BAMAKO - Un mouvement d’Arabes maliens créé en mars 2012 a affirmé avoir attaqué tôt samedi près de Tessalit (extrême nord-est du Mali) des rebelles touareg en représailles à des violences contre des Arabes dans la zone, alors que la rébellion touareg parle d’une attaque de jihadistes.
"Nous avons attaqué In-Khalil à 04H00 (locales et GMT) ce matin et avons pris le contrôle de la localité. Des combats sont en cours actuellement aux alentours de In-Khalil" contre le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA, rébellion touareg), a indiqué dans un message à l’AFP Boubacar Taleb, un des responsables du Mouvement arabe de l’Azawad (MAA).
In-Khalil est proche de Tessalit, elle-même située à environ 170 km au nord de Kidal.
Les forces françaises avaient repris fin janvier le contrôle de l’aéroport de Kidal avec quelque 1.800 soldats tchadiens sécurisant la ville, contrôlée depuis peu par des islamistes se disant "modérés" et le MNLA qui y refuse la présence de soldats maliens mais assure collaborer avec la France.
Selon M. Taleb, des Arabes ayant fui la ville de Tombouctou (plus au sud-ouest) pour éviter d’être pris pour des "terroristes", se sont retranchés à In-Khalil avec leurs biens.
"Depuis l’arrivée des forces armées française à Kidal avec le MNLA, ces Arabes ont été pris en otage par un groupe se disant du MNLA (...). Ces gens ont saisi tous les véhicules des Arabes qui circulent dans la zone, puis ils ont vidé les commerces et en dernier lieu ils ont violé les femmes", a affirmé dans son message Boubacar Taleb, les qualifiant de "groupe de bandits".
Après avoir tenté, en vain, de résoudre ces problèmes à l’amiable, le MAA a décidé d’attaquer le MNLA à In-Khalil, a-t-il dit, assurant que son organisation "est prête à collaborer avec la France contre le terrorisme, le narco-trafic ainsi que le crime organisé".
"Nous sommes prêts à prouver au monde entier que les Arabes de l’Azawad ne sont pas des terroristes et ne cautionnent pas le terrorisme", a-t-il conclu.
Joint par téléphone, il a précisé être à In-Khalil, où les affrontements se poursuivaient samedi après-midi mais avaient "baissé d’intensité".
Egalement contacté par téléphone dans la localité, Mohamed Ould Ramedane, un autre responsable du MAA, a indiqué que ce mouvement, "créé le 12 mars 2012", "réclame une large autonomie pour le nord du Mali".
Plus tôt samedi, Mohamed Ibrahim Ag Assaleh, responsable du MNLA basé à Ouagadougou, avait annoncé à l’AFP des combats entre les rebelles touareg et des "groupes terroristes" menés "par Omar Ould Hamaha", du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), un des groupes islamistes ayant occupé le nord du Mali en 2012.
Samedi après-midi, il a assuré à l’AFP que le MNLA avait repoussé les assaillants d’In-Khalil.
"Nos forces ont repoussé les jihadistes à 10 km plus loin au nord-ouest d’In-Khalil. (...) Au lieu où ils étaient stationnés, nos forces ont trouvé trois corps de jihadistes et un véhicule incendié", a déclaré M. Ag Assaleh, ajoutant: "De notre côté, Dieu merci, il n’y a pas eu de victimes".