Quelques jours seulement après le renvoi à la prochaine session de la Cour d’Assises du procès d’Amadou Haya Sanogo et de ses co-accusés dans l’affaire dite des bérets rouges, nous avons reçu les confidences d’un ancien responsable qui a servi au cabinet du Ministère de la Justice et des Droits de l’Homme.
Le magistrat qui s’est confié à nous sous le sceau de l’anonymat est formel : « Tout porte à croire que les autorités ne sont animées de bonne volonté pour juger cette affaire car des têtes risqueront de tomber s’ils décident d’aller au fond de cette affaire».
Après plusieurs annonces et reports, le procès d’Amadou Haya Sanogo et de ses co-accusés dans l’affaire dite des bérets rouges avait été ouvert le 30 novembre dernier à travers une session spéciale de la Cour d’Assises de la Cour d’Appel de Bamako en transport à Sikasso.
Après des suspensions répétitives de l’audience, l’affaire a finalement été renvoyée à la prochaine session de la Cour d’Assises par le président de la Cour d’Assises sur demande des avocats qui ont demandé une nouvelle expertise sur certains corps.
Dans un communiqué après le renvoi de l’affaire, le Procureur Général près la Cour d’Appel s’est réjoui d’une part de la teneur de la décision de la Cour rejetant l’ensemble des exceptions soulevées par les avocats chargés de la défense des accusés et d’autre part, a pris acte de la décision de cette Cour désignant un expert pour procéder à l'expertise des restes humains trouvés le 4 décembre 2013 au charnier de Diago près de Kati.
Nous avons pu avoir les confidences d’un magistrat de haut niveau ayant servi dans les hautes sphères de l’administration judiciaire dans cette affaire. Parlant sous le sceau de l’anonymat, il dira que tout porte à croire que l’Etat n’est pas animé de bonne foi pour juger cette affaire à fond. Car selon lui, des têtes risqueront de tomber vu les niveaux d’implication.
A en croire notre source, les autorités cherchent juste à montrer à la communauté internationale qu’elles sont animées de bonne foi pour juger cette affaire en ouvrant ainsi le procès. Pour lui, il s’agit aussi de se mettre dans les règles du code de procédure pénale sur le délai de détention des accusés qui sont en prison depuis plus de 3 ans sans jugement.
Parlant de la nouvelle expertise demandée par la Cour, notre source indique que cette expertise n’a pas sa raison d’être au motif que tous les éléments de preuves sont déjà réunis. « J’étais sur place lorsqu’on faisait l’exhumation des corps des victimes à Diago. Une des victimes, avec les yeux bandés, avait même sa carte d’identité intacte dans sa poche », a-t-il confié.
Modibo Dolo