Le Procès de Amadou Haya Sanogo qui s’est ouvert à Sikasso est le quatrième jugement de militaires pour des raisons de coups d’Etat supposés ou réels que le Mali a connu depuis son accession à l’Indépendance en 1960. Espérons que ce sera le dernier procès par l’Etat de militaires plus attirés par les délices du pouvoir que par le sacerdoce du métier de Mars. Parce qu’un procès contre des militaires quel qu’en soit les raisons coute cher à l’Etat tant en terme financier que de réconciliation nationale. Mais, si les trois derniers groupes de militaires ont été jugés pour des faits de tentatives de putsch, Sanogo lui apparaît à la barre à Sikasso, non pas pour son coup d’Etat stupide de 2012, mais pour avoir tué, faire tuer ou ayant refusé d’empêcher l’hécatombe de ses frères d’armes. Des bérets rouges pris au piège, sauvagement et atrocement éliminés sans jugement de façon inhumaine qui a révolté toute conscience civilisée. En somme, le voleur volé qui crie au voleur. Le motif de leur peine est d’avoir tenté un contre coup d’Etat. On a presqu’envie de marcher à quatre pattes en regardant certains extraits de vidéo de ces assassinats d’un autre âge où on a fait croire aux victimes que mourir pour le Mali, c’est mourir pour rien. Quelle bêtise humaine ! Le Procès de Sanogo, comme celui des autres qui l’ont précédé, n’est pas celui de notre Armée, les FAMA, dont l’image et le nom ont été usurpés et souillés depuis l’indépendance par des agissements sordides de militaires en manque d’autorité, de patriotisme et de discipline. Même si les bérets rouges ont visiblement manqué de stratégie et de préparation de leur coup, que certaines élites qualifient à la limite de suicidaire, n’en demeure pas moins que les auteurs du contre coup d’Etat n’étaient pas plus coupables que ceux qui avaient déjà réussi leur forfait. Les exactions de toutes sortes qui s’en sont suivies ont montré à tous que les militaires étaient moins bien préparés que les civils à gérer l’Etat. Et, le Mali du 26 Mars 1992, quelque soit les reproches que l’on puisse lui faire, est à mille lieux préférable à la cacophonie barbaresque des régimes militaires qui n’ont pas hésité à liquider leurs victimes comme des chiens. Moussa Traoré a bénéficié d’un procès civilisé qu’il n’a pas accordé à ses frères d’armes Diby Silas Diarra, Tiécoro Bagayogo, Kissima Dounkara et autres. Sanogo, quoiqu’on dise bénéficie aujourd’hui d’un procès qu’il n’a pas lui aussi accordé le bénéfice à ses frères d’armes.
Mais, s’il y a une erreur que Amadou Haya Sanogo doit éviter à tout prix au cours de ce procès, c’est de répéter celle commise déjà par son mentor et guide de GMT, à savoir nier tout. La responsabilité, surtout militaire, ce n’est seulement pas assumer ses actes, c’est aussi répondre en chef des forfaitures de ses collaborateurs. Aussi, vouloir se dédouaner des actes commis sous son régime est peine perdue. Si ce n’est lui, c’est donc son entourage. Alors à quoi bon de se mettre dans ses petits souliers en voulant discréditer ou chercher à confondre qui que ce soit, en sachant bien que quoi qu’il arrive la peine qui lui sera prononcée est la peine de mort. Le Code pénal n’est pas un commentaire de texte, il est strict. Pour les actes qui lui sont reprochés et avec le rapport du FBI, les preuves sont tangibles. Sanogo ne s’en sortira pas par incantation ou intimidation, ni par des citations de témoins honorables, ni même par menace de dévoiler des secrets d’Etat, s’il en existe encore. Il doit plutôt, s’il est grand, si tant est vrai qu’il est un général de corps d’armée comme il s’en glorifie, assumer tout : la responsabilité morale, pénale et civile de tout. Il doit demander qu’on libère ses compagnons et présenter humblement ses excuses au Peuple. Il devra, s’il est grand, demander pardon aux familles des victimes, comme le fit un certain Jerry Rawlings au Ghana ou un Ali Saïbou au Niger.
Ses avocats gagneraient en stratégie de défense en lui proposant le discours historique qu’il pourrait tenir à cette occasion devant la Cour pour demander pardon au Peuple malien, aux familles des bérets rouges et autres victimes, à ATT et au Pr. Diouncounda pour le tort commis sur eux par ses troupes. Ses avocats savent mieux que quiconque, que depuis très longtemps la peine de mort n’a jamais été appliquée dans ce pays. Il retournera donc en prison, mais pourrait caresser l’espoir d’en ressortir un jour, de vivre respecté et aimé, même dignement sa vie sur le dos du contribuable malien, comme l’inespérable et incompréhensible soutien dont jouit son plus fidèle guide et conseiller, Moussa Traoré, aujourd’hui. Ce Peuple policé, berceau des empires qui ont fait les plus grandes batailles du continent, n’est pas méchant, pourvu qu’on ne le prenne pas pour un sot pour exciter des guets.