La Commission d'enquête parlementaire a livré hier ses premières conclusions sur les événements de mai 2014 à Kidal. Lors de la visite du Premier ministre une cinquantaine de militaires maliens et 6 administrateurs civils avaient trouvé la mort suite à des affrontements entre les groupes armés de la CMA et l'armée. La commission ad-hoc recommande des poursuites contre l'ancien Premier ministre, Moussa Mara, et le chef d'Etat-major de l'armée à l'époque , le général Mahamane Touré. En revanche, la Commission dit n'avoir pas réuni de preuves irréfutables contre l'ancien ministre de la défense, Soumeylou Boubeye Maïga.
C'est une Commission ad-hoc de 15 membres qui était chargée de mener l'enquête parlementaire sur les responsabilités dans les événements du 17 au 21 mai 2014 à Kidal. La visite de l'ancien Premier ministre, Moussa Mara, dans la localité avait dégénéré. Les affrontements entre l'armée malienne et les groupes rebelles avaient provoqué la mort de 50 militaires et de 6 administrateurs civils, selon un bilan officiel.
La Commission était chargée de « situer les responsabilités » dans ces événements. Dans ses conclusions, elle requiert des poursuites judiciaires contre l'ancien Premier ministre et le chef d'Eta-major de l'armée d'alors. En revanche, la Commission parlementaire dit n'avoir pas de preuves suffisantes pour mettre en cause le ministre de la défense de l'époque , Soumeylou Boubeye Maïga.
A ce stade , l'Assemblée nationale va devoir rédiger une Résolution de mise en accusation dans les prochains jours. Cette résolution sera ensuite débattue en plénière. Si elle est adoptée, le dossier d'instruction sera alors confié à la Haute Cour de Justice.
Les débats se poursuivent à l'Assemblée nationale sur une autre affaire. Celle-ci concerne d'éventuelles poursuites judiciaires contre l'ancien chef de l'Etat, Amadou Toumani Touré. Les députés doivent étudier la possibilité ou non de le poursuivre pour sa responsabilité dans l'occupation du Nord par les groupes armés.
L'ancien Premier ministre se dit " serein et imperturbable " sur la question de Kidal. Moussa Marra déclare se mettre à la disposition de la justice tout en préconisant que le processus poursuive son cours normal.
Moussa Marra, ancien Premier Ministre, joint par Issa Fakaba Sissoko :
« Il faut laisser le processus continuer tranquillement et que l'Assemblée prenne des décisions qui lui semblent appropriées et ensuite que le processus continue éventuellement sur le plan judiciaire. Tout ce qui se passe est tout à fait conforme à la démocratie et à nos textes. Donc laissons les choses évoluer ».
Les premières conclusions ne font pas cas forcément du ministre de la défense en son temps. Est-ce que vous craignez une politisation du dossier Kidal ?
« Vous savez, une action posée par le Premier ministre est une action forcément politique, et il y a une utilisation qui peut être considérée comme politique de l'affaire, voire même politicienne. Mais moi je dis encore une fois qu'il faut rester tout à fait serein et traiter les choses de manière très froide ».
En cas de poursuites judiciaires, vous êtes donc sereins ?
« Mais oui ! J'ai toujours dit que je suis un citoyen comme un autre. Et nous qui sommes les responsables publics, si nous, nous ne sommes pas prêts à faire face à la justice, je pense qu'on ne rendrai pas service à notre démocratie et à notre pays ».
Il y-a-t-il des choses qu'on tente de cacher dans l'affaire Kidal ?
Non...mais... Il ne faut pas du tout ouvrir le dossier ou tenter d'y pénétrer de manière indirecte ou de manière contournée".