Nul n’est sans savoir les réalités que vivent les maliens jour pour jour. La violence physique, morale et psychologique sont devenues le quotidien de tous les maliens. Autrefois dissimulée, de nos jours elle se passe aux vus de tout le monde en plein jour ou dans nos propres familles.
En effet, dans cette société démocratique malienne les citoyens ne sont plus libres dans leur mouvement. Ils ne sont plus tranquilles avec leur propriété car les hommes sont devenus des « loups » les uns pour les autres. Désormais, c’est le plus fort qui fait la loi. Ainsi, le sens de l’humanisme a fortement baissé dans le cœur des maliens.
De ce fait, chaque jour que Dieu fait nous constatons des crimes dans notre société. Ces crimes peuvent être l’inflammation d’un voleur qui peut d’ailleurs même être un innocent. Ils peuvent être issus de braquage qui est la pratique la plus développée de nos jours où des individus armés attaquent des citoyens paisibles pour les retirer leurs engins ou tout simplement leurs propriétés et pire s’ils essaient de se défendre là, la mort devient leur sort. Le malien n’a plus le sang-froid. Il est maintenant capable de tuer en face son camarade.
Par ailleurs, il existe également une autre forme de criminalité ou de violence qui réside cette fois-ci au sein de nos familles. Il s’agit de l’adultère, de l’inceste et de la prostitution des mineurs. Ces pratiques autrefois considérées comme déshonorantes sont devenues une question de compétition. Ainsi, les hommes aussi bien que les femmes dans leur mariage ne se sentent plus compétents tant qu’ils ne trompent pas leur conjoint avec un autre.
Ceux qui ne trouvent pas d’autres avec qui sortir font la cour à leur propre progéniture. Nos jeunes filles ne font plus la concurrence en matière d’éducation à l’école mais plutôt dans le fait d’avoir un nombre élevé de petits amis. En conséquence, elles se retrouvent avec des grossesses sans pères car chaque amant sachant qu’il n’est pas le seul à lui faire la cour refuse, même s’il sait que ça l’appartient, d’accepter la paternité de l’enfant. Et comme résultat, nos familles sont remplies d’enfants qui ne connaissent pas leur père. Alors, si autrefois, la grossesse était une indignité avant le mariage alors aujourd’hui elle devient une dignité.
D’un autre côté, nos grandes familles se déchirent aujourd’hui car les frères de même sang ne s’entendent plus. Et comme cause, c’est que l’hypocrisie est devenue le commun des maliens. A ta présence nous feignons de t’aimer et d’assurer ton arrière mais à ton absence celui que tu t’es occupé durant toute ta vie ou que tu considères comme ton meilleur ami fait la cour soit à ta femme soit à une de tes sœurs. Il n’y a plus de véritable amour dans nos foyers.
Chacun ne vise que son intérêt et une fois l’intérêt gagné on se détourne de toi. On te loue parce qu’on a besoin de ton service mais un service rendu on crache sur ton dos. Alors, la solidarité reste simplement un concept dépourvu de sens aux yeux des maliens. Tu leur rends service mais le jour où toi-même tu as besoin d’être secouru il n’y a personne pour t’épauler. Désormais c’est la loi de la jungle qui fonctionne à merveille. Par conséquent, chacun est sujet ou objet de la violence sous une de ses formes.
Alors, qu’est-ce qui explique cette montée en puissance de la violence dans notre société ? Comment comprendre cette inversion de nos valeurs sociétales ?
Ces questions nous assaillent l’esprit. Mais tout ce que nous pouvons dire c’est que toutes ces pratiques sont dues à une dégénérescence de l’éducation dans notre société. L’éducation n’est plus prise au sérieux. Les enfants sont délaissés à eux-mêmes dans la rue et c’est de là qu’ils reçoivent tous les mauvais comportements depuis à bas âge. Dans notre société traditionnelle, l’éducation se passait à trois niveaux. Tout d’abord dans la famille.
L’enfant, jusqu’à un certain âge était gardé dans la famille où il recevait les vertus essentielles de la personnalité mais aussi les valeurs de sa famille. C’est justement après cela que l’enfant entamait son second niveau d’éducation à savoir l’éducation d’avec les pairs où il pouvait compléter son éducation avec l’acquisition d’autres vertus de sa communauté lui permettant d’avoir une personnalité complète. C’est juste après ces deux niveaux qu’il était envoyé à l’école pour recevoir les réalités d’autres cultures.
Par ailleurs, de nos jours, l’éducation des enfants est abandonnée entre les mains de la rue c’est-à-dire que la majeure partie de l’éducation de nos enfants se passe dans la rue. L’école qui est sensée remplacée partiellement la famille n’est même pas fréquentée par l’enfant de façon assidue. Quand on demande aux parents, l’enfant sort à la maison et directement il part à l’école alors qu’en réalité il déroute vers son grin pour y passer toute la journée à prendre le thé. Ce fait reste étranger aux parents car durant toute l’année scolaire aucun de ces parents ne part se renseigner de l’éducation de leurs enfants à l’école.
