Une quinzaine de partis politiques ont assisté à la séance d’ouverture des travaux du Vè Congrès ordinaire du MPR. Une dizaine s’est exprimée, pour souhaiter aux congressistes succès dans leurs travaux. Parmi ces partis, le PSP a fait la différence en reconnaissant ce que d’aucuns, obstinément, essaient de nier : l’engagement patriotique du président Moussa Traoré pour la République. Le représentant du PSP, dans son adresse aux congressistes n’a pas manqué de faire son éloge en le qualifiant de « Grand Républicain », qualificatif qui lui a été décerné par le Président Ibrahim Boubacar Keïta le jour de son investiture, ce qui, en son temps, avait provoqué une véritable levée de boucliers.
Et, poursuivant son intervention, le représentant du PSP a justifié ses propos, rappelant qu’en son temps, le président Moussa Traoré nous a dotés d’une armée efficace qui a su nous faire respecter. Nous saisissons l’occasion de cette déclaration pour rappeler quelques faits s’inscrivant dans le cadre de la défense et de la sécurité du peupla malien avec, à sa tête, l’homme du Mardi 19 Novembre 1968.
Novembre 1968 : Sékou Touré, président de la République de Guinée, estimant la situation trouble à Bamako, veut en profiter pour mettre fin à un litige frontalier avec le Mali : il fait flotter le drapeau guinéen sur le village de Satiguila. Informé, le président du Comité Militaire de Libération Nationale ordonne un mouvement de troupes en direction de la Guinée. Sékou Touré se ravisse et ordonne le retrait de ses hommes du territoire malien. Le litige frontalier sera définitivement réglé à la suite d’une rencontre à Kayes entre les délégations des deux pays.
25 novembre 1974, Sangoulé Lamizana, président de la Haute-Volta cherche à détourner l’attention de ses compatriotes sur les difficultés politiques et économiques que connaît son pays en cherchant à régler militairement un litige frontalier hérité de la colonisation. Ses troupes adoptent la tactique d’une guerre de mouvement. Notre armée nationale s’y adapte et repousse l’agression.
14 décembre 1985 : le capitaine Thomas Sankara, président du Faso veut prendre sa revanche sur le Mali dix ans après le conflit avec la Haute-Volta. Il fait occuper la Bande de l’Agacher, d’abord, par ses agents recenseurs, ensuite, par ses miliciens membres des Comités de Défense de la Révolution (CDR) et, enfin, par son armée. La diplomatie ayant échoué, le président Moussa Traoré ordonne la libération du territoire par nos forces armées. Deux fronts sont constitués, qui prennent les forces burkinabées en tenailles. Non seulement l’Agacher est libéré, mais la voie pour la conquête de Bobo-Dioulaasso et de Ouagadougou est ouverte. Houphouët-Boigny, usant de sa qualité de doyen des chefs d’Etat de la CEDEAO, rentre d’un congé passé en Suisse et arrive à imposer un cessez-le-feu aux belligérants. Nos troupes se retirent du Burkina Faso et le conflit trouve un dénouement suivant un arbitrage de la Cour internationale de la Haye.
Février 1986 : le Tchad est menacé dans son existence : le Guide libyen Mouammar Kadhafi veut l’annexer. Ses chars sont à l’assaut et convergent vers N’Djamena. La France vole au secours de son ancienne colonie et déclenche, à cet effet, l’Opération Epervier. Une escadrille de Mirages décollent de Dakar pour rallier N’Ndjamena, y renforcer le dispositif militaire français. Elle doit survoler le territoire national et faire escale à l’aéroport de Sénou avant de poursuivre vers la capitale tchadienne. Sans égard pour notre souveraineté nationale, elle ne formule pas une demande sollicitant notre autorisation pour le survol de notre territoire et l’escale de Sénou.
Informé de la situation, le président Moussa Traoré n’hésite pas : que ce qui doit être fait soit fait pour empêcher la violation de notre espace aérien et la souveraineté de notre pays. Immédiatement l’ordre donné, une escadrille de Mig, avec nos couleurs, s’envole de Sénou. Huit minutes après, elle intercepte les Mirages français à la frontière avec le Sénégal et les mots de sommation de l’officier malien commandant l’escadrille nationale : « Qui êtes-vous ? Où allez-vous ? Répondez, sinon à trois, je tire. Un, deux… » Aucune réponse de la part des Français. Mais, sagement, leur escadrille virevolte et retourne à Dakar.
La preuve venait d’être donnée que, « sous la dictature », nous étions sécurisés. Parfois même, à notre propre insu.
Enfin, juin 1990 : Avec la bénédiction du « néocolonialisme négrier et impénitent », de jeunes Touareg, sous la conduite d’Iyad Ag Ghaly, prennent les armes contre la République. L’intention est de séparer les régions de Gao et de Tombouctou pour en faire une » République de l’Azawad ». A Bamako, il se trouvent des Maliens pour qualifier les rebelles de « démocrates en armes », pour justifier la rébellion, perçue par eux comme « une lutte d’essence démocratique. » nonobstant les massacres perpétrés à Tidermène et à Ménaka sur des fonctionnaires et des forces de l’ordre. Quelques jours après, le Septentrion est livré au désordre et à la désolation. Intolérable, estime le président Moussa Traoré. La riposte ne se fait pas attendre.
Trois mois sont donnés aux chefs militaires pour ramener l’ordre et la stabilité dans cette partie du pays. L’ordre est exécuté à la lettre. Grâce à la stratégie arrêtée par le chef d’état-major de nos forces armées de l’époque, le colonel Ousmane Coulibaly, la rébellion est coupée de toutes ses bases d’approvisionnement, confinée dans des montagnes avant de reconnaître l’impossibilité pour elle de continuer la lutte. S’en sont suivis les Accords de Tamanrasset (janvier 1991) : ni indépendance, ni fédéralisme, tout au plus, « un statut particulier défini par la loi. »
Tel était Moussa Traoré quand il était question de l’unité du peuple malien et de l’intégrité du territoire national. En son temps, les expressions « repli stratégique », « retrait stratégique » étaient ignorées de nos forces armées. Un chant patriotique en bamanankan enseignait :
Nu ko u ban malo S’ils entreprennent de nous déshonorer,
An ba ni dou ma Nous résisteront jusqu’au sacrifice ultime.
Ka sa horonyala Mourir dignes
Ka fissa malo yé. Vaut mieux que vivre humiliés.
Peut-on porter l’uniforme, entonner tel refrain à tout instant de sa vie et opérer de prétendus replis stratégiques face à l’ennemi ? C’est assurément non !