Depuis le 29 janvier 2016, le monde de la presse est sans nouvelle de Birama Touré, un journaliste qui écrivait dans les colonnes du très respecté journal « Le Sphinx » dirigé par le très sérieux Adama Dramé. Une sorte de deuil forcé…
Les enquêtes menées jusque -là pour le retrouver se sont révélées infructueuses. Présidence de la république, primature, gouvernement, services secrets, nul ne s’est ensuite sérieusement intéressé à ce dossier accablant. Lors de l’arrestation du journaliste Boukary Daou Directeur du très respecté « Le Républicain », quotidien d’information générale, le monde la presse a écrasé le plan machiavélique de certains avant d’obtenir solidairement sa libération au prix d’un tolet généralisé. Pour le cas en présence, et au vu de certaines informations, la presse a péché par mobilisation. Au finish, les chances de retrouver le journaliste Birama Touré en vie sauf indication contraire, s’amenuisent. Inexorablement. Il faut donc sortir de ce silence coupable suicidaire.
On se rappelle que Monsieur le Procureur de la République, près le Tribunal de Grande Instance en Commune IV du District de Bamako, est intervenu pour diriger l’enquête qu’il a confiée au Commissariat du 9ème arrondissement à Sébénicoro. Sur la base d’informations qui leur sont parvenues et relativement à l’enquête, le commissariat du 9ème arrondissement, en liaison avec celui du 3ème arrondissement et la Brigade d’Investigations Judiciaires (BIJ) a mené une opération ponctuelle à Kati, en liaison coordination avec le parquet de cette ville ainsi que les services de police. Puis, des pistes ont été abandonnées... Malheureusement.
C’est dans le but de faire évoluer l’enquête et d’intensifier les actes permettant de retrouver toutes informations concernant la disparition de Birama TOURE que les autorités ont été saisies. Monsieur le Procureur général, près la Cour d’appel de Bamako, a, sur instructions précises, décidé de confier l’enquête à la direction générale de la gendarmerie nationale. Le service d’investigations judiciaires du Camp 1 de la gendarmerie nationale a été désigné pour mener l’enquête sous la direction de Monsieur le Procureur général, près la Cour d’appel de Bamako.
Chacun sait que le service d’investigations judiciaires est une structure qui a une compétence nationale couvrant l’ensemble du territoire, lui permettant d’agir plus efficacement. Le SIJ a, déjà, désigné en son sein une importante équipe, composée d’enquêteurs d’origines et de spécialités diverses.
L’équipe d’enquêteurs a reçu la mission de conduire l’enquête et d’investir les bases et initiatives nouvelles qui devront permettre d’élargir le champ de l’enquête et des investigations, d’entendre et d’auditionner toutes sources possibles de renseigner ou susceptibles de guider l’équipe d’enquêteurs, de diffuser les portraits du journaliste disparu sur le territoire national… au besoin, à l’extérieur.
Aussi, dans le but de renseigner plus régulièrement sur cette affaire, il est convenu de faire un point régulier pour informer quant à l’évolution de l’enquête avec l’équipe désignée. Ce travail se fait-il encore ? L’enquête a-t-elle prouvé ses limites Monsieur Mamadou Ismaila KONATE, Vous qui suiviez cette affaire ?
Birama Touré, quinquagénaire, était, jusqu’à sa disparition, reporter à l’hebdomadaire privé « Le Sphinx » où il y travaillait et s’occupait des préparatifs de son mariage, selon sa famille, qui assure n’avoir reçu aucune nouvelle de lui depuis le 29 janvier.
« Je ne veux exclure aucune hypothèse » avait déclaré le directeur du Sphinx Adama Dramé. Alors que Dramane Aliou Koné, président de la Maison de la presse, confiait à des journalistes qu’il a personnellement approché « différentes autorités maliennes pour rechercher le journaliste porté disparu », citant entre autres le Premier ministre, le ministre de la Communication et les services de renseignement. « Nous sommes en contact avec tout ce monde. Nous avons également sollicité un avocat. Tout le monde est mobilisé pour éclaircir cette affaire inquiétante. Une enquête a été ouverte », on se remémore, avait-il déclaré.
Birama Touré a- t- il été lâchement assassiné ?
Ce questionnement peut paraitre choquant. Il ne s’agit point pour nous de créer la panique, mais de mettre les enquêteurs sur une piste qui reste à découvrir : la mort probable d’un journaliste porté disparu presque un an, jour pour jour. Faut-il se taire sur cet aspect parce que Nous autres risquons la mort ? Qui n’a pas droit à la mort ? Faut-il craindre la mort parce qu’on doit mourir en publiant une information ? Absolument NON. Alors, vite mon linceul. Il faut susciter le débat. Voilà pourquoi Le Journal « Le Matinal » s’est intéressé à ce dossier rébarbatif sans faire de bruits.
Selon des informations, toutefois délivré au conditionnel mais jugée très sérieuse par notre source, le nommé Birama Touré aurait reçu « un appel téléphonique inconnu l’invitant à une rencontre en aparté ». Le journaliste accepte l’offre qui se termine par « un enlèvement ». C’est ainsi que notre confrère se serait retrouvé « à Sotuba dans une maison close d’un service réputé au Mali pour sa dangerosité ». Notre interlocuteur, très adroit dans l’information, est formel : « Birama a été enlevé et porté disparu sans preuve de vie ».
La raison d’une telle furie ? Lui « extorquer des informations » en le contraignant à passer aux aveux... Stoïquement, il aurait « tenu bon et refusé toute offre » en digne journaliste indépendant. Soumis, selon la même source « aux tortures », Monsieur Touré aura beaucoup souffert. Puisque qu’il n’a pas un physique imposant, chacun devra imaginer la suite… peut être « macabre »… Un vrai purgatoire non ?
On le soupçonnait de « détenir des informations sur des proches du régime et qu’il s’apprêterait à publier ». On le harcelait aussi s’il n’avait pas des articles, genre « IBK…CRATIE » ou sur des bras armés du pouvoir et du Prince du jour. Mais nos sources indiquent qu’IBK lui-même « n’est pas au courant d’une telle information ». Que si tel était le cas, il aurait maille à partir avec certaines personnalités dévouées à son pouvoir à l’origine de cette « disparition forcée » que notre source qualifie de « crime crapuleux ». Vu donc sous cet angle, le monde de la presse malienne « est en deuil » et il aura peu de chance de revoir ce reporter complet, sérieux, dur sur l’écrit parce qu’il détient la vérité.
En somme, le Mali est-il devenu un pays inhospitalier pour ses propres citoyens, une sorte de Res Publica bananière où règne la loi de la jungle et où un Homme est un loup pour un autre Homme ? Sommes- nous assujettis à la dure loi du plus fort où l’Epée de Damoclès reste suspendu sur notre tête lequel ne nous rate pas à sa chute ? IBK ne doit-il pas sortir ses griffes pour sanctionner les mauvais diables, ou des personnages genre James Bond afin de nous protéger contre des déprédateurs qui ont presque un droit de mort sur Nous ?
En avant pour la liberté de la presse pour que jaillisse la vérité. Oser dire la vérité, c’est oser vaincre, c’est acquérir un Droit supérieur. Tel est le credo du journal Le Matinal car pour Nous le meilleur tribunal pour un journaliste est sa conscience.
Issiaka Sidibé