Du dimanche 11 au lundi 12 décembre, 275 Maliens ont signé leur retour au terme d’un rapatriement forcé d’Algérie et de la Guinée Equatoriale. Depuis le début du mois de décembre, l’Algérie s’est livrée à la chasse à l’homme noir sur son territoire. Arrêtés par milliers, ils sont tous noirs du sud du Sahara dont la grande majorité est malienne. La représentation malienne en Algérie et le gouvernement n’ont pas condamné cette attitude des autorités algériennes.
Ce sont 266 Maliens qui sont arrivés à Bamako le dimanche 11 décembre 2016, chassés d’Algérie comme des malpropres. Beaucoup de ces Maliens ont été interpellés à leurs lieux de travail, d’autres sur le chemin de retour du boulot. À en croire ces rapatriés, le premier motif avancé par les autorités algériennes était de les vacciner. Ce qui explique la colère de certains, quand ils ont compris qu’ils étaient sur le point d’être expulsés.
Le consul du Mali à Tamanrasset et l’ambassadeur à Alger n’ont pas levé le petit doigt pour soutenir les Maliens en détresse. Selon Yacouba Doumbia, un rapatrié d’Algérie, «quand nous avons contacté l’ambassadeur du Mali à Alger, il nous a carrément dit qu’il n’avait pas le temps pour des ouvriers de chantiers ou autres travailleurs maliens sur le sol algérien. «Je me soucie plus des étudiants maliens», aurait répondu l’ambassadeur du Mali à Alger à ses compatriotes.
Les Maliens ont repris goût à la vie quand ils sont arrivés au Niger. «L’ambassadeur du Mali à Niamey a préparé du repas pour nous en nous mettant dans les conditions d’une vie normale. Elle nous a donné à chacun des 266 personnes la somme de 2500Fcfa pour que nous puissions acheter quelque chose à manger sur la route. Mais une fois arrivés à Bamako, les autorités ont fait comme si nous étions rentrés au pays dans des conditions normales», a déploré Yacouba Doumbia.
À ce lot, se sont ajoutés, dans la matinée du lundi, 9 autres Maliens rapatriés de la Guinée équatoriale sans motif. Parce que suivant les explications des éléments renvoyés au Mali, ils étaient en règle et n’avaient enfreint aucune loi de leur pays d’accueil. Comme ce fut le cas en Algérie, longtemps considérée amie du Mali, les Maliens ont été arrêtés et envoyés en prison sans motif. Les papiers qu’ils avaient obtenus des autorités équato-guinéennes leur ont été retirés.
Pendant ce temps, les mêmes forces de l’ordre établissaient les mêmes papiers pour d’autres nationalités étrangères. Pour Soumaïla Monou du cercle de Douentza, rapatrié de la Guinée Equatoriale, les autorités de ce pays ne respectent pas les papiers qu’ils délivrent aux migrants. «Nous sommes 9 personnes rapatriées avec les papiers que leurs autorités ont mis à notre disposition pour pouvoir rester et travailler dans leur pays.
Et maintenant, ils nous arrêtent, nous retirent nos papiers pour nous amener chez nous», a dénoncé Soumaïla Monou. Avant d’ajouter qu’il est plus facile de négocier avec les autorités équato-guinéennes que de faire intervenir les représentants de l’autorité malienne sur place. Parce que c’est le dernier de leur souci de sauver un compatriote des mains de quelqu’un d’autre.
Gabriel TIENOU