Si j’étais encore reporter chez les grand-frères Sambi Touré, Saouti Labbas Haïdara, Mamadou Dabo et autres Karamoko N’Diaye… je me serais intéressé, dans les coulisses de la Cour d’Appel spéciale en transport à Sikasso pour juger Amadou Haya Sanogo et autres, au Président de cette auguste Cour : Mahamadou Berthé.
Notre pays vit depuis son accession à l’indépendance, le deuxième procès du genre. Le premier étant le célébrissime procès du Général Moussa Traoré et coaccusés.
Nous étions certes jeunes mais nous avons tous gardé des souvenirs mémorables de ces chaudes empoignades entre le Président de la cour Mallé Diakité ; les juges Manassa Danioko et les célèbres avocats : Me Bah, Me Demba Diallo…autour de la troublante question : « qui a tiré ? Qui a donné l’ordre de tirer ? » (Entendez par là tirer sur la foule de manifestants).
Plus de 20 ans après, nous revoilà, presque, en train de revivre la même scène. Là encore avec un autre général, pardon ! « Un Capitaine putschiste, bombardé Général » comme à l’image du premier, lieutenant putschiste de 1968, bombardé lui aussi général quatre étoiles.
Le procès qui s’était ouvert à Sikasso le 30 novembre dernier avant de se refermer ce jeudi 8 décembre 2016, devait lui aussi répondre à la question : « qui a tué les 21 bérets rouge ? Qui a donné l’ordre de les exécuter ? »
Et pour la circonstance c’est le très charismatique Président de la Cour d’Appel de Bamako, Mahamadou Berthé qui a été chargé de faire la lumière sur cette affaire ténébreuse qui empoisonne la vie de plusieurs familles maliennes depuis quatre ans.
Qui est le juge Berthé ?
Son Curriculum Vitae n’a certainement pas fait le tour des réseaux sociaux en raison de sa grande modestie et de sa discrétion, mais tous ceux qui ont eu à fréquenter, un tant soit peu, les méandres de l’institution judiciaire au Mali savent qui est Mahamadou Berthé.
Gros travailleur et très regardant sur les dossiers soumis à l’examen de sa juridiction, l’homme jouit d’une très bonne réputation auprès de milliers de justiciables maliens et de certains de ses collaborateurs qui le trouve tatillon est rigoureux. C’est d’ailleurs pourquoi en sa qualité de premier Président de la Cour d’Appel de Bamako, il a jeté son dévolu sur un certain nombre de ses collaborateurs à qui il préfère confier les dossiers les plus sensibles.
Mahamadou Berthé est selon plusieurs témoignages un juge droit qui crache sur l’argent des plus fortunés pour dire le droit et rien que le droit. C’est, encore, pourquoi il constitue la bête noire des gros spéculateurs fonciers de Bamako qui forcent le passage dans les petites juridictions.
Très respectueux des principes de l’indépendance de la justice et de la notion du respect de l’institution judiciaire, il n’hésita pas à l’entame du procès de Amadou H. Sanogo et de sa bande à remettre celui-ci dans ses bottes lorsqu’il s’est présenté comme Général et ancien chef de l’Etat. Pour le président Haya n’était qu’un prévenu accusé de crime.
Ce procès peut prendre le temps qu’il faudra, mais le président de la Cour restera imperturbable et très serein tant il a la notion du travail bien fait et du devoir vis-à-vis de la nation qui vient de le désigner pour dire le droit dans cette affaire.
Mahamadou Berthé est un magistrat bien respecté dans l’arène judiciaire au Mali, sa discrétion et son humilité font qu’il est mal connu du grand public parce que loin des caméras.
Amadou OMBOTIMBE
Journaliste indépendant