Macro-difficultés pour la micro-finance au Mali. Ces dernières années ont été douloureuses pour le Système financier décentralisé (SFD) à cause de nombreux problèmes liés à la gestion des entités fonctionnelles. La mauvaise gouvernance interne et le retrait de certains partenaires clés ont ainsi plombé les activités des structures de la micro-finance. Mais « le retour des clients, des sociétaires et des partenaires techniques et financiers (PTF) a permis l’amélioration des principaux indicateurs », constate Adama Camara, le président de l’Association professionnelle du système financier décentralisé (APSFD – Mali). Il s’exprimait ainsi lors de la cérémonie d’ouverture de la 19è assemblée générale de la micro-finance qui s’est tenue, hier jeudi, au Conseil national du patronat du Mali (CNPM), sous la présidence du secrétaire général du ministère de la Promotion de l’Investissement et du Secteur privé, Youssouf Maïga.
Comme pour saluer les « prouesses réalisées », le président de l’APSFD-Mali explique que cette reprise jugée timide a, par exemple, haussé le nombre de clients et membres qui est passé de 1 122 000 en 2014 à 1 598 428 en 2015. Adama Camara illustrera ensuite son constat avec plusieurs chiffres. L’encours de crédits, selon lui, a dépassé les 90 milliards de Fcfa, contre près de 68 milliards de Fcfa d’épargne mobilisée. « Les réalisations s’élèvent à 87 964 332 Fcfa sur une prévision de 128 183 416 de nos francs, soit un taux de 69% », s’est-il réjoui. Au niveau du fonctionnement, la réalisation a été de plus 50 millions de Fcfa, contre une prévision dépassant les 56 millions de Fcfa, soit un taux d’exécution de 91%. Et Adama Camara de préciser : « Sur ce montant, la part de l’APSFD s’élève à 18 865 000 Fcfa (37%), contre une contribution des partenaires stratégiques à hauteur de 32 075 956 Fcfa (63%) ».
Ces résultats communiqués, s’ils sont fiables et vérifiables, permettront de renforcer le taux de bancarisation dans notre pays, qui est jugé faible par les experts et autres observateurs. Le taux de bancarisation élargie (banques, micro-finance, poste) était de 30,3% en 2015, dont 20% pour le secteur de la micro-finance, selon les organisateurs citant la BCEAO comme source.
En plus de cette reprise timide qui augure de bonnes perspectives quant à l’avenir même du SFD, les professionnels de ce secteur trouvent que la confiance renouvelée des autorités est aussi source d’espoir. Cette confiance, note le président de l’APSFD, s’est traduite dans les actes avec l’adoption par le gouvernement de la Politique nationale de développement du secteur de la micro-finance et son plan d’action. A la création en cours d’un mécanisme de financement durable des systèmes financiers décentralisés, s’ajoute aussi la création du Fonds de garantie du secteur privé, a ajouté M. Camara en saluant toutes ces initiatives.
Malgré ces efforts, des défis et non des moindres, restent à relever pour le fonctionnement correct et l’assainissement durablement du secteur. Au nombre de ces défis, M. Camara a cité la signature des agréments, la mise en place des mécanismes pour améliorer la gouvernance, et une bonne gestion de l’épargne. Il a estimé que le SFD doit aussi relever le défi du refinancement du secteur, de la gestion des structures en difficultés et de l’exonération fiscale ou non mutualiste…
En procédant à l’ouverture des travaux, le secrétaire général du ministère de la Promotion de l’Investissement et du Secteur privé, Youssouf Maïga, a invité les acteurs du SFD au respect strict des lois et règlement en vigueur. Il les a ensuite exhortés à entreprendre des actions visant à l’amélioration de la gouvernance et de la qualité du portefeuille et à engager des mesures de diversification des produits et services.
M. Maïga a également encouragé les acteurs de la micro-finance à professionnaliser davantage leurs activités en renforçant les capacités et les compétences des ressources humaines. Pour lui, le respect de ces engagements redorera le blason du secteur, intensifiera l’adhésion des populations cibles et améliorera les dépôts de la clientèle. Avec « ce retour de confiance, l’accompagnement de l’Etat et des PTF ne fera pas défaut », a- t-il promis.
C. M. TRAORé