 13h 47: après concertation, la cour décide du report du procès pour 24 heures. Reprise de l'audience vendredi 02 décembre 2016 dans la salle Lamissa Bengaly de Sikasso. Report du procès du Général Sanogo et de ses co-accusés jusqu'au vendredi 02 décembre 2016. La cour obéit à la volonté de la défense qui souhaite avoir plus de temps avec ses clients pour la suite du procès.

Deuxième jour du procès : audience remise au lundi

Deuxième jour du procès dans l'affaire dite Amadou Haya Sanogo et autres accusés d'enlèvement de personnes, d’assassinat et de complicité. Des dizaines de personnes se dressent en longue file d'attente pour avoir l’accréditation et donc avoir accès à la salle d'audience (salle Lamissa Bengaly). Vers 9 heures, les accusés Amadou Haya Sanogo, Ibrahim Dahirou Dembelé, Amadou Konaré, Yamoussa Camara, Simeon Keita accèdent à la salle d'audience Lamissa Bengaly de Sikasso. Puis, Soiba Diarra, Christophe Dembélé, Oumarou Sanafo, etc.

Si les accusés entrent sans problème dans la salle, les avocats de la défense s’y refusent tout simplement. Le procès est bloqué. Motif : ils dénoncent l’interdiction du téléphone portable dans la salle d’audience. Les avocats, sans exception, contestent… Aussi, demandent-ils qu'une salle soit aménagée pour eux à cet effet. Les avocats restent à la porte. Pendant que le Président appelle les accusés. Mais leurs avocats ne daignent toujours pas entrer dans la salle sans leurs téléphones portables qu’ils considèrent comme un outil de travail.

Face à cette impasse, le président de la session supplémentaire de la cour d’assise, en transport à Sikasso, Mahamadou Berthé, suspend l’audience jusqu’au lundi 05 décembre 2016. En attendant que les choses rentrent dans l’ordre. En tout cas, les parents des victimes gardent espoir en ce que ce procès va pouvoir se tenir cette semaine.

Kassim TRAORE

Envoyé spécial à Sikasso

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Comme une surpopulation à Sikasso

Le procès de Sikasso a fait converger de nombreuses personnes sur la ville de Sikasso, la seconde en densité de population. Au nombre de ces populations de passage dans cette ville, des thuriféraires, grands curieux de la justice et des procès, déterminés à suivre les procès importants partout où ils se déroulent sur le territoire national.

Ils ont été pour quelques-uns là déjà, quand il s'est agi de faire passer à la barre la bande des quatre, mise en cause en mille neuf cent soixante dix-huit pour atteinte à la sûreté de l'Etat, passée en cour d'assises et tous condamnés et déportés dans le grand nord.

Ils ont été plus nombreux déjà et encore présents aujourd'hui dans cette ville de Sikasso et hier encore au palais de la culture et au centre international de conférence de Bamako, pour prendre part au procès d'assises ayant jugé le Général Moussa Traoré et les membres de son gouvernement et du parti unique. Ces occasions de procès sont aussi des moments de grande tension et de vigilance pour assurer un calme et une sérénité, nécessaires à la bonne tenue de ces assises.

Au regard du dispositif sécuritaire déployé dans la ville de Sikasso, autour et dans la salle d'audience, il y a lieu de s'inquiéter en tant que profane. En premier, la présence de porteurs d'uniforme en nombre anormal, dans la salle d'audience et autour comme "simples spectateurs" alors qu'ils devraient être en service dans les camps, désertés. Qui plus est, il s'agit de militaires qui manifestent leur sympathie à l'endroit de certains accusés et de la façon la plus manifeste et la plus bruyante dans la salle.

Ensuite, la présence des forces de défense et de sécurité ne se fait pas du tout sentir dans la ville de Sikasso, à l'entrée comme à la sortie, comme si un événement important ne s'y déroulerait pas. Or, trois généraux et des officiers et sous-officiers y sont accusés et en jugement.

Habituellement, la ville devrait être quadrillée par des blindés ne serait-ce que pour dissuader toutes velléités. La grande affluence de gens venant de tous horizons à Sikasso, avec l'alibi qu'un procès s'y déroule, est une source de grande vigilance pour les forces de défense et de Sécurité de la ville, de la région mais aussi du pays.

En définitive, ce procès est un défi pour la justice malienne, mais également pour la sécurité et les capacités d'adaptation et de riposte éventuelle de nos policiers, gendarmes, de nos gardes et même de nos soldats.

K.T Envoyé spécial

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