En plus de ce paramètre, il faudra reconnaitre également que les nouvelles technologies et surtout la télévision et le téléphone ont porté un coup sérieux à cette dépravation de nos mœurs et à cette montée de la violence. Les enfants sont éduqués à la violence depuis à bas âge à travers des programmes télévisés mais aussi des images téléphoniques. Ces images sont regardées par les enfants sans aucun discernement.
A cet effet, ils les prennent pour argent comptant. Tous genres de films de violence sont diffusés devant des enfants de tout âge. Ils regardent toutes sortes de films d’horreurs alors qu’ils ne sont pas capables de discernement. L’enfant aime imiter tout ce qu’il voit. A cet effet, toutes les choses qu’il perçoit dans ces films, il est tenté de les imiter.
Enfin, une dernière cause s’explique par la paresse des jeunes mais aussi par leur extravagance qui les pousse d’ailleurs au vol à main armée voire même à intégrer dans des groupements terroristes contre leur patrie. Dans la plupart des cas ce problème est attribué au chômage. Or, en toute honnêteté nous ne pouvons pas dire ni croire qu’il y ait du chômage au Mali.
Le problème en est que chacun veut travailler dans son domaine d’étude sans se poser la question à savoir s’il est possible pour tout le monde de devenir bureaucrate. Alors, il importe qu’ils sachent que l’intellectuel doit être un exemple pour les autres qui ont d’ailleurs une image péjorative sur lui. Il doit leur montrer que l’étude est autre chose et que le travail en est un autre. L’importance des études n’est pas d’être forcément à la charge de l’Etat mais de pouvoir être créatif, de se rendre utile à sa société, de montrer aux autres qu’il n’y a pas de sot métier mais qu’il y a des sottes gens.
L’intellectuel doit accepter de mener tout genre de travail et il doit avoir l’esprit d’initiative créatrice. Alors, en partant de ces analyses nous ne pouvons pas suivre l’opinion couramment partagée soutenant l’existence du chômage au Mali et servant de cette hypothèse pour expliquer la multiplication de la violence dans la société malienne. Je dirais tout simplement que les jeunes se rendent plus valeureux par rapport à certains travails comme la maçonnerie, la menuiserie, le jardinage, l’électricité, etc.
Cependant, quelles solutions faut-il adopter pour que le Mali soit un pays sans violence ?
En effet, il est grand temps de prendre cette question de la violence à bras le corps en vue d’en trouver une solution. On pourrait règlementer les programmes de la télévision en faisant intégrer plus de programmes portant sur nos propres traditions. Nous devons exclure tous les films violents et érotiques ou en tout cas les faire apparaitre à des heures tardives dans la nuit ou à des heures de cours dans la journée.
La télévision n’est avantageuse que lorsqu’elle participe à l’éducation des enfants. Quant aux chaînes étrangères, c’est aux parents de se rendre actifs en privant les enfants jusqu’à un certain âge de regarder ces films érotiques ou violents. Il faut attendre jusqu’à ce qu’ils soient en mesure de raisonner convenablement par eux-mêmes.
Les parents doivent alors participer grandement à l’éducation des enfants en les suivants pas à pas dans tous leurs mouvements car ce n’est pas pour rien que nous sommes leur parent. Il faut passer de temps en temps à leur école pour se renseigner de leur conduite. En plus de tous ceux-ci, il faut priver les mineures des téléphones ou en tout cas des téléphones Android.
Dans cette société malienne d’aujourd’hui, même les enfants de dix ou douze ans sont munis de téléphones luxueux. Enfin de compte, il est grandement temps que la sexualité cesse d’être un tabou. Car si nous constatons que beaucoup de jeunes filles avant d’atteindre la maturité tombent enceinte c’est parce qu’elles ne savent absolument rien sur la sexualité.
Cette question doit être une matière à éducation dans nos familles d’aujourd’hui. Cette éducation peut consister à leur apprendre à compter le cycle menstruel et les jours de la fécondation. En les apprenant cela nous les empêcherons de tomber délibérément enceinte. C’est l’ignorance en la sexualité qui explique en grande partie beaucoup de grossesses non-désirée. Des jeunes filles tombent enceinte juste après leur première fois.
En somme, la violence est une réalité quotidienne au Mali mais nous ne pouvons pas l’éradiquer sans une volonté commune. Il faut que nous changions de mentalité et de comportement en vue de vivre dans un pays voire dans un monde sans violence.
Fousseni TOGOLA Master philosophie EN.SUP Bamako.
foussenitogola@yahoo.com
Source: Le Pays