Malgré le renforcement du dispositif de contrôle, les jihadistes sont parvenus encore, avec une facilité déconcertante, à s’infiltrer à Gao pour affronter les militaires. Mais que se passe-t-il à Gao ? La question taraude l’esprit de plus d’un Malien. Les compatriotes sont aujourd’hui interloqués par la résistance et les attaques des jihadistes dans la Cité des Askias contrairement à Tombouctou. Après les attaques kamikazes des 8 et 9 et les affrontements du 10 février dernier au commissariat central, la région de Gao, a été hier le théâtre de violents affrontements mortels entre terroristes et les militaires maliens appuyés par les soldats français... Les jihadistes seraient entrés dans la ville dans la nuit du mercredi, qui par le fleuve via les pinasses, qui par la route de Bourem à des dizaines de kilomètres de Gao. Ce malgré les dispositions prises par les forces de défense après les combats du 10 février.
Complicités locales...
En tout cas, cette deuxième attaque a choqué beaucoup de Maliens qui commencent à émettre des doutes sur la sincérité de la collaboration des habitants de la région. Toute coopération, pensent-ils, indispensable dans la réussite de la traque des islamistes. Les plus virulents poussent la critique jusqu’à évoquer une possible complicité entre les jihadistes et les populations locales. « Sans la coopération des habitants de Gao, les efforts des militaires seront vains. On a vécu la même situation en Afghanistan où la collusion entre population et combattants terroristes a donné du fil à retordre à leurs adversaires », tranche Mamadou Mariko déçu par les affrontements d’hier ayant mis à sac des édifices publics.
Et Adama Touré d’embrayer : « je suis d’autant plus convaincu du manque de coopération de certains habitants de Gao que lors de la chute de la région, ce sont des gens de Gao qui ont indiqué la localisation des militaires maliens jusque dans les familles. Ils doivent prendre l’exemple sur Tombouctou qui doit sa situation paisible à la franche collaboration de ses habitants ». Sans accabler la population, explique un sous-officier supérieur de l’armée malienne, les militaires ne sauraient gagner à eux seuls la partie sans un soutien plus appuyé de ceux-là qu’ils sont censés sécuriser.
La thèse du manque de collaboration est battue en brèche par des habitants de Gao qui estiment être victimes d’un mauvais procès. Mamadou Maïga est l’un d’entre eux. Il pointe plutôt un doigt accusateur à la stratégie des militaires sur le terrain qui, selon lui, ont préféré rester dans la ville de Gao au lieu d’aller traquer les islamistes retranchés aux alentours de la région. A ceux qui doutent de la bonne foi des ‘’Gaois’’,M.Maïga rappelle que ce sont seuls les jeunes de sa région qui ont osé affrontés islamistes. « On a assez souffert des agissements des assaillants. Qu’on n’en rajoute pas à nos souffrances. "De Grâce ! Epargnez-nous !", fulmine-t-il