Le procès du Général Amadou Haya Sanogo et de ses 17 co-accusés s’est ouvert à Sikasso dans le seul but de savoir la vérité dans l’affaire dite des bérets rouges. Le chef d’accusation est tellement clair après les enquêtes du juge d’instruction.
Il s’agit d’assassinats et de complicité d’assassinats après la découverte de 21 corps dans une fausse commune à Diago près de la ville de Kati. Les faits reprochés à ces 18 infortunés se sont déroulés après l’échec de la tentative de contre coup d’Etat perpétré par certains militaires appartements au régiment des bérets rouges. Pourquoi veulent-ils chercher des boucs émissaires ? En quoi les hommes politiques sont-ils impliqués dans un conflit entre militaires ? En quoi ce procès est-il celui de l’armée ? Alors qui veut noyer le poisson dans l’eau ?
Aucun pays ne peut se développer dans l’anarchie et dans l’injustice de quelque nature que ce soit. Les pays dits démocratiques et d’Etat de Droit ont bâti leur modèle de société sur la justice et l’équité. Au Mali, la tendance est à la fuite en avant, à l’accusation de l’autre et au manque d’audace. Après les événements malheureux de mars 2012 qui ont freiné la bonne marche du processus démocratique, un travail d’introspection devait être mené par tout ce que le pays a d’intelligents afin d’aller sur des nouvelles bases.
En lieu et place de ce travail, les cadres et leaders se sont adonnés à leur exercice favori celui du dénigrement de l’autre pour tout simplement atteindre leur but. Sinon comment comprendre que la classe politique n’a pas pu parler d’une même et seule voix après le coup d’Etat de la Junte militaire pour condamner avec la dernière rigueur ce putsch qui, du reste, est un crime imprescriptible dans la Constitution du 25 Février 1992. Le spectacle auquel certains hommes politiques se sont adonnés était ahurissant et cela pas pour le Mali, mais pour leurs intérêts sordides. Certains leaders politiques, en mal de popularité, avaient jugé bon de saisir cette opportunité pour obtenir des hommes forts du jour ce que leur peuple ne leur aura jamais donné par la voie des urnes.
C’est dans une indignité et dans la plus grande bassesse que les associations dites de soutien à la junte défilaient sur le petit écran de l’ORTM pour soutenir un acte qu’elles ont condamné en votant la Constitution. Aujourd’hui, c’est le même scénario qui se répète dans le procès du Général Amadou Haya Sanogo. Tous les mécontents de la gestion du régime actuel et les laissés-pour-compte du système crient à une justice à deux vitesses et clament l’innocence de Sanogo et de ses co-accusés. Ils sont à la manœuvre pour saboter ce jugement qui est à leurs yeux un procès politique et tentent même d’opposer deux régiments pourtant complémentaires au sein des forces armées à savoir les bérets rouges et verts.
Le procès Amadou Haya Sanogo et de ses 17 co-accusés ne saurait être un procès politique, car les faits qui leur sont reprochés sont loin d’être politiques. Ce procès n’est pas celui contre les auteurs du coup d’Etat, il n’est pas non plus lié aux détournements des deniers publics et d’exactions de toutes sortes qui ont caractérisé le très court exercice de sa fonction de Chef d’Etat et président du CNRDRE. Il ne saurait non plus être le procès de la division de l’armée ou du peuple malien. Sanogo n’en incarne ni l’un ni l’autre. Si le Général Sanogo compte saisir cette opportunité, comme il l’avait lui dit à l’ouverture du procès, il tire à terre, parce que ni les visites nocturnes des hommes politiques, encore moins les courtisaneries et autres adulations ne le disculperaient autant des charges suffisamment lourdes.
En définitive, ne cherchons pas à noyer le poisson dans l’eau. Le procès du Général Amadou Haya Sanogo doit se poursuivre pour la manifestation de la vérité. Tous ceux qui crient à un procès politique ou contre l’Armée font une lecture erronée, partisane et inopportune et ne contribuent pas à la vraie réconciliation par la JUSTICE.