Dans la pratique politique, il est des signes qui ne trompent pas. Ils sont clairement précurseurs de la survenue d’un évènement majeur dans un pays. En se rendant en visite quasi-officielle dans deux pays clés du Sahel, le Mali et le Niger, pour rencontrer les troupes françaises et les chefs de l’exécutif de ces deux pays, le candidat unique de la Droite française se met déjà dans la peau du futur Chef d’Etat français. Même si ce genre de déplacement peut être considéré par certains comme simplement symbolique pour un candidat sérieux à la présidentielle française, en tout état de cause, le choix de François Fillon pour le Sahel en dit long.
Il survient à un moment où, très affaibli par les sondages, le président sortant a renoncé à briguer un second mandat. Mais aussi et surtout parce que l’unique candidat de la Droite est quasiment l’homme qui incarne la seule alternative pour succéder à François Hollande. Notamment, à cause de l’importance des divisions dans la famille politique de la Gauche qui n’arrive pas à présenter une candidature unique. C’est d’ailleurs une tradition en France que la politique étrangère et les opérations militaires à l’extérieur qui sont des prérogatives présidentielles, respectent scrupuleusement la continuité de l’Etat. Les présidents, qu’ils soient de gauche ou de droite, ont pratiquement la même approche. Même si l’on peut souvent noter quelques nuances.
Alors, le probable futur président qu’il est, ne peut rester indifférent au sort des milliers de soldats français déployés au Sahel. D’où la nécessité de se mettre dans la peau du Commandant en Chef de l’armée française. Pour les rencontrer mais aussi rassurer les autorités des pays d’accueil sur son futur programme militaire en Afrique. Des pays qui dépendent très largement de la présence militaire française dans la lutte antiterroriste. A la suite de cette visite, le Mali et le Niger doivent-ils s’attendre à connaître des changements substantiels dans la conduite de l’opération Barkhane ? En termes d’effectifs et de mandat ?
François Fillion a déjà fait savoir que, lorsqu’il sera aux affaires, la France s’engagerait en Afrique de façon mesurée et sur demande express des pays. C’est-à-dire, « ni indifférence, ni ingérence disproportionnée ». A-t-il officiellement fait savoir ce principe à ses hôtes sahéliens ? On a toutes les raisons de le croire à partir du moment où il est dit de sources autorisées, qu’il ne tarderait pas à retourner sur le continent noir. Probablement dès le mois de janvier.