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Décès du professeur Bakary Kamian: L’hommage de la nation
Publié le jeudi 15 decembre 2016  |  L’Essor
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Décédé la semaine dernière à l’âge de 88 ans en Tunisie, le professeur Bakari Kamian a été accompagné hier en sa dernière demeure au cimetière de Niaréla. Auparavant, le célèbre historien et non moins écrivain de mérite établi a reçu les hommages de la Nation lors d’une cérémonie présidée par le président de la République Ibrahim Boubacar Kéïta, sur le terrain de football de Korofina.
C’était en présence du Premier ministre, Modibo Kéïta, de l’ancien président de la République par intérim, le Pr Dioncounda Traoré, des chefs des Institutions de la République. Etaient aussi présents les membres du gouvernement, les anciens Premiers ministres du Mali, l’Archevêque de Bamako, Jean Zerbo, les représentants du corps diplomatique les parents, amis, collaborateurs du défunt et une foule nombreuse d’anonymes.

Rappelons que Pr Bakary Kamian avait été élevé en septembre dernier par le chef de l’Etat à la dignité de Grand officier de l’Ordre national du Mali, la plus haute distinction du pays.

Le professeur d’histoire et l’agrégé de géographie, de Paris Sorbonne, Bakary Kamian, s’en est allé, dimanche 11 décembre 2016, pour l’éternité, des suites d’une maladie dans un hôpital tunisien. Mais en réalité, le doyen et très cher ami restera présent parmi nous, aussi bien dans nos mémoires individuelles et collectives que dans les bibliothèques, partout dans le monde, à travers ses nombreuses publications et ce qu’il nous a légué comme comportement, notamment la préservation des valeurs sociétales positives.

Constamment en boubou traditionnel, trois pièces, bleu ou blanc, coiffé d’un bonnet noir ou blanc, des fois rouge, d’une démarche rapide et chancelante à la fois, le Pr. Kamian, pétri de nos us et coutumes, accueillait ses interlocuteurs, ses amis, ses parents de la manière la plus courtoise et amicale conformément à la tradition.

Associant parenté à plaisanterie et rigueur, avec un rire et un sourire rassurant, Kamian était le premier, après une boutade ou un proverbe, à entraîner son interlocuteur, aisément et parfaitement, dans un échange qui n’entrave pas d’emblée l’objet de sa requête.

Homme de savoir et du savoir-faire, il rappelait, toujours et pertinemment, les dures épreuves de l’occupation coloniale et les combats menés par les Noirs, tant subalternes qu’intellectuels, pour obtenir leur liberté et son corollaire, le droit de vivre. A titre d’illustration, le Pr. rappelait les péripéties du combat acharné de Samory Touré qui, disait-il, « a fatigué les Blancs ». « Quand on le cherchait au nord, il se retrouvait au sud. Quand on le cherchait à l’ouest, il était à l’est, utilisant des stratégies inimaginables à l’époque et des réseaux d’informateurs bien fournis » aimait-il à rappeler.

Kamian rappelait aussi le travail forcé dont les conséquences ont été néfastes pour les Noirs en Afrique, particulièrement au Soudan. « La construction du palais de Koulouba et la route d’accès qui y mène n’ont pas été faciles et beaucoup de Noirs ont perdu la vie dans l’extraction de la pierre provenant de la montagne de Koulouba et du Point G. En montant à Koulouba, après la bifurcation à gauche de la vue de Koulouba, se trouve une fosse commune et on en parle pas », soulignait-t-il.

Homme de grandes valeurs intellectuelles, il cherchait et recherchait à travers les documents, l’oralité. Et le courage dont il faisait montre, nuit et jour, lui a permis d’aboutir à des résultats tangibles qu’il a toujours partagés, à travers de nombreuses publications.

D’une humilité de gens de bonne famille et d’éducation ainsi que d’un commerce agréable, Kamian était toujours dans les meilleures dispositions pour encourager ses interlocuteurs au travail bien fait qui, à coup sûr, « paye et assure la satisfaction morale, intellectuelle et l’équilibre de l’être humain ». A cet effet, il rappelait la malice et l’endurance par lesquelles le margouillat se procurait du miel dans la ruche où il recevait des piqûres violentes des abeilles, quant on évoquait son plaisir. « Je mange le miel mais avec beaucoup de larmes », rétorque le margouillat, selon le Pr. Kamian pour qui, le gain sans peine ne profite jamais.

D’une piété et d’un calme olympien, Professeur, attribuait tout ce qui arrivait au Tout Puissant. « Dieu en a voulu ainsi et c’est ainsi » avançait-il, en toutes circonstances heureuses comme malheureuses. C’est en ces termes qu’il s’exprima au décès de son épouse qu’il considérait comme sa sœur (Paix à son âme).

Nommé en 2006, président du Comité d’organisation du centenaire du palais de Koulouba et de l’Hôpital du Point G, une année plus tard, le Pr. Kamian a émerveillé par son courage et ses écrits tant l’organisation a été à la hauteur des attentes et à la satisfaction générale.

A la cérémonie de clôture du centenaire de l’Hôpital du Point G, présidée par l’ancien président Amadou Toumani Touré (ATT), Kamian a fait exploser l’auditoire de joie, y compris le Président en disant : « Je souhaiterai vivement que l’on se rencontre ici pour fêter ensemble le second centenaire de l’Hôpital du Point G ». Son légendaire trait d’humour a été accueilli par un tonnerre d’applaudissements du public qui connaît l’homme, présent à toutes les cérémonies sociales de son voisinage et de ses connaissances. A titre d’illustration, il s’est déplacé en voiture, avec son chauffeur, pour aller présenter, personnellement, ses condoléances à la famille de Joseph Ki-Zerbo, à Ouagadougou, au décès de ce dernier, car disait-il, « il (Zerbo) était bien et était un intellectuel engagé pour sa patrie et pour le continent africain ».

Né en 1928 à San, dans la Région de Ségou, Bakary Kamian a été, entre 1959 et 1963, professeur, censeur et proviseur au Lycée Askia Mohamed puis professeur et Directeur général de l’Ecole normale supérieure (ENSUP) pour devenir ensuite Secrétaire général du Conseil national de la recherche scientifique et technique à la Présidence de la République de 1967 à 1968.

Il entamera, par la suite, une carrière internationale qui l’a conduit au Secrétariat de l’UNESCO à Paris, entre 1968 et 1971, avant qu’il ne devienne directeur du Bureau régional de l’UNESCO pour l’éducation de 1972 à 1979.

Sur le plan scientifique, Pr Kamian est l’auteur de plusieurs ouvrages en géographie, en histoire, en éducation, en culture et en communication parmi lesquels « San et ses environs, étude de géographie urbaine-1957 » , « Djenné et Tombouctou, Paris-Bamako-2000 », « Des tranchées de Verdun à l’Eglise Saint-Bernard, 80 000 combattants maliens au secours de la France, Karthala, Paris-2001 » et la pénétration et la conquête françaises dans la boucle du Niger et les pays de la Volta.

Pr Kamian, dont le parcours, à lui seul, est une leçon et un exemple pour la jeune génération, a obtenu de nombreuses distinctions dont, entre autres, celles de Commandeur de l’Ordre national du Mali, Commandeur de l’Ordre national du Lion du Sénégal, Commandeur de l’Ordre national de la République de Guinée-Conakry, Commandeur de l’Ordre national du Mérite de la République française et Membre d’Honneur de la Société de géographie de France.

Le grand professeur s’en est allé pour l’éternité mais restera éternellement dans les mémoires et les souvenirs, dans les lieux de cultes et les hauts lieux du savoir, en tant qu’intellectuel, patriote, gardien des valeurs sociales et symbole de la grandeur et de l’humilité.
Dors en Paix Professeur Kamian ! Et merci pour le partage du savoir et de la connaissance.
Kader MAIGA
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L’Essor N° 17187 du 17/5/2012

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