Le Yaaral n’a pas eu lieu cette année. Initialement prévue pour le 26 novembre, cette fête ancestrale qui célèbre la traversée du Niger par les troupeaux et leurs bergers et leur retour sur la rive droite du fleuve, une fois que la saison des pluies est passée, a été annulée au dernier moment. Trop risqué.
“Des bergers avaient reçu des menaces. Les jihadistes les avaient appelés sur leur propre téléphone pour leur dire de ne pas y participer. La plupart ont donc décidé de traverser plus tôt, sans dire quand, afin d’éviter les attaques”, explique le sociologue Bréma Ely Dicko, spécialiste de la zone.
Proclamé “chef d’œuvre du patrimoine culturel immatériel de l’humanité” par l’Unesco en 2005, classé au patrimoine culturel national depuis huit ans, ce rendez-vous, très prisé par les Peuls du Macina, a tout pour déplaire aux extrémistes religieux : on y danse, on y chante et les femmes s’y font belles.
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FRONTIERE MALI-BURKINA : Le discours des “gens de Koufa“ commence à gagner du terrain
Dans le Hayré et le Seeno, près de la frontière avec le Burkina, des sources locales affirment que le discours des “gens de Koufa” commence à gagner du terrain. “Ils viennent régulièrement prêcher dans les mosquées. Ils disent que le pouvoir de la Diina (une référence à l’Empire théocratique du Macina, Ndlr) va bientôt arriver, que tout ira mieux. Et ça plait à certains”, raconte un habitant de la zone de Mondoro.
Un discours d’autant plus séduisant que l’armée, là aussi, est présente à temps partiel. “Les soldats ont installé un petit camp peu avant les élections locales (du 20 novembre), raconte un habitant de Boulikessi. Puis ils sont repartis dès le lendemain de l’élection. Un jour après, les panneaux solaires qui avaient été installés dans le village pour fournir de l’électricité étaient volés par des bandits”.
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FRONTIERE MALI-BURKINA : Après 2 ans dans une prison à Bamako, un de Koufa s’installe dans la forêt de Djibo
Selon une source locale dans le Nord du Burkina, quelques dizaines d’hommes se réclamant du jihad auraient pris le maquis ces derniers mois. Ils se cacheraient dans une forêt difficile d’accès située près de Djibo, à cheval sur la frontière entre le Burkina et le Mali. Leur chef, un certain Ibrahim, serait un prêcheur connu de cette ville.
Proche de Koufa, Ibrahim avait été arrêté par les Français fin 2013 dans les environs de Tessalit. Il tentait de rejoindre les groupes jihadistes alors en pleine débandade. Après un séjour de deux ans dans les geôles de la DGSE à Bamako, il avait été libéré.