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Cadavres et lambeaux de chair: spectacle gratuit à la mairie de Gao
Publié le samedi 23 fevrier 2013  |  AFP


© Reuters par Joe Penney
Les forces françaises et maliennes ont repris lundi matin le contrôle des villes de Diabali et de Douentza
Militaires français près d"un pick-up détruit, à Diabali. Les forces françaises et maliennes ont repris lundi matin le contrôle des villes de Diabali et de Douentza, dans le centre du Mali, d"où les combattants islamistes ont disparu. /Photo prise le 21 janvier 2013


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GAO (Mali), Samedi après-midi, c’est spectacle gratuit
à la mairie de Gao, dans le nord du Mali: des centaines de personnes se
pressent dans les jardins municipaux, téléphone mobile en main, pour
immortaliser les cadavres et lambeaux de chair de sept islamistes tués lors de
récents combats.
Les corps, qui sont là depuis 48 heures pour certains, sont déjà en voie de
décomposition.
"L’application de la charia, c’est la route du bonneheure (sic)", proclame
une immense pancarte plantée devant la mairie par les islamistes, au temps où
ils contrôlaient cette ville à près de 1.200 km au nord-est de Bamako.
Au pied du perron de la mairie, la tête arrachée du corps d’un kamikaze
traîne sur le sable, telle un ballon de football abandonné. A quinze mètres,
sa jambe gît à côté de deux corps, vraisemblablement tués par l’explosion de
leur camarade.
Le clou du "spectacle" est ici, comme en témoignent les crépitements des
appareils photo. Malgré l’odeur déjà forte dans la fournaise de l’après-midi,
hommes, femmes et enfants veulent tout voir, surtout depuis que quelqu’un a
signalé la présence d’une grenade défensive affleurant le sable.
Malgré le risque d’explosion, rien ne peut leur faire peur aujourd’hui. "On
veut les voir, on veut les voir morts", répètent-ils tous, pour expliquer leur
présence.
Interrogée par une journaliste de l’AFP sur l’absence de bouclage de la
zone, un jeune soldat s’étonne: "Quand il y avait les gens d’Al-Qaïda ici,
c’était bien pire, il y avait beaucoup plus de morts. Les gens ont pris
l’habitude".
"Tellement contents de voir ça"
Non, il ne croit pas que ça peut "traumatiser" les jeunes enfants. "Ils ont
l’habitude, répète-t-il. Ils sont curieux, c’est normal. C’est un peu un
spectacle".
Quinquagénaire élégant, Alassane Maïga avoue être venu "par curiosité". "On
est tellement contents de voir ça", dit-il. "On voudrait que François Hollande
(président français) vienne à Gao pour qu’on puisse le féliciter!"
Comme les autres badauds, M. Maïga finit par être chassé du jardin
municipal par des soldats touareg, appelés par des journalistes pour
neutraliser la grenade qui, finalement, s’avèrera déjà explosée.
Selon un bilan officiel de l’état-major de l’armée française, les combats
de jeudi ont fait 15 à 20 morts côté islamistes, quatre blessés côté malien et
deux chez les Français.
La nuit précédente, une cinquantaine d’éléments du Mouvement pour l’unicité
et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) avaient réussi à s’infiltrer dans la
mairie et le Palais de justice de Gao.
Pendant toute la journée de jeudi, soldats et gendarmes maliens ont tenté
de les en déloger à coups de lance-roquettes et mitrailleuse lourde, avant
d’appeler en renfort la force française.
C’est seulement vendredi matin que le dernier islamiste a été tué par les
soldats maliens, a constaté l’AFP.
alc/cs/hba

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