Il y a une semaine jour pour jour, en parlant des surprises de l’année 2016, nous notions entre autre : « Le grand buzz vient indiscutablement de l’organisation atypique et transparente de l’élection présidentielle en Gambie et surtout de l’acceptation, en tout cas verbale, du résultat par le perdant.» (sic). En se déniant à peine une semaine après, Yahya Jammeh est redevenu lui-même.
Connaissant l’homme et ses frasques légendaires, on n’a pas besoin d’être psychanalyste pour se poser au moins trois questions. La première est indubitablement : « Pourquoi, Yahya Jammeh a-t-il arboré le costume d’un démocrate? » La deuxième : « En organisant les élections de façon transparente, Yahya Jammeh avait-il prévu, l’éventualité d’une défaite ? » Et, enfin: « Yahya Jammeh en se reniant et en demandant le retour aux urnes, a-t-il réellement cerné les conséquences de ses actes ? »
La réponse à la première question est aisée. En effet, même bancal, le mode de gestion démocratique est aujourd’hui un passage obligé pour les petits pays. Afficher un costume de démocrate permet aux dirigeants de nos pays de pouvoir percevoir, de la part des pays riches, des perfusions nécessaires à nos économies, le plus souvent dépendantes d’exportation d’une ou de deux matières premières.
Etre démocrate, pour un pays comme la Gambie dont l’essentiel des sources extérieures de revenu est le tourisme, c’est attirer plus de visiteurs. Des élections, transparentes et crédibles constituant un chaînon de la démocratie, quoi de plus normal que l’autocrate Yahya Jammeh les organise, pour labéliser son régime. Et ce, d’autant plus qu’il n’avait aucun doute de leur issue favorable. Car, depuis bientôt un quart de siècle, ne règne t-il pas en véritable potentat sur ce morceau du Sénégal appelé Gambie ? Et par ailleurs, vivant dans une bulle, son entourage de flagorneurs de tous acabits, de marabouts, autres sorciers et mages, ne l’a-t-il rassuré de sa victoire écrasante ?
Pour lui, les élections, « ses élections », constituaient une espèce de chausse-trappe pour cette opposition qu’il méprise et qu’il destine uniquement à lui donner une légitimité. Les organes auxquels il a confié les élections ont joué franc-jeu, peut-être même avec zèle, en pensant lui faire plaisir. Et, surprise Jammeh a été recalé !
Les résultats ont certainement tétanisé le dictateur, mais il a préféré jouer l’apaisement en reconnaissant la victoire de son challenger, Adama Barrow en le félicitant dans un show médiatique à l’américaine. C’était pour gagner du temps. Sans doute rasséréné par son entourage de laudateurs et son armée, constituée essentiellement de militaires de son ethnie, les diolas, la volte-face, indique qu’il a recouvré sa vraie nature.
N’est-ce pas trop tard ? Tout laisse croire qu’il est déphasé et donc incapable d’envisager toutes les conséquences de sa nouvelle posture. Il s’est empalé dans la chausse-trappe qu’il a lui-même érigée. Pour Yahya Jammeh, c’est sans doute, le début de fin de règne.