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Procès Amadou Haya Sanogo et 16 autres : Voilà pourquoi la défense a demandé le renvoi
Publié le jeudi 15 decembre 2016  |  Delta News
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« Les avocats de la défense ont demandé le renvoi de cette affaire, parce que conscients des dangers que court le procès en particulier et le Mali en général », dixit maître Harouna Touréh, un des avocats de Sanogo.





Après le renvoi du dossier ministère public contre Amadou Haya Sanogo et 16 autres par la Cour d’assises de Bamako en transport à Sissoko, nous avons approché Me Harouna Touréh, un des avocats de la défense. Il nous donne les raisons du renvoi.

Me Harouna Touréh estime que ce renvoi était nécessaire pour la bonne conduite du procès mais aussi surtout pour la stabilité du pays.

Il dit que ce renvoi est un début de satisfaction pour lui et les autres avocats de la défense. Car, dit-il, ils ont soulevé beaucoup d’exceptions et formulé des demandes, et que la Cour a estimé devoir retenir la demande de renvoi liée au caractère non contradictoire des expertises et même irrespectueux des règles de procédure pénale.

Me Toureh ajoute que la défense s’attendait à ce que la Cour se déclare incompétente en ce qui la concerne, au motif que leurs clients sont des militaires, les faits qui leurs sont reprochés se sont passés entre militaires, et dans des lieux connus pour être publics aux militaires. Il a rappelé que la demande a formulé des demandes de liberté provisoire, qui n’ont malheureusement pas été accordées par la Cour. Cependant, la défense compte saisir la chambre d’accusation sur ces demandes, dira t- il.

Pour maître Toureh, en parvenant à faire renvoyer le procès, les avocats de la défense ont réussi à faire baisser les tensions, même si cet aspect n’est pas juridique. Il dira que le pays est confronté à de graves difficultés sécuritaires et sociales ; tenir un procès du genre dans des conditions que tout le monde connait, et surtout un procès qui s’adresse à une partie importante de notre pays qu’est l’armée, c’est de ne pas connaitre l’état de difficultés institutionnelles dans lequel vit le Mali. Le renvoi, au lieu de cristalliser les haines, les rejets, va permettre d’adoucir un tout petit peu les mœurs, peut-être même la psychologie et les sentiments des uns et des autres, a- t- il confié.

« Nous comptons sur cet espoir de réconciliation, de retrouvailles au niveau de l’armée, pour que la tension baisse partout. Vous avez vu dans la salle qu’il y’avait plus de porteurs d’uniforme militaire que de civils. Les gens n’ont pas vu que les hommes de tenue qui étaient là n’étaient pas hostiles aux accusés, nos clients. Ils arrivaient à se côtoyer, à se rendre des hommages militaires suivant leurs grades. On a vu des gestes de soutien ça par là à leur endroit, de la part de la société civile mais également des militaires présents dans la salle. Cela prouve que ce procès est celui de l’armée. Ils ont compris qu’il s’agissait de leur procès et qu’ils se retrouvent entre eux », a ajouté Me Toureh.

Au niveau de la procédure, il estime que les avocats de la défense ont déploré le fait que des témoins importants n’ont pas été régulièrement convoqués et qu’ils se soient abstenus de venir à cette audience. Pour lui, cela est un signe d’irrespect pour la loi de la part d’officiers supérieurs; mais en même temps qu’il peut provoquer la division au sein de notre armée.

Me Toureh continue : « Conduire à la barre des chefs d’état-major des armées, le chef d’état-major particulier du chef de l’Etat, cela comporte le risque de voir des choses réservées à une certaine élite de notre armée devenir public. Rien que pour cela, le renvoi était salutaire pour la stabilité du pays… même si le procès devait se tenir dans les mois à venir, on fera en sorte que nos officiers, et sous-officiers ne puissent pas être l’objet d’humiliation ou avoir ce sentiment d’avoir été abandonnés par la nation.».

Il a rappelé que les accusés, les généraux Yamoussa Camara, Dahirou Dembélé, Amadou Haya Sanogo ont tous servi au nord ; et que beaucoup d’entre eux ont eu à bénéficier du respect de leurs compagnons sur le terrain, et même du respect de la République dans certaines circonstances. Il pense que venir les présenter comme de vulgaires criminels à la barre, c’est faire montre de manque de respect de cette institution suprême qu’est l’armée malienne.

En conclusion, notre interlocuteur dit : « Si nous voulons que cette république survive dans l’unité que nous souhaitons, il faut que cette armée ne puisse plus être l’objet d‘humiliation, de frustration ou de confrontation interne ; que des politiciens arrêtent de jouer avec l’armée car ils jouent avec le feu. Dieu nous a sauvés car si le juge d’instruction avait poursuivi son entreprise, en continuant à décerner des mandats, il aurait au moins une centaine d’officiers et des sous-officiers en prison. Il aurait du coup contribué à décapiter l’armée malienne, donc à l’épurer ».



Nous estimons que la déclaration de maître Toureh n’engage que lui-même. C’est dans son rôle d’avocat. Mais, a-t-il pensé aux victimes et à leurs familles ? Les militaires devraient-ils prendre en otage la justice ? Ce sont là des questions que nous aurions bien voulu lui poser mais qui sont restées pendantes.

Bandiougou BOUARE

